Qualifier Mascarade Silésienne, le sixième volume de la saga de Honor Harrington, de space opera serait plus que présomptueux, tant le souffle vital à ce genre lui fait défaut. Jugez plutôt : parce qu'elle est en guerre contre la république du Havre (aucun lien avec notre ville portuaire), la flotte royale de Manticore (aucun lien avec la série de James Cameron, Alias) ne peut assurer la sécurité des convois commerciaux qui, de fait, essuient de lourdes pertes au profit de pirates de l'espace de plus en plus ambitieux. Sous la pression des grands industriels, qui voient la pérennité de leur commerce menacée, on dépêche quatre leurres — des navires puissamment armés sous l'apparence d'inoffensifs cargos — dont le commandement est confié à Honor Harrington, une GI Jane galonnée affublée d'un pokemon télépathe, alors en disgrâce pour cause de complot politique (que c'est même pas sa faute). La présente mission est l'occasion pour elle de revenir sur le devant de la scène, ou d'enterrer définitivement sa carrière. Elle est sur la corde raide...
Ces quelques lignes résument, à deux ou trois détails près, l'intégralité du premier tome, c'est dire s'il est dense... Le roman se partage quantitativement en trois pôles : interminables discussions politico-diplomatiques, fastidieuses descriptions des vaisseaux et de leur armement, ennuyeuses considérations stratégiques. Mais les complots politiques ne sont même pas intelligents, les bâtiments de guerre peu crédibles, et la stratégie tout à fait inutile. Les protagonistes principaux sont d'une platitude à mourir, leurs réactions téléphonées tout droit sorties d'un film de Ridley Scott. Quant aux personnages secondaires, leur inexplicable multiplication achève de rendre la lecture malaisée. Quelques batailles molles complètent ce triste tableau, toujours suivant le même schéma : les pirates se rapprochent, croyant avoir affaire à une proie facile, mais au dernier moment, que ne s'esbaudissent-ils pas de découvrir que c'est un piège ! Aha ! les voilà bien attrapés...
Devant tant de médiocrité, on pardonnera à la traductrice et à l'illustrateur un travail qu'on qualifiera pudiquement d'approximatif : eux aussi ont dû s'ennuyer ferme. Unique bonne nouvelle : vous allez économiser 26,80 euros...
Thibaud ELIROFF
Première parution : 1/10/2003 dans Bifrost 32
Mise en ligne le : 10/1/2005