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(Paris, France), coll. Le Grand Temple de la S-F n° 5110 Dépôt légal : février 1990 Recueil de nouvelles, 352 pages, catégorie / prix : 6 ISBN : 2-266-02849-9 Genre : Science-Fiction
Le titre de ce livre est aussi celui d'une brève nouvelle qui a hissé d'un coup Richard Matheson au sommet de la gloire. Un enfant prend la parole. Au fil de ses confidences, nous devinons qu'il est anormal, mais il ne le sait pas. Il est menacé par le regard étonné des autres. Il n'a pas sa place dans ce monde incompréhensible où il ne trouve ni loi ni certitude. Peu à peu naît en lui le désir de faire mal. L'angoisse tourneà la haine. Et l'agression – le choc – — s'abat sur le lecteur, en quelques lignes très violentes. Alors vient la dernière étape. L'anomalie est vouée à disparaître. Il lui faut affronter l'extase effrayante qu'apporte le néant.
Plus tard le solitaire découvrira qu'il se bat contre des forces issues de son inconscient. Cultivant tour à tour la S.-F., le policier, le fantastique et l'insolite, Matheson multipliera les performances littéraires (un roman à un seul personnage !). Il mettra sa maîtrise des ambiances au service des cinéastes. Spielberg lui doit le scénario de Duel. Stephen King a reconnu qu'il lui doit presque tout. Il est l'inventeur de l'horreur moderne.
1 - Daniel RICHE, Itinéraires de l'angoisse, pages 9 à 32, préface 2 - Journal d'un monstre (Born of Man and Woman, 1950), pages 33 à 37, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 3 - La Chose (The Thing, 1951), pages 38 à 51, nouvelle, trad. Daniel RICHE 4 - Les Déséritiers (The Disinheritors, 1953), pages 52 à 65, nouvelle, trad. Daniel RICHE 5 - Paille humide (Wet Straw, 1953), pages 66 à 73, nouvelle, trad. Bruno MARTIN 6 - Le Dernier jour (The Last Day, 1953), pages 74 à 92, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 7 - Lazare n°II (Lazarus II, 1953), pages 93 à 106, nouvelle, trad. Daniel RICHE 8 - L'Homme qui a fait le monde (The Man who Made the World, 1954), pages 107 à 112, nouvelle, trad. Daniel RICHE 9 - Le Zoo (Being, 1954), pages 113 à 146, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 10 - Le Test (The Test, 1954), pages 147 à 169, nouvelle, trad. Roger DURAND 11 - Le Conquérant (The Conqueror, 1954), pages 170 à 190, nouvelle, trad. Daniel RICHE 12 - Funérailles (The Funeral, 1955), pages 191 à 200, nouvelle, trad. Paul HEBERT 13 - Moutons de Panurge (Lemmings, 1958), pages 201 à 203, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE 14 - Le Distributeur (The Distributor, 1958), pages 204 à 224, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 15 - Rien de tel qu'un vampire (No Such Thing as a Vampire, 1959), pages 225 à 235, nouvelle, trad. Nathalie DUDON 16 - Deadline (Deadline, 1959), pages 236 à 242, nouvelle, trad. Daniel RICHE 17 - Le Pays de l'ombre (From Shadowed Places, 1960), pages 243 à 266, nouvelle, trad. René LATHIÈRE 18 - Appuyez sur le bouton (Button, Button, 1970), pages 267 à 276, nouvelle, trad. René LATHIÈRE 19 - Bobby (Bobby, 1977), pages 277 à 325, nouvelle, trad. Daniel RICHE 20 - Ce que je crois (What I Believe, 1980), pages 326 à 330, article, trad. Nathalie DUDON 21 - QUARANTE-DEUX, Bibliographie des oeuvres de fiction de Richard Burton Matheson, pages 331 à 348, bibliographie
Richard Matheson n'est en apparence pas un grand écrivain au sens où on l'entend généralement : il n'a pas bouleversé les genres qu'il a illustrés, il n'a pas inventé de nouveaux procédés littéraires. Au contraire, sa démarche est celle des stylistes : économie, précision, finesse... Il n'invente pas une écriture révolutionnaire mais un art de l'efficacité. Ce qui ne veut pas dire un art de l'effet (aussitôt lu, aussitôt oublié) ; au contraire, ses textes étonnants laissent une empreinte indélébile, comme des restes de traumatisme qui refusent de s'effacer. Cette économie de moyens engendrant un impact maximum (mais durable) implique une grande délicatesse. C'est pour cela, je crois, que les réussites vraiment impressionnantes de Matheson se situent dans le registre fantastique, où il se livre à une fascinante manipulation du lecteur. Si la paranoïa avait besoin d'un poète moderne, ce ne serait pas un écrivain lyrique, inventeur de géniales métaphores, mais plutôt un bricoleur discret, attentif aux mécanismes de la réversibilité. Ce serait Matheson, car l'esthétique du complot et de l'angoisse passe par les formes les plus ordinaires. Le vrai poison, c'est le banal.