Frank HERBERT Titre original : The Heaven Makers, 1967 Première parution : Amazing Stories, avril et juin 1967. En volume : Avon, novembre 1968 Traduction de Monique LEBAILLY Illustration de Jean-Michel NICOLLET
Jean-Claude LATTÈS
(Paris, France), coll. Titres/SF n° 31 Dépôt légal : 3ème trimestre 1980 Première édition Roman, 256 pages, catégorie / prix : nd ISBN : néant Format : 11,0 x 17,8 cm Genre : Science-Fiction
Les immortels s'ennuient. Prisonniers de leur éternité, sans Passé ni Avenir, les Chems luttent contre la folie par tous les moyens. Le meilleur reste le senso-total : en contrôlant la destinée des peuples inférieurs de la galaxie, ils en tirent des superproductions émouvantes qui les sauvent de leur Némésis, l'indifférence.
L'histoire, les dieux, les mythes de la terre sont-ils les créations de leur plus grand fabricant d'éden, Fraffin, qui enfreignant les lois de la Primatie a peuplé cette planète de Chems sauvages, plus proches de leurs ancêtres et donc plus aptes à éveiller leurs émotions ? Kelexel, l'enquêteur chargé de prouver la traîtrise de Fraffin, va s'apercevoir, à ses dépens, qu'une jolie terrienne peut réveiller bien des pulsions oubliées.
Frank Herbert est né en 1920, dans l'état de Washington aux Etats-Unis. Tour à tour journaliste, plongeur sous-marin, enseignant, pêcheur d'huitres, photographe, psychanalyste, il est l'auteur mondialement connu du célèbre roman de science-fiction écologique Dune.
Il a déjà publié dans la collection Titres SF, ET L'HOMME CREA UN DIEU, et LA BARRIERE SANTAROGA.
Les Chems, grâce au réseau, ne font qu'un, et sont immortels. La tentation de la mort est pourtant toujours présente, du fait d'un ennui persistant. C'est pour lutter contre lui que Fraffin manipule les émotions de mortels dont il tire des drames distrayant ses semblables ; il joue cependant avec le feu, n'hésitant pas à orchestrer des guerres pour satisfaire ses spectateurs d'émotions brutes, au mépris des règles de la Primatie veillant sur les espèces sauvages. Kelexel, un Investigateur de la Primatie chargé d'enquêter sur Fraffin qu'on soupçonne de contrevenir aux règles, est compromis par ce dernier quand il pousse dans ses bras une femme enlevée à son milieu, Ruth Murphey.
Celle-ci est une jeune femme, jadis fiancée au psychologue Thurlow mais qui lui préféra un autre prétendant dont elle compte aujourd'hui divorcer. Le père, Joe Murphey, pris d'un accès de folie meurtrière que seul Thurlow avait prédit, permet aux anciens amants de se rapprocher. Thurlow est également un immunisé, capable de voir à travers la brume d'invisibilité l'équipe de tournage se repaissant des drames humains. Il comprend que ses accès de colère comme le revirement de Ruth à son égard ne sont que le fruit de manipulations extraterrestres.
Tout en agitant le thème de l'immortalité, récurrent chez lui, Franck Herbert pose quelques débats cornéliens : Thurlow, amené à taxer de démence le père de Ruth, se place en même temps en position délicate vis-à-vis de sa fille et de son supérieur. À ses efforts de neutralité correspondent les doutes coupables que Kelexel nourrit pour avoir poussé une femme à se soumettre à ses désirs. Il ne peut plus condamner Fraffin sans également salir son honneur. Le cynisme de la civilisation Chem, qui se croit affranchie de la violence et de la mort, apparaît au grand jour quand Kelexel trouve une solution à son dilemme.
Le roman n'est cependant pas exempt de défauts, expédiant parfois hâtivement certains éléments de l'intrigue ou s'attachant trop à d'autres moments à des détails secondaires. Opus mineur dans l'œuvre de l'auteur de Dune, l'ensemble reste cependant suffisamment enlevé pour susciter la sympathie.