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Transparences

AYERDHAL


Illustration de MANDY

AU DIABLE VAUVERT (Vauvert, France)
Dépôt légal : avril 2004
Première édition
Roman, 560 pages, catégorie / prix : 23 €
ISBN : 2-84626-036-2
Genre : Hors Genre



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Aussi dense et machiavélique que Le Nom de la Rose, aussi haletant et cinégénique que Kill Bill, ce magistral thriller met en perspective notre histoire immédiate de manière vertigineuse.

     « Jeune femme sans type défini utilisant une arme blanche ou détournant de sa fonction usuelle un objet quelconque, réagissant à ce qu'elle considère comme une agression à connotation sexuelle ou à une atteinte à sa liberté. L'acte violent est toujours spontané, bref et extrêmement performant. Elle disparaît ensuite sans laisser de trace. Les témoignages sont toujours contradictoires, personne n'est capable d'en faire une description précise, il n'y a jamais ni empreinte, ni cheveu et aucun enregistrement audio ou vidéo exploitable. »

     Né en 1959 dans la région lyonnaise où il vit, auteur de nombreux romans et nouvelles, Ayerdhal est lauréat du Grand Prix de l'imaginaire 1993 pour Demain une oasis et du Prix Tour Eiffel 1999 pour Étoiles mourantes (en collaboration avec lean-Claude Dunyach). Ayerdhal quitte ici les terres de la SF pour celles du thriller contemporain : un coup de maître.
Critiques
     Ann X.
     « Jeune femme sans type défini utilisant une arme blanche ou détournant de sa fonction usuelle un objet quelconque, réagissant à ce qu'elle considère comme une agression à connotation sexuelle ou à une atteinte à sa liberté. L'acte violent est toujours spontané, bref et extrêmement performant. Elle disparaît ensuite sans laisser de trace. Les témoignages sont toujours contradictoires, personne n'est capable d'en faire une description précise, il n'y a jamais ni empreinte, ni cheveu et aucun enregistrement audio ou vidéo exploitable. » (Extrait de la page 95, reproduit en quatrième de couverture).

     Transparences, que son éditrice, Marion Mazauric, compare à Kill Bill et au Nom de la Rose — ce qui, dans la catégorie reine du grand écart culturel, est plutôt osé — est le récit, extrêmement détaillé, d'une quête : celle de Stephen, criminologue à Interpol et gauchiste bon teint d'origine québécoise, qui, en cherchant à retrouver la trace d'Ann X, va comprendre en grande partie les règles du monde dans lequel il vit (et si Gorbatchev avait été un pion de la CIA ? Et si la CIA avait sciemment laissé naître le 11 septembre tel qu'on croit le connaître ?). Très vite, l'horizon d'attente est posé : où, quand et comment Stephen va-t-il rencontrer Ann X ? Corollaire : que peut engendrer un tel carambolage, la conflagration de deux existences aussi éloignées l'une de l'autre ? L'Amour ?

     Le moins que je puisse confesser, c'est que j'ai abordé cette lecture avec un léger a priori négatif, malgré les louanges entendues çà et là — notamment celles de François Angelier, qui a pourtant bon goût — ; en effet, les deux derniers Ayerdhal sur lesquels je m'étais penché m'avaient soit ennuyé (Parleur ou les chroniques d'un rêve enclavé ; critique dans Bifrost n°5 — tentative, loupée à mon sens, de fantasy ravachole — soit excédé — Etoiles mourantes, en collaboration avec Jean-Claude Dunyach ; critique/polémique dans Bifrost n°15 — gros space opera prétentieux, surécrit, boursouflé de scènes d'exposition et menant au final à pas grand chose). Transparences, qui m'a surtout fait penser au Dossier 51 de Michel Deville (film français injustement méconnu) et à Identification d'une femme de Michelangelo Antonioni (chef-d'œuvre cinématographique datant de 1982 et qu'il convient de posséder dans sa vidéothèque), m'a passionné de la première à la dernière page, malgré ses défauts qui tiennent du nez au milieu de la figure. Certes, Ayerdhal prend son temps, mais sans vraiment ennuyer, tout simplement parce qu'il a réussi à créer, à « mythologiser » un personnage féminin digne, je le concède aisément, de La Mariée de Q&U (et donc du diptyque Kill Bill de Quentin Tarantino), mais aussi du Crying Freeman de Kazuo Koike et Ryoichi Ikegami.

