Etonnant auteur que Tim Powers qui, après nous avoir appâté avec Les Voies d'Anubis (J'ai Lu n° 2011 ), l'an dernier, nous revient, bien décidé à nous séduire avec son nouveau roman que publie La Découverte, Le Palais du Déviant, qui utilise un thème intéressant et (presque) neuf en SF, celui des sectes.
Gregorio Rivas est musicien, joue du pélican au Spink's. Il est un des meilleurs, sinon le meilleur. Un soir, deux hommes viennent successivement le voir, lui proposant une petite fortune pour une mission très spéciale. En effet, il y a trois ans, Greg était encore ce que l'on appelle un délivrant, un de ces aventuriers travaillant au contrat, dont le travail consiste à tirer des griffes d'une secte puissante des jeunes gens recrutés contre leur gré, enlevés, disparaissant aussitôt, et que leurs familles souhaitent récupérer. Là aussi, il est un recordman, ayant réussi six délivrances. Mais il a raccroché, pour lui tout cela est de l'histoire ancienne. Il vit de la musique et ne souhaite plus risquer sa vie pour de l'argent. Il finit cependant par craquer, décide de reprendre du service, la personne à délivrer n'étant autre qu'Urania Barrows, sa petite amie d'il y a treize ans.
Commence alors pour lui un voyage au cours duquel il doit dissimuler sa véritable identité (Greg Rivas étant connu et redouté par les responsables de la secte) et retrouver rapidement tous les automatismes du métier. Heureusement, il peut constater que ceux-ci ne l'ont jamais quitté et réussit à se faire remarquer de leurs rabatteurs qui parviennent à la « persuader » de les suivre, de partir avec eux. Il pense ainsi retrouver Urania dans un délai assez bref. Malheureusement pour lui, il est démasqué, obligé de tuer un oiseleur et de s'enfuir. Il doit donc trouver autre chose, mettre sur pied un plan de remplacement s'il veut conserver quelque chance de la retrouver. Et peu à peu, étape après étape, il se rapproche inexorablement de Venice et du Palais du Déviant, le repaire de Jaybush, le fondateur de la secte que ses disciples considèrent comme le Messie et auquel on attribue de nombreux pouvoirs...
Tim Powers est avant tout un raconteur d'histoires. De bonnes histoires. Il ne s'embarrasse pas de considérations pouvant ralentir le bon déroulement de son récit, va droit au but. Sans faire pour autant un simple roman d'aventure. Laissant à penser qu'il est encore perfectible (sur le style et l'esthétique notamment) et pourrait bien nous réserver quelques surprises dans les années à venir. Alors, pourquoi bouder son plaisir ?
Un livre intéressant par bien des aspects, captivant et séduisant, à découvrir pour faire plus intimement connaissance avec un des grands de demain !
Richard COMBALLOT
Première parution : 1/7/1987 dans Fiction 388
Mise en ligne le : 16/12/2002