Le titre original indiqué par l'éditeur ("Snow White, Red Blood" est erroné - inversion de "Red" et "Blood"). Chaque nouvelle est précédée d'une présentation bio-bibliographique.
Quatrième de couverture
Blancs comme la neige, les contes de fées riment avec Fantasy ; rouges comme le sang, ils riment avec Horreur.
Ellen Datlow et Terri Windling ont demandé à dix-sept auteurs anglo-saxons parmi les plus célèbres de réinventer les contes de fées de notre enfance pour un public adulte. Histoires de trolls, d'ogres ou de princes-crapauds semant la confusion et la mort dans la jungle urbaine ou les forêts hantées, ces récits sont le reflet du plus sombre de l'âme humaine.
Érotiques, fantastiques ou terrifiantes, ces histoires ne sont pas à mettre entre toutes les mains et se terminent très rarement par le classique et rassurant « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ».
Du Petit Poucet au Chat Botté, en passant par Blanche Neige et bien d'autres, les grands personnages de notre enfance sont ainsi revisités, mêlant l'horreur à la poésie pour notre plus grand plaisir. A travers ce recueil de rêves et de cauchemars, les contes de fées retrouvent ainsi leur fonction première exorciser nos peurs les plus profondes...
1 - Terri WINDLING, Blanche comme la neige : Contes de fées et Fantasy (White as Snow, 1993), pages 11 à 23, introduction 2 - Ellen DATLOW, Rouge comme le sang : Contes de fées et Horreur (Red as Blood, 1993), pages 25 à 29, introduction 3 - Tanith LEE, Perce-Neige (Snow Drop, 1993), pages 31 à 53, nouvelle, trad. Marc DUVEAU 4 - Gahan WILSON, Prince Grenouille (The Frog Prince, 1993), pages 55 à 64, nouvelle, trad. Marc DUVEAU 5 - Charles DE LINT, La Lune se noie tandis que je dors (The Moon Is Drowning While I Sleep, 1993), pages 65 à 91, nouvelle, trad. Marc DUVEAU 6 - Nancy KRESS, Le Haricot géant (Stalking Beans, 1993), pages 93 à 109, nouvelle, trad. Florence MANTRAN 7 - Wendy WHEELER, Carmina (Little Red, 1993), pages 111 à 129, nouvelle, trad. Florence MANTRAN 8 - Kathe KOJA, Je t'égarerai dans les bois (I Shall Do Thee Mischief in the Wood, 1993), pages 131 à 145, nouvelle, trad. Mélanie FAZI 9 - Gregory FROST, La Fille de Gothel (The Root of the Matter, 1993), pages 147 à 181, nouvelle, trad. Florence MANTRAN 10 - Harvey JACOBS, Pistil (Persimmon, 1993), pages 183 à 196, nouvelle, trad. Florence MANTRAN 11 - Steve Rasnic TEM, Petit Poucet (Little Poucet, 1993), pages 197 à 216, nouvelle, trad. Marc DUVEAU 12 - Melanie TEM, Les Enfants substituées (The Changelings, 1993), pages 217 à 238, nouvelle, trad. Mélanie FAZI 13 - Neil GAIMAN, Le Pont du Troll ((The) Troll(-)Bridge, 1993), pages 239 à 253, nouvelle, trad. Marc DUVEAU 14 - Leonard RYSDYK, Comme les voix d'une chorale d'anges (A Sound, Like Angels Singing, 1993), pages 255 à 263, nouvelle, trad. Mélanie FAZI 15 - Esther M. FRIESNER, Chaton (Puss, 1993), pages 265 à 298, nouvelle, trad. Florence MANTRAN 16 - Jack M. DANN, Le Cercueil de verre (The Glass Casket, 1993), pages 299 à 315, nouvelle, trad. Mélanie FAZI 17 - Lisa GOLDSTEIN, Miettes et Cailloux (Breadcrumbs and Stones, 1993), pages 317 à 335, nouvelle, trad. Mélanie FAZI 18 - Jane YOLEN, Couteaux (Knives, 1993), pages 337 à 340, poésie, trad. Marc DUVEAU 19 - Patricia A. McKILLIP, La Reine des Neiges (The Snow Queen, 1993), pages 341 à 370, nouvelle, trad. Marc DUVEAU
Critiques
Je l'imagine bien, l'Abbé Ruaud, ouvrant son église lyonnaise du jeudi midi et s'apprêtant à faire son prêche tel Orson Welles au début du Moby Dick de John Huston. Je vois parfaitement les visages de l'assemblée, caressés par la lumière colorée que laissent passer les vitraux représentant la féerique trinité : Elric, Merlin et Gandalf. Dans le public, ça frétille déjà des neurones : le maître va parler, une fois ses lunettes recalées sur le bout de son nez. « Mes très chers frères, mes très chères sœurs, lecteurs, lectrices, cette nuit la Reine des Fées est venue à moi. Elle était là, arrivée tout droit de Faërie, assise au bord de mon lit, un hanap à la main. Elle m'a regardé droit dans les yeux et m'a murmuré un secret. Ce secret, aujourd'hui je vous le livre. Des trois anthologies de fantasy publiées ces dernières années par le Fleuve Noir, la meilleure est de loin... » Silence total, même les fées ont arrêté de battre des ailes. Les visages de crispent. Henri Lœvenbruck et Alain Névant se prennent par la main ; coincé entre les deux, Stéphane Marsan s'est caché au fin fond de son col roulé noir. L'Abbé Ruaud se racle la gorge : « L'anthologie d'Ellen Datlow et Terry Windling, Blanche neige, rouge sang. » L'assistance est consternée, les fées se sont remises à battre des ailes et fusent en tous sens, ivres de joie.
Force est de constater qu'elle a raison, cette terrible Reine des Fées, car à l'exception de quelques nouvelles faibles (celles de Gahan Wilson, Kathe Koja, Leonard Ryskyd), le reste tient méchamment la route. Et dans le flot de ces contes anciens (Blanche Neige, Hansel et Gretel, le Petit Chaperon Rouge) remis au goût du jour, modernisés, quelques textes emportent le morceau, telle la version du Petit Poucet que nous propose Steve Rasnic Tem, ou cette « Fille de Gothel » que nous offre le méconnu Gregory Frost. Le texte le plus percutant de cette anthologie est peut être celui de Wendy Wheeler, « Carmina », un mélange sulfureux du Petit chaperon rouge et de Lolita.
Unique bémol, mais de taille : impossible de ne pas signaler la globale médiocrité des traductions, qui oscillent entre l'épouvantable (celles des deux introductions — non signées) et le correct (Florence Mantran) en passant par le médiocre (Duveau et Fazi). Et puis, prendre Siudmak pour illustrer pareil livre...