Quatrième de couverture
Voici le récit des aventures de Long John Tyrone, historien affligé d'une jambe de bois, sur la planète Klepsis dont les habitants, hommes et bêtes, vivent en permanence sous l'effet hallucinogène de leur nourriture. Résultat : la réalité n'est pas ce qu'on croit, les illusions non plus d'ailleurs. Comment dans ces conditions calculer le jour de l'Apocalypse ? Des princesses, des fantômes, des pirates, des ivrognes et des oiseaux philosophes, des trésors cachés, des chansons à boire et des formules magiques, une réflexion sur le sens de la vie, la relativité des choses, l'amour et la mort et le poids des fantômes. Un trip inferno-paradisiaque. L'auteur Raphael Aloysius lafferty est né en 1916 dans l'Iowa. Depuis qu'il a commencé à écrire, à l'âge de quarante ans, il a publié un grand nombre de nouvelles, de récits et de romans historiques. C'est un humoriste brillant, inventif, qui ne ressemble à personne. « Le plus fou, le plus pittoresque, le plus imprévisible des écrivains vivants », dit de lui Theodore Sturgeon.
Critiques
Lafferty, on le sait depuis longtemps, mais on en a la certitude depuis peu, depuis le Livre d'Or que lui consacre E. Vonnarburg en Presses Pocket, est avant toute chose un auteur aux textes inclassables. De ce point de vue il fait le désespoir de la critique — autant sans doute que le plaisir des lecteurs. On aurait pu penser, cependant, que cette production d'extraordinaire, il la réservait aux textes courts, aux nouvelles, et que ses romans — genre oblige — seraient plus traditionnels. En effet, la nouvelle supporte et le lecteur aussi, une forte dose d'innovation, car elle suppose un temps de lecture court, d'où la possibilité, même dans l'extraordinaire, d'une unité d'effet. Mais tenir cette gageure sans lasser ni saturer le lecteur pendant le temps d'un roman, c'est plus risqué. Aussi Lafferty, ici, ruse-t-il. Il va pouvoir délirer à plein, et ceci dans le cadre d'un contrat de lecture romanesque clair. D'emblée nous avons les matériaux (lieux — mauvais, bien sûr ! — personnages (de vilains messieurs, des fantômes, un unijambiste etc.) et quête (la quête d'une Histoire — qui se ramène pour le lecteur à la recherche de l'histoire que raconte ce roman). On le voit, c'est d'emblée truqué. D'autant que, pour corser la chose, la réalité vécue par les personnages est elle-même hallucinée (la nourriture, les boissons, tout est hallucinogène, ma bonne dame !). Que va-t-il se passer ? Eh bien ça ne se raconte pas. Pourquoi ? Allez donc savoir ! Un univers à partager un long instant, mais certainement pas à raconter. J'envie et je plains E. Jouanne, le traducteur de ce bijou baroque. Réservé à des esprits curieux. Roger BOZZETTO Première parution : 1/7/1986 dans Fiction 376 Mise en ligne le : 3/11/2003
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