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Ymir

Rich LARSON

Titre original : Ymir, 2022
Première parution : New York, USA : Orbit, 12 juillet 2022
Traduction de Pierre-Paul DURASTANTI
Illustration de Pascal BLANCHÉ

BÉLIAL' (Moret-Loing-et-Orvanne, France)
Date de parution : 29 septembre 2022
Achevé d'imprimer : septembre 2022
Première édition
Roman, 384 pages, catégorie / prix : 23,90 €
ISBN : 978-2-38163-059-5
Format : 14,0 x 20,3 cm
Genre : Science-Fiction

Dépôt légal à parution.
Existe aussi au format numérique (ISBN : 978-2-38163-060-1) au prix de 11,99 €.



Quatrième de couverture

Ymir est un monde de glace.
De violence et de douleur.
Un monde que Yorick connaît par cœur puisque c’est le sien.
Un monde qu’il déteste.
Et pourtant il lui faut y retourner pour y chasser un monstre.
Un grendel. Une créature des Anciens…
Mais il sait que sur Ymir il y a bien pire que le grendel.
Il y a celui qui lui a arraché la mâchoire vingt ans plus tôt — son frère.
Et sous les glaces d’Ymir, sous la rancœur et la haine, la révolution couve…

Rich Larson est né au Niger. Il a vécu aux États-Unis, en Afrique du Sud, au Canada, en Espagne, à Prague. Entre ses débuts en 2011 et aujourd’hui, il a publié plus de deux cents nouvelles, souvent reprises dans les Year’s Best les plus prestigieux du domaine, et saluées par plusieurs prix de lecteurs. Son recueil La Fabrique des lendemains, paru aux éditions du Bélial’ en octobre 2020, a d’emblée raflé le Grand Prix de l’Imaginaire. À tout juste trente ans, il est le nouveau prodige de la science-fiction anglo-saxonne, le fer de lance d’une littérature post-eganienne qui, distillant les temps présents, synthétise le plus vertigineux des futurs. Ymir est son premier roman traduit en français.

« Ymir s’empare de vous et ne vous lâche plus. »
JAMES PATRICK KELLY

Critiques

Ymir, Selkies, Grendels, ... Rich Larson recycle les mythologies pour bâtir la sienne. Celle d'un monde des confins, glacé, qui n'est pas sans déjà-vu : qu'on songe simplement, dans les parutions assez récentes, à Helstrid de Christian Léourier (collection Une Heure-Lumière, Le Bélial' aussi) ou à la nouvelle Sarcophage de Ray Nayler (Bifrost n°107, Le Bélial' encore). Sans compter que le Grendel, créature hérissée d'armes toutes plus tranchantes et pointues les unes que les autres, possède un petit quelque chose du Gritche de Dan Simmons. À ce décor connu mais correctement développé, il ajoute un ciel obscur, une surface hostile balayée par les vents et les tempêtes, et surtout l'entaille, cette profonde vallée aride artificiellement couverte dans laquelle s'entassent les travailleurs mis au pas par la compagnie. Une crevasse qui sera, avec la surface environnante, l'unité de lieu du drame qui va se jouer. Car si la compagnie se déploie dans l'univers et met sous sa coupe quantité de planètes, le roman ne sortira jamais de ce cadre. Le lointain Sud, plus propice à l'habitat, ne sera lui-même jamais visité.

 

Ce micro-univers gelé, pauvre et graisseux est en effet le théâtre idéal pour le sujet que Larson se propose de détailler : la lutte des classes, le conflit entre une méga-corporation et des autochtones exploités, la bataille contre la soumission (sa propre expression, devenue nom propre au terme d'un épisode sanglant de la colonisation). Un sujet tellement prégnant qu'il évacue longtemps d'autres aspects purement science-fictionnels, comme le vertige de cette humanité qui vit tout contre une singularité technologique.

 

Il faut imaginer l'entaille comme une succession de quartiers de logements étroits, aux rues sales à la Total Recall ; des rues où le bricolage règne et où toute technologie rutilante renvoie à cette opposition entre dominants et dominés ; des quartiers dont certains sont rendus bien vivants à travers quelques scènes et grâce à la culture locale imaginée par l'auteur. Et au sein de cette bulle et de ce conflit, la focale de Larson s'attarde sur des relations simples mais qui dépassent la sempiternelle histoire d'amour du héros : celle de Linka et Nocti, deux âmes liées au-delà des transformations corporelles subies ou désirées ; celle de Yorick et son frère, pleine d'ambivalence et d'incompréhension ; ou celle de Yorick et son mentor, faite de manipulation et de faux-semblants. Des relations intimes comme les a déjà bien développées l'auteur dans des formats courts : On est peut-être des sims (Bifrost n° 106) ou Glace (Bifrost n° 108). Cette dernière nouvelle, sorte de prélude à Ymir, a d'ailleurs été joliment mise en image dans la série Love, Death and Robots sur Netflix.

 

Dans sa forme, le roman est de ceux qui distillent au compte-gouttes les informations nécessaires à la compréhension. Certains concepts sont ardus à appréhender ; il faut savoir s'en faire une idée et la remodeler selon l'éclairage des mentions ultérieures. Pour contrebalancer l'effort nécessaire, les chapitres sont courts, la numérotation originale identifie les flachbacks à rebours et les rêves comme une espèce de moments hors du temps. La lecture serait donc fluide si malheureusement le style n'était pas si haché, du genre qui se lit avec attention par nécessité. Des tournures de phrase surprenantes à l'occasion, des pronoms personnels dont le référent est ambigu, une concordance des temps parfois hasardeuse cassent l'écoulement naturel de la lecture.

Ces défauts mis de côté, Ymir est un récit prenant qui pourrait être classé quelque part entre les récits d'aventure spatiale, les rencontres extra-terrestres atypiques et la science-fiction sociale la plus pessimiste. Si Rich Larson n'apporte rien de nouveau ici, il exploite efficacement les genres pour livrer un point de vue fort : la déshumanisation des bourreaux, soumis en permanence à une drogue ou une autre, aussi bien que celle des victimes, littéralement désincarnés dans des conteneurs biologiques.

David SOULAYROL
Première parution : 5/4/2023 nooSFere

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