     Pour ce qui est des défauts, soyons clairs, c'est du Ayerdhal, et plutôt plus que moins, l'aboutissement logique, à mon sens, du quadruple travail de brouillon que constitue la médiocre série « Cybione ». Dans Transparences, tout ou presque (comme dans les films de Tarantino, d'ailleurs) passe par le dialogue, la joute verbale, l'affrontement des armées de mots. On peut trouver le procédé exténuant, surtout quand les clodos se mettent à disserter comme un agrégé de philo, mais force est de constater que cela fonctionne, et plutôt bien. Sur le simple plan du style, c'est aussi du Ayerdhal : c'est donc plutôt mal écrit, inutilement emberlificoté et bourré de fautes de grammaire (ils ont pas de correcteurs en enfer-Vauvert ?). En un mot comme en cent, ça n'a pas été suffisamment relu, coupé, densifié (et je vois là davantage la culpabilité de l'auteur que de son éditrice, qui a dû à moitié suffoquer en voyant arriver le pavé). Mais néanmoins, Transparences fonctionne et se dévore. Et n'est-ce pas là le plus important ?

     Autre réflexion... et, en ce qui me concerne, elle est prégnante, Transparences ne fonctionne à aucun moment comme une série B mêlant thriller, espionnage et éléments de science-fiction (tel « Le Cycle des Pouvoirs » de John Farris, par exemple) ; on est bien dans le registre du thriller de haut-vol, érudit, quelque part entre Une enquête philosophique de Philip Kerr et La Conspiration des ténèbres de Theodore Roszak (critiqué dans le présent numéro). Evidemment, l'ambition de « réalisme permanent » mise en place par l'auteur engendre quelques écueils, notamment dans les « scènes québécoises », opérettes familiales qui avancent sur le fil du rasoir, toujours à deux doigts du ridicule le plus consommé. Et puis, force est de constater que le réalisme à l'européenne porte en lui ses limites, notamment lors des « scènes américaines », this is the end, my friend, où Ayerdhal nous ressert l'Amérique d'Independance Day à peu de choses près.

     D'un point de vue purement littéraire, Ayerdhal vient de franchir, avec Transparences, ce qu'on pourrait appeler un « palier de Darwin », passant non pas à la vitesse supérieure mais sublimant totalement la boîte de vitesses ; à lui de thésauriser sur cette victoire, dès son prochain roman, en coupant court à sa logorrhée légendaire et en se concentrant sur ses micro-structures (phrases, éléments digressifs, dialogues) qui, après quinze romans, laissent encore à désirer alors que ses macro-structures (construction, chapitrage, dosage des scènes d'action) tutoient la perfection.

     Rares sont les livres qui transcendent leurs défauts — j'en citerai deux chers à mes souvenirs de lecteur : Les Racines du mal de Maurice G. Dantec et Ça de Stephen King — , en voilà un troisième.

