J'AI LU
(Paris, France), coll. Épouvante n° 2152 Dépôt légal : février 1987 Première édition 320 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : 2-277-22152-X Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Des esprits déments se mettent en marche pour une vengeance terrifiante.
Le cadavre était presque réduit à l'état de squelette. Sur quelques lambeaux de chair verdâtre rampaient encore une multitude de choses voraces, grouillement informe de gélatine visqueuse, agitée de convulsions obscènes. Soudain les « choses » parurent remarquer la présence de Whitney, l'exterminateur de rats, et son hurlement de terreur et d'agonie résonna longuement dans les couloirs déserts du métro.
De Whitney, on ne retrouva que quelques os bien blancs, bien propres. De Jeff, le surveillant des égoûts, et de Sam, le vieux poivrot, pas davantage.
Et l'inspecteur Corvino, chargé de l'affaire, soupçonne que ces meurtres inexplicables ne font que commencer. Comme si, en creusant ces tunnels immondes dans les entrailles de la terre, l'homme l'avait violée et devait dès lors payer pour ce crime.
Critiques
Thomas Monteleone n'a eu, avant cet « Epouvante », qu'un seul ouvrage traduit en français : La ville au bord du temps, en 1981, en Livre de Poche. Cette chronique de la ville de Chicago, découpée en courtes nouvelles très impressionnistes, et qui peut être classée avec 334 de Disch ou Les annales de la cité de Pohl pour ce qui est de l'exploration par certains auteurs US d'un fantastique social urbain, nous a permis de découvrir un auteur très cérébral et intimiste et qui, malgré une cinquantaine de nouvelles et une bonne demi-douzaine de romans depuis ses débuts en 1972, est resté bizarrement sous-publié chez nous (on a lu aussi sa signature dans UNIVERS 12 et dans une antho Casterrnan : Dans la cité). C'est par le biais d'un roman d'épouvante très classique, et qui pourrait sembler peu dans sa nature, que Monteleone nous revient...
Peu dans sa nature ? Point de vue style, certainement : des personnages stéréotypés (le détective intello, la belle journaliste avec qui il noue une idylle, le courageux adjoint qui y passe, le professeur spécialisé dans l'occulte), une intrigue linéaire (mais pleine de rebondissements), une thématique post-lovecraftienne (des monstres souterrains qui sont la matérialisation de l'inconscient de New-York), tel est le menu de ce Night Train, qui date de 1984. Le goût du fantastique urbain cher à l'auteur est cependant bien là, dans cette description minutieuse et vivante du métro new-yorkais et de toutes ces dépendances labyrinthiques, et de ce qui s'y passe la nuit (les agissements d'un psycho-killer, qui tiennent une grande place dans la première partie du roman, même s'ils ont peu de liens avec la partie purement fantastique, semblent avoir beaucoup intéressé Monteleone). Et, paradoxalement, c'est bel et bien l'aspect quotidien, documentaire, qui est le plus passionnant dans cette histoire de traque à l'étrange, qui promet plus qu'elle ne donne, et tourne nettement court à la fin, le surgissement des monstres toujours promis et toujours repoussé ne se produisant jamais...
En fait, l'auteur Monteleone s'est glissé dans la peau d'un faiseur (ses modèles — ou, disons, les rencontres les plus évidentes, étant Dean R Koontz et Graham Masterton), pour fabriquer avec talent un ouvrage commercial quelque peu hybride. Certes on marche, mais les ficelles sont grosses. C'est la limite de cette tentative, qui est loin d'être déshonorante.