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Les Ombres de Wielstadt

Pierre PEVEL

Cycle : Wielstadt  vol. 1 


Illustration de Julien DELVAL

FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions (Paris, France), coll. Grand format - Fantasy
Dépôt légal : mai 2001, Achevé d'imprimer : mai 2001
Première édition
Roman, 308 pages, catégorie / prix : €=13,57
ISBN : 2-265-07044-0
Format : 13,0 x 20,0 cm
Genre : Fantasy

Autre prix : 89 FRF.


Autres éditions
   POCKET, 2003
   in La Trilogie de Wielstadt - L'intégrale, 2011

Quatrième de couverture
Hiver 1620 : le Saint Empire Romain Germanique est dévoré par les premiers feux de la Guerre de Trente Ans. Après s'être acquitté d'une délicate mission pour l'Ordre des Templiers, le Chevalier Kantz revient à Wielstadt, une cité allemande protégée depuis toujours par un mystérieux dragon.
Chasseur de démons initié aux arts secrets de la Kabbale, Kantz est un exorciste qui mène contre le mal une croisade solitaire et implacable. Rapière au poing, il va devoir traquer une insaisissable meute de goules qui répand la terreur dans la ville.
 
Entre Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas et Peter Pan de James Barrie (dont l'un des personnages du roman de Pevel, la petite fée Chandelle, semble s'être échappé), Les Ombres de Wielstadt adresse un démenti cinglant à ceux qui pensent que la fantasy est un genre réservé aux Anglo-Saxons. Du souffle, de l'imagination, du suspense, se l'érudition et un grand soin du détail : Pevel se hisse d'emblée au niveau des maîtres du genre, peut-être justement parce qu'il ne cherche pas à les imiter.
 
Unique, intense : à découvrir.
Critiques
     Imaginez le très sérieux Nom de la Rose, d'Umberto Eco, transposé dans un monde où toutes les créatures de la fantasy, du fantastique et des contes de fées surgissent à chaque page — faunes, goules, fées, centaures ou dragons — , avec en supplément un clin d'œil à la Cour des Miracles de Notre Dame de Paris, et des références érudites au texte biblique. Vous y êtes ? Eh bien vous avez Les Ombres de Wielstadt.

     À la lecture du prologue, on pense plonger tout droit dans le roman gothique : sur le mode impersonnel, on nous explique qu'un dragon millénaire veille sur « sa » ville au passé tumultueux, aux prises alors avec les conflits politico-religieux entre catholiques et protestants. Pourtant, dés le premier chapitre, le roman semble opter pour le conte, avec l'apparition d'une petite fée volante poursuivie par un corbeau. Ce personnage, récurrent dans l'œuvre, fait partie de ces nombreux éléments sans véritable rôle dans le récit mais qui contribuent par leur seule présence à créer une ambiance très « baroque ». Quelques pages plus loin, entre en scène le héros, Kantz, qui incarne la troisième orientation du roman : une sorcellerie toute fantasy. Si l'on ajoute à cela, intercalée entre ces chapitres, l'apparition d'un personnage mystérieux — et qui le restera pendant la plus grande partie du récit, on constate que l'ouverture du roman est extrêmement touffue ; d'aucuns diraient confuse. Mais pas de panique : les fils se nouent et, passée l'épreuve des cinquante premières pages, on a tout remis dans le bon ordre.

     L'intrigue repose sur le récit sanglant des exactions d'une bande de goules assoiffées de violence et de sang, et sur l'enquête menée par le Chevalier Kantz, exorciste patenté, qui ne rechigne pas à fréquenter les bas-fonds de la ville et le « Roi Misère » dans sa démarche. Le texte, qui ne se refuse pas quelques descriptions délicieusement « gore », a le souci de les contrebalancer par des anecdotes drôles et des dialogues savoureux. L'écriture, au rebours de la veine classique de la fantasy, amoureuse des digressions géographiques et sociologiques sur son univers, est dynamique, et le suspense parfaitement maintenu par une série de retournements et de révélations surprenantes. La conclusion, qui fait intervenir la mythique Sainte Vehme — et souligne le goût manifeste de l'auteur pour l'Histoire médiévale — est implacable.

     Les puristes du genre feront peut-être remarquer que l'ambiance fantasy du roman n'est qu'un décorum pour une simple intrigue historico-policière : il est vrai que le rythme effréné des événements entre en conflit avec l'élaboration d'un univers franchement original. Cela se passe comme si le monde que nous offre Pevel allait de soi. Un univers que n'auraient pas renié les tenants de la littérature décadente, dans lequel un faune tenancier d'auberge est aussi commun qu'un Monsieur Homais propriétaire d'une pharmacie dans Madame Bovary. Wielstadt n'est certes pas la Terre du Milieu. On est moins pris par un monde parallèle que par une galerie de personnages, drôles, attachants ou mystérieux, comme cette très énigmatique « Femme en Rouge », qui semble tout droit sortie des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas.

     En dépit de cette relative « modestie », il est clair qu'une fois rentré dans l'œuvre, on va jusqu'au bout, cette dernière ligne qui, achevée, nous fait dire qu'après tout, on signerait bien pour un second volume. Voilà qui n'est pas si courant en fantasy francophone, une réussite récemment saluée par le Prix de l'Imaginaire 2002, et à juste titre.

Sylvie BURIGANA
Première parution : 1/1/2002 dans Bifrost 25
Mise en ligne le : 8/9/2003


     Depuis des millénaires, le dragon protège la cité de Wielstadt, contre les invasions mais aussi contre ses propres habitants, qu'il oblige à vivre en bonne entente et à accueillir les différentes religions au nom desquelles on se déchire ailleurs. Nous sommes en 1620, au cœur du Saint Empire Romain Germanique, soit deux ans après le début de la guerre de Trente Ans.
     Le lieutenant Kantz est un homme d'épée au passé trouble. Ancien prêtre, il est devenu exorciste et traque sans répit les créatures démoniaques