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La Ronde des esprits

Nalo HOPKINSON

Titre original : Brown girl in the ring, 1999
Traduction de Marielle DORSINVILLE
Illustration de PICTOR

J'AI LU (Paris, France), coll. Millénaires n° (6041)
Dépôt légal : septembre 2001, Achevé d'imprimer : septembre 2001
Première édition
Roman, 234 pages, catégorie / prix : 14 €
ISBN : 2-290-30546-4
Format : 13,2 x 19,5 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Toronto, fin du XXe siècle. Émeutes et guerre civile sont le lot quotidien d’une cité devenue un bidonville géant, où la criminalité règne en maître, tandis que les nantis ont fui vers des banlieues qui se sont érigées en remparts contre la ville « maudite ». Le truand Rudy Sheldon, à la tête d’une bande de trafiquants de drogues, tient le centre-ville sous sa coupe, usant de pouvoirs occultes que lui procure la pratique de rites ancestraux.
 
     Et c’est vers lui que se tourne le gouvernement pour le mandater d’une mission secrète : trouver un cœur humain afin d’accomplir la greffe dont le Premier ministre a un besoin vital. Tony, l’un des hommes de confiance de Sheldon, prend en main l'affaire, pensant trouver là l'occasion d'échapper à l'emprise de son « protecteur ».
 
     Une quête qui va l'amener à croiser la route de Ti-Jeanne, son ancienne fiancée, membre d’une famille versant dans les arcanes de la sorcellerie afro-caribéenne.
 
     Lauréat du John W. Campbell Award du meilleur auteur 1999 et du Prix Locus 1999 du meilleur premier roman, La ronde des esprits mélange audacieusement modernité et traditions tribales, technologie et magie, pour raconter une nouvelle fois la puissance des mythes et l'éternel combat du bien contre le mal.
 
     Nalo Hopkinson est née à Kingston, en Jamaïque, où elle passe ses seize premières années, avant de partir vivre à Toronto en 1977. Diplômée de langues russe et française, elle publie plusieurs nouvelles avant d'être remarquée du grand public grâce à La ronde des esprits. Elle est également l'auteur d'un second roman encore inédit en France, Midnight Robber, nominé pour le prix Hugo 2001.
Critiques
     Jeune Jamaïcaine vivant au Canada, Nalo Hopkinson signe avec La Ronde des esprits un étonnant premier roman pétri de sa culture antillaise.
     Dans un futur proche, suite à des scandales financiers, la police, l'armée et toutes les instances gouvernementales ont abandonné Toronto. Devenue un territoire sauvage, la ville est livrée aux bandes et à tous les trafics. On n'y vit pas, on y survit dans la saleté et le dénuement. La meute y tient le haut du pavé sous la houlette de Rudy Sheldon, un parrain aussi puissant qu'inhumain, qui tire son pouvoir d'un pacte vaudou avec l'esprit des morts. Mais Tony, un petit dealer sans courage chargé de commettre un meurtre, panique. Il se réfugie chez Mami Gros-Jeanne, une guérisseuse vaudou, et Ti-Jeanne, sa petite-fille. Mami Gros-Jeanne est le réceptacle de Papa Osain, l'esprit guérisseur. Quant à Ti-Jeanne, elle découvre et apprend à maîtriser ses propres dons venus de Legbara, un puissant esprit ancestral. La visite de Tony précipite la confrontation avec Rudy. Ti-Jeanne et sa lignée féminine doivent l'affronter, dans une impitoyable guerre des sorciers.
     Combat de titans entre le Bien et le Mal, La Ronde des esprits est un roman de science-fiction atypique. D'abord parce qu'il est nourri de toute la culture antillaise de l'auteur, une culture dans laquelle le monde invisible chevauche le monde visible et qui tire le livre vers le genre fantastique. Ensuite, par son écriture : l'ambiance du roman et le style de l'auteur sont ceux de la grande tradition des écrivains antillais, représentée en France par Saint John Perse, Jacques Stephen Alexis, Daniel Maximin, Raphaël Confiant et bien d'autres. On n'a pas l'habitude dans la science-fiction de cette écriture si déroutante, qui fait du petit monde de la rue le véritable héros du roman, cette petite humanité pleine de bon sens, de femmes fortes plus ou moins guérisseuses, d'enfants abandonnés, de maris volages.
     La Ronde des esprits est un roman étonnant, parfois déconcertant, une véritable bouffée d'oxygène qui atteste une fois de plus de l'infinie vitalité de la science-fiction.

Stéphane MANFREDO
Première parution : 1/3/2002 dans Galaxies 24
Mise en ligne le : 11/9/2003


     À une époque indéterminée — proche futur, proche passé (uchronie, alors). Le centre ville de Toronto a été ravagé par les émeutes. Les riches se sont repliés en périphérie tandis que, au cœur de la cité, ceux qui n'ont pu fuir, ou qui ont choisi de rester, se démènent tant bien que mal pour survivre dans ce no man's land brutal dépourvu de tout. C'est le royaume de Rudy Sheldon, trafiquant de drogue et sorcier vaudou, chef de gang et, pour l'occasion, chargé par le gouvernement de trouver un cœur humain susceptible de remplacer l'organe déficient du Premier Ministre. Une quête qui va bouleverser les vies de Ti-Jeanne et sa grand-mère Mami Gros-Jeanne, une célébrité du quartier, rebouteuse, guérisseuse et, accessoirement, maîtresse des arts de la « Terre de Guinée ».

     La Ronde des esprits est un bouquin qui nous arrive auréolé d'un John W. Campbell Award et du prix Locus du meilleur premier roman. Par une jeune autrice (la quarantaine) vivant au Canada mais d'origine jamaïquaine qui, au vu du substrat culturel de son livre, n'a en rien renié ses origines. Une Nalo Hopkinson qui parle parfaitement français et dont Midnight Robber, le second roman (à ce jour inédit par chez nous), fut finaliste au Hugo 2001. Bref, il y a là tout un ensemble de petites choses qui concourent à mettre le lecteur dans une prédisposition particulièrement positive à l'encontre de La Ronde des esprits. Autant dire qu'on tombe de haut.

     Même si Hopkinson fait d'emblée état d'une belle maîtrise narrative, pose son intrigue, ses personnages, avec efficacité — il est clair que tous les premiers romans sont loin d'afficher pareilles qualités. Même s'il y a cette sorcellerie vaudou aux parfums d'Afrique, cette magie et la plongée dans une culture radicalement autre qui sont, en définitive, le principal intérêt du livre. Parce que pour le reste, outre un ou deux moments de bravoure directement liés à cette magie évoqué plus haut, on en vient à se féliciter que le bouquin ne fasse que 200 pages.

     À l'évidence, La Ronde des esprits pâtit d'une traduction médiocre, redondante, poussive, traduction qui contribue probablement au manque de saveur du livre. Mais qu'importe au lecteur francophone que le bouquin soit bien meilleur dans sa version originale ? Le fait est que J'ai Lu nous offre un grand format sans envergure. Demeurent deux solutions : le lire en anglais ou attendre une éventuelle réédition en poche à 5 euros. Pour l'heure : on passe.

ORG
Première parution : 1/1/2002 dans Bifrost 25
Mise en ligne le : 8/9/2003


     Dans un proche futur, Toronto est devenu une immense métropole ravagée par des émeutes. Son centre-ville forme un ghetto où les forces de police ne se montrent plus, une île isolée de ses banlieues par des barrages infranchissables. Une bande de truands dirigée par un certain Rudy y impose sa loi, celle de la terreur...
     Au sein de ce chaos de violence et de misère survit l'antillaise Ti-Jeanne, dont la grand-mère, l'énergique Mami Gros-Jeanne, est une sorcière vaudou et une guérisseuse. Ti-Jeanne — elle-même affectée par des visions difficiles à contrôler et donc « sorcière  » potentielle — vient d'avoir un bébé, à qui elle n'a pas encore donné de nom. Tony, le père de l'enfant, est un drogué tombé sous la coupe de Rudy, un raté qui ignore encore sa récente paternité.
     Cependant, madame le premier ministre a besoin d'une greffe de cœur. Pour des raisons purement électorales, elle décide de refuser les habituels organes porcins et exige un cœur d'origine humaine. On fait appel à Rudy pour trouver un donneur — pas forcément volontaire. La mission est confiée à Tony...

     La ronde des esprits est le curieux mélange d'une anticipation pessimiste assez classique et d'une intrigue fantastique tout aussi classique. Toronto ressemble au Manhattan du film de John Carpenter, New York 1997, tandis que le thème des greffes d'organes rappelle bien sûr Les Vautours de Joël Houssin. On y trouve d'ailleurs ce même terme pour désigner les collecteurs d'organes, dès la page 13, et on y note la même confusion entre moelle osseuse et moelle épinière, décidément agaçante.
     Sur ce sujet, le roman de Nalo Hopkinson se révèle beaucoup moins percutant que celui de son prédécesseur francophone. Prétexte léger et intrigue un peu molle ne parviennent pas à effacer le souvenir des terribles scènes où David Toland, le héros de Houssin, parcourait les lieux d'accidents pour fondre sur ses proies encore chaudes.

     L'originalité – modeste – du roman vient donc plutôt de la chaleur antillaise de l'écriture et surtout du mélange des genres, avec l'irruption de la magie vaudou dans ce contexte futuriste vite relégué au second plan. Sorciers et zombis mènent la danse à mesure que le récit bascule dans la pure terreur.

     Si la tonalité du style est agréable, l'anticipation manque trop d'acuité pour être vraiment intéressante et les aspects fantastiques ne sont pas traités avec assez d'intensité pour devenir réellement terrifiants. Ce premier roman ne marquera donc pas durablement les mémoires, mais il a le mérite de révéler un nouvel auteur jamaïcain prometteur, dont d'autres œuvres devraient être prochainement traduites en France.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/12/2001 nooSFere

Prix obtenus
Locus, Premier Roman, 1999


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