Paru dans les années cinquante, Niourk est l'une des œuvres les plus connues de S. Wul. C'est un court roman dont le héros est un enfant. Le style est facile d'accès : mots simples, phrases plutôt brèves, idées transparentes. Rien qui nécessite des interprétations sophistiquées ou une mémoire et une culture exceptionnelles : « Il se voyait arriver au village et jeter le feu des dieux vers le ciel noir, devant les chasseurs médusés ». Quant au titre, c'est une petite énigme que tous auront la joie de résoudre.
Dans un univers post-apocalyptique, une tribu nomade survit tant bien que mal. Un jour, l'enfant noir décide de suivre les traces du Vieux. Il arrive dans une cité en ruine et commence à s'interroger sur ce qu'il peut observer... A son retour, le clan a disparu, il va falloir le retrouver. Sa quête lui permettra de comprendre beaucoup de choses, c'est le moins qu'on puisse dire !
On ne peut s'empêcher de voir deux parties dans ce texte. La première est plutôt prévisible et sans grande originalité pour un lecteur du début du troisième millénaire. En effet, on a été accoutumé à accepter les enfants comme héros et l'univers bouleversé par un cataclysme n'est plus un thème rare ; il est même plutôt galvaudé. Il y a donc peu de surprises dans ce long début, mais il est agréable à parcourir, car ses effets sont bien rythmés et de gentilles émotions nous traversent au détour des pages.
La deuxième partie est courte et le rythme des révélations est littéralement échevelé ! En fait, bien que la science-fiction nous ait habitués aux idées les plus abracadabrantes, on a du mal à admettre une telle accumulation d'annonces inattendues ! Pourtant tous les amateurs se réjouiront d'un revirement imprévisible qui tire vers le space opera un livre par ailleurs bien sage.
C'est donc dans un climat d'effervescence, l'ivresse au cœur, que l'on referme ces pages. Si les lecteurs chevronnés risquent de résister aux charmes pourtant incontestables de cette belle histoire, les plus jeunes devraient facilement s'enthousiasmer pour le destin de cet enfant noir. Nul doute qu'il adoreront s'imaginer capables des mêmes prouesses, nul doute qu'ils rêveront de cette indépendance qui rend le héros si vulnérable, sur le chemin de sa transformation en un être exceptionnel. Vive le futur, vive la jeunesse et donc vive Niourk !