Cinquante-trois présages
Cloé MEHDI
Première parution : Paris, France : Seuil, coll. Cadre noir, 4 mars 2021
Illustration de Erwan DENIS
SEUIL
(Paris, France), coll. Cadre noir
Date de parution : 4 mars 2021 Dépôt légal : mars 2021 Première édition Roman, 336 pages, catégorie / prix : 19,50 € ISBN : 978-2-02-147150-2 Format : 14,7 x 22,0 cm Genre : Fantastique
Couverture : Erwan Denis d'après photo © Rubberball / Erik Isakson & Klaus Vedfelt via Getty Images.
Quatrième de couverture
Depuis quelques décennies, une nouvelle forme de divinité s'est révélée au monde : la Multitude. Près de Cherbourg, Raylee est la Désignée du dieu Dix-Neuf, choisie entre les humains pour lui servir de canal de communication. Un fardeau plutôt qu'une bénédiction, et qui s'accompagne de symptômes épuisants. Au Bureau des prières d'Europe de l'Ouest, elle reçoit des personnes en quête de sens mais semble elle-même dépassée face à la complexité de la Multitude. D'autant que depuis peu, elle est la cible principale des membres de l'Observatoire, une police dédiée aux conflits avec les divinités : il semblerait que tous les criminels qui s'approchent de Raylee disparaissent sans laisser de traces...
Il est temps pour le lieutenant Hassan Bechry d'infiltrer le Bureau des prières et de découvrir ce qu'il s'y prépare.
Un roman noir d'anticipation, palpitant, unique.
Cloé Mehdi est née en 1992. Elle remporte le prix du premier roman du festival de cinéma de Beaune avec Monstres en cavale édité au Masque. Son deuxième ouvrage Rien ne se perd, est lui aussi particulièrement remarqué dans le milieu du polar et rafle de nombreux prix.
Critiques
Dans un futur proche, les Dieux sont descendus sur Terre et ils sont plutôt déconcertants. Ils sont une multitude, se reconnaissent par leur numéros, et s’ils ne sont pas présents physiquement, choisissent des élus, les Désignés, auxquels ils donnent quelques pouvoirs et qu’ils n’hésitent pas à tuer à la moindre faute. Raylee, une Désignée du dieu dix-neuf, peut ainsi envoyer les gens que son dieu choisit à l’abri dans un lieu mystérieux, hors de l’espace et du temps, pour une durée variable. Les personnes qu’elle y envoie ont généralement une bonne raison de se faire oublier, une raison pas toujours honorable, ce qui lui vaut une surveillance rapprochée de la police. Et tout cela dans une petite ville à coté de Cherbourg pour un salaire de misère, sous le contrôle de la hiérarchie religieuse.
Oublions tout de suite le côté anticipation dont parle le quatrième de couverture : si le roman est censé se passer dans quelques décennies, c’est pour expliquer que les dieux ont débarqué depuis déjà quelque temps. Mais la société décrite dans le roman, hormis cette apparition divine, est bien notre monde actuel. Cinquante-trois présages est, comme au Bal des absents de Catherine Dufour paru dans la même collection, un roman noir social qui utilise le fantastique comme métaphore de la réalité sociale. Ses personnages, loin d’utiliser leurs dons pour dominer la société, constituent un nouveau prolétariat. Ils souffrent de leurs pouvoirs, sont mal payés, rejetés par une partie de la population, et obéissent à une hiérarchie violente et implacable, voire mafieuse, dirigée par des dieux aux desseins obscurs. Ils sont de plus sous surveillance policière permanente qui les considère comme complices de criminels. Leur vie ne fait pas rêver et le ton général du roman est très sombre. Tout cela donne un caractère déroutant au roman et une ambiance de fin du monde, d’apocalypse lente et terne, aidé par une narration froide dénuée de toute poésie. Ce qui n’empêche pas le texte de se lire d’une traite, en laissant un goût étrange et un sentiment ambivalent : l’impression d’avoir lu un récit aussi original qu’oppressant.
René-Marc DOLHEN Première parution : 25/3/2021 nooSFere
|
|