Gilles Dumay
(transparent, pour changer)

Gilles DUMAY
Première parution : 1/10/2004 dans Bifrost 36
Mise en ligne le : 22/11/2005


     Tueuse insaisissable

     Le canadien Stephen Bellanger travaille en France pour Interpol. Ce spécialiste des « serial killers », trouve d'étranges corrélations entre plusieurs affaires non résolues issues de vieux dossiers. Patiemment, il découvre et suit la piste d'une tueuse en série peu ordinaire, spécialiste des armes blanches : Ann X, surdouée, paranoïaque et asociale. Chaque fois qu'elle se considère agressée, voire seulement menacée, elle tue. Regard appuyé ou réflexion déplacée suffisent.
     On ne connaît ni son nom, ni sa véritable identité. Chaque personne qui a été en contact avec elle souffre d'amnésie. Nul n'est capable de décrire son apparence physique. Les caméras de surveillance ne la filment qu'en flou.
     Empruntant le concept de la transparence à son confrère en écriture Roland C. Wagner — dans sa série les Futurs mystères de Paris — l'écrivain lyonnais Ayerdhal a écrit un thriller contemporain efficace et haletant, dans lequel les coups de théâtre ne manquent pas. Quel rôle exact jouent les services secrets ? Les mille meurtres attribués à Ann X sont-ils tous de son fait ? Est-ce bien elle qui vient en aide aux enfants maltraités ?
     Cet excellent bouquin réussit le pari d'être en même temps un roman palpitant et un ouvrage de réflexion. Quoi de mieux ?

Jean-François THOMAS (lui écrire)
Première parution : 27/7/2004 24 Heures
Mise en ligne le : 3/3/2009


     La quatrième de couverture nous prévient : « Ayerdhal quitte ici les terres de la SF... ». C'est un détail sans importance, au regard de l'authentique régal que constitue ce roman, mais la seule lecture du premier chapitre modère quelque peu cette présentation de l'éditeur. Car on pourrait sans peine rattacher Transparences à la thématique ô combien science-fictive du mutant. Ici, mutant social, nietzschéen, mâtiné de Black Mamba (pour le corps) et de René Thom (pour l'esprit). Une thématique extraordinairement dépoussiérée et modernisée, qui débouche sur une mise en abîme vertigineuse de la phénoménologie de nos sociétés occidentales et une explosion d'implications touchant aux rapports humains et aux concepts de pouvoir, d'information et de manipulation. Et il y a ce personnage central, tueuse insaisissable à laquelle Interpol et les services secrets occidentaux attribuent plus de mille meurtres. Personnage clairement lié à la science-fiction, française et contemporaine, et à une de ses figures, désormais célèbre, Tem, Temple de l'Aube Radieuse, détective atypique et jubilatoire créé par Roland Wagner. Auquel Ayerdhal ne manque pas de rendre un hommage en forme de clin d'œil... Stephen Bellanger, profiler québécois engagé par Interpol pour traquer Ann X, évolue sur une toile qui a tout du labyrinthe antique, avec ses obscurités et ses embrasements. Dans le sillage de la jeune femme, il plonge au cœur d'un dédale psychotique, paranogène, où les trajectoires, la sienne comprise, se croisent, se télescopent, se brisent pour se recombiner en une transmutation des valeurs proprement alchimique. Parcours initiatique au long duquel l'enquêteur côtoie des personnages sublimes, dignes de la tragédie grecque, telle Inge Stern, criminologue mise à la retraite pour cause de maladie neurodégénérative, que Stephen va consulter comme une pythonisse, ou Michel, le confident SDF, Diogène de notre temps. Ceux-là parmi d'autres, sur fond de belligérance, ici la guerre que se livrent Américains et Européens, autour d'Ann X, ennemi planétaire numéro un mais aussi arme suprême. Un affrontement qui trahit la même humaine obsession depuis la nuit des temps : dominer.

     Dans ce labyrinthe d'images déformées, Stephen Bellanger tente de reconstituer un personnage-puzzle qui, lui-même, manipule la réalité afin de s'inventer une identité, loin de celle, schizo-phrénique, que le destin lui a choisie. Pas de fatalité chez Ayerdhal, l'humain n'est pas toujours vaincu. L'espoir est permis et la liberté à portée de main.

     La fin résolument ouverte de Transparences permet d'espérer que l'histoire ne s'arrête pas là.

Jonas LENN
Première parution : 1/6/2004 dans Galaxies 33
Mise en ligne le : 29/12/2008

Prix obtenus


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