Citoyenne d'une paisible petite ville de Caroline du Nord, Kate Beacham ne comprend pas ce qu'il lui arrive quand elle est victime d'une agression en sortant de son travail. Plus tard, dans l'allée qui mène à sa maison, elle découvre le cadavre mutilé de son cheval favori. Et des voix, au téléphone, promettent qu'elle subira bientôt le même sort. Pourquoi lui en veut-on ainsi ? Simplement, comprend-elle, parce qu'elle a choisi de suivre le chemin de la magie — blanche et inoffensive — au lieu de celui de la religion. Une option qui lui a déjà valu de rompre avec sa famille... Déjà désespérée, Kate pense avoir perdu la raison quand elle voit débouler dans son jardin quatre curieux personnages qui prétendent venir d'un royaume médiéval situé dans une autre dimension. A les entendre, le sorcier Callion, un autre transfuge de leur monde, menace de s'emparer du pouvoir pour semer la terreur sur Glenravenne et sur la Terre. Et si Kate refuse de les aider, personne d'autre ne pourra l'en empêcher !
Selon ces visiteurs, les pouvoirs magiques latents de la jeune femme sont la clé de tout. Mais acceptera-t-elle de les laisser s'épanouir, sachant qu'ils lui ont si souvent empoisonné la vie ?
Critiques
La collection « Rendez-vous ailleurs », maintenant publiée par les éditions Fleuve Noir, avait il y a peu réédité Glenravenne (initialement chez Lefranc), premier volet des Pouvoirs Perdus. La suite est dès à présent disponible. Au contraire du premier volume qui narrait les aventures de deux Américaines embarquées par magie dans un univers parallèle, la Faille entre les Mondes nous montre les déboires de Kate Beacham, contrainte d'accueillir des Glenravennites en fuite devant un monstre. Elle se joint à leur quête pour retrouver un sorcier maléfique et recréer un portail leur permettant de rentrer chez eux.
Derrière cette histoire de Fantasy somme toute assez classique, se profile un thème cher à Marion Zimmer Bradley, celui du choc culturel. Cette fois, ce ne sont pas les humains qui auront du mal à s'adapter à des us et coutumes étrangers, mais les Glenravennites qui auront à subir le « monde mécanique » et la puanteur de ses chariots sans chevaux. Tandis que Kate, qui a déjà maille à partir avec certains de ses concitoyens hostiles à ses convictions religieuses, devra subir leurs questions incessantes sur les moindres détails de la vie quotidienne et leurs sempiternelles remarques du genre : « c'est mieux en Glenravenne ! »
Une histoire bien construite et pleine de rebondissements, un texte bien écrit et bien traduit et, curieusement, une foule de détails typiquement américains qui nous rappelle que le choc culturel réside au sein d'une même civilisation — la preuve en est que les Glenravennites se font passer pour Européens ce qui explique leur différence.
Ce roman est d'une lecture agréable et s'il ne laisse pas un sentiment inoubliable, il permet au moins de passer un bon moment en se souvenant que différence est mère de tolérance et que l'Autre, s'il n'est pas semblable à nous, peut malgré tout devenir notre meilleur ami. On regrettera que la description de certains personnages ne soit pas plus fouillée, que certains mystères ne soient pas expliqués — en particulier le rôle et les pouvoirs du livre manipulateur — mais on espère que c'est pour mieux amener la suite des aventures de la Glenravenne.
Lucie CHENU Première parution : 1/1/2004 dans Faeries 13 Mise en ligne le : 20/3/2005