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Rossignol

Audrey PLEYNET

Première parution : Moret-Loing-et-Orvanne, France : Le Bélial', coll. Une Heure-Lumière n° 45, 18 mai 2023

Illustration de Aurélien POLICE

BÉLIAL' (Moret-Loing-et-Orvanne, France), coll. Une Heure-Lumière n° 45
Date de parution : 18 mai 2023
Achevé d'imprimer : mai 2023
Première édition
Novella, 144 pages, catégorie / prix : 10,90 €
ISBN : 978-2-38163-088-5
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Existe aussi en numérique au format ePub (ISBN : 978-2-38163-089-2) au prix de 5,99 €.



Quatrième de couverture

Lointain futur. Espace profond.
Plus qu’une prouesse technologique, la station est une expérience. Politique, sociale, économique, philosophique. Ainsi, au sein de ce gigantesque assemblage minier peuplé d’espèces venues de tous horizons, les stationniens se définissent moins en fonction de leurs origines que de leurs pourcentages génétiques. Melting-pot utopique, la station offre de fait un refuge de tolérance unique au cœur de la Galaxie — une vie en symbiose gérée par les Paramètres qui adaptent l’environnement aux différentes morphologies, aux contraintes physiques, à toutes les essences du vivant. Ou du moins offrait… De profonds désaccords entre les Spéciens, favorables à la séparation interespèce, et les Fusionnistes, qui œuvrent pour davantage de métissage, cristallisent les tensions.
Au milieu de ces courants qu’elle ne maîtrise pas, une femme, stationnienne insignifiante, va devoir choisir son camp, et par là même, peut-être, peser sur le devenir de la station et sa myriade d’habitants.

« Audrey Pleynet est un vrai talent français en matière de science-fiction.  »
LE CULTE D’APOPHIS

À l’heure où la science-fiction francophone peine à se réinventer, Audrey PLEYNET fait figure d’étoile montante pour le moins attendue. Ainsi, après avoir autopublié un premier roman, puis un recueil, tous deux remarqués — une gageure —, elle apparaît au sommaire de divers supports plus ou moins confidentiels. Ce qui n’empêche pas les éloges de fleurir, et les premiers prix littéraires de tomber : Rosny Aîné en 2020, prix des lecteurs de Bifrost en 2022. Nul doute que Rossignol, fresque humaniste flamboyante, manière de chaînon manquant entre la Ursula K. Le Guin de l’Ekumen et le Iain M. Banks de la Culture, marque un tournant dans sa carrière.

Critiques

Elle est jeune, en conflit avec sa mère, et découvre la vie avec son amie si étrange et différente. Puis, en âge de sortir et de découvrir d'autres lieux, d'autres copains, elle s'imprègne de leur culture, expérimente drogues et clubs avec eux. Mais ses amis ont des plumes, des écailles ou sont télépathes et leurs organismes à tous ne partagent pas exactement les mêmes conditions écologiques. Elle vit sur la station, un agrégat d'environnements permettant d'accueillir quantités d'espèces distinctes, capables de cohabiter uniquement grâce aux Paramètres, un algorithme qui régit les zones et les protections des uns et des autres. Et aujourd'hui, elle est en fuite.

S'il suffit de quelques pages à Audrey Pleynet pour tracer les grandes lignes de la trajectoire de son héroïne et pour donner un aperçu de l'astéroïde artificiel sur lequel elle vit, il lui faudra presque la totalité du récit pour fournir, par petites touches, tous les morceaux du puzzle, donner à comprendre toutes les relations entre les protagonistes, décrire les particularités culturelles de chacune des espèces ainsi que les différents aspects du lieu dans lequel tous vivent ; cette station née d'une réconciliation et où les divergences s'insinuent lentement. C'est donc peu dire que le texte est exigeant pour le lecteur. Mais il l'est aussi par son style et sa construction qui, si elle peut être déroutante deux chapitres durant, permet à la narratrice de dérouler son histoire de façon tout à fait fluide, au gré de l'action au présent et des réminiscences du passé.

Il est donc question ici en premier lieu de mixité, avec la présence d'espèces nombreuses, et l'ombre d'auteurs tels que Laurent Génefort plane sur ces créatures complexes, dotées de caractéristiques tellement dissemblables et de cultures tout aussi spécifiques. Or l'hybridation importante apparue au sein de cette communauté n'a pas suffit à résoudre le problème du racisme. Et si les uns voudraient aller plus loin et abolir tout rappel des proportions génétiques qui ne font que les classifier et les étiqueter, d'autres au contraire s'arc-boutent sur l'éternelle peur d'autrui et le rejet de la différence. Certains encore sont choqués des implants ou prothèses cybernétiques apportés par quelques uns à leur corps. Mais où commencent les altérations d'un corps lorsqu'il est déjà soumis à une machinerie qui lui permet de vivre ? Et bien que le texte soit un réquisitoire pour le vivre ensemble et l'acceptation de la diversité, il s'y trouve tout de même une question pertinente à l'encontre de celle-ci ; jusqu'à quel prix la cohabitation, lorsqu'elle s'oppose à la nature, est-elle envisageable ? Une question malheureusement noyée par la haine qui conduira au drame.

Le récit, lumineux lorsque la narratrice découvre les possibilités de son monde, devient extrêmement pessimiste (d'aucuns diraient réaliste) lorsqu'elle grandit et se trouve confrontée à l'agressivité, l'antipathie ou les relations de pouvoir. Enfin, il se teinte au bout du compte d'un optimisme doublé d'une douleur inextinguible. Une douleur due à la prise de conscience qu'avec le recul et la distance dans le temps, l'existence et l'œuvre même d'un grand nombre de personnes peuvent être d'une terrible insignifiance. Une mélancolie relevée d'optimisme parce que quels que soient les drames à l'échelle d'une vie, l'autrice penche pour un progrès dans le temps long, de la même manière que notre société, quoi que puissent rabâcher les média à longueur de journées, est bien moins violente aujourd'hui qu'au cours des siècles passés. Et ce mélange de sentiments illustre la question de la transmission d'une génération à l'autre, des petits changements qui produisent lentement des résultats malgré les pertes qui peuvent sembler immenses. Des sentiments portés ici par la figure de la mère, rôle partagé par la narratrice et sa propre génitrice, laquelle symbolisera le pire du rejet comme le meilleur de l'amour.

Audrey Pleynet peut être fière d'ajouter son nom sans démériter au petit nombre des auteurs français d'une collection qui multiplie les textes qui allient intelligence et émerveillement. Son Rossignol est un récit poignant qui nous rappelle que la bonne science-fiction ne cesse d'interroger les problèmes du présent, et est capable de s'en saisir pour les mettre en valeur à la faveur d'une histoire attrayante.

 

David SOULAYROL
Première parution : 17/5/2023 nooSFere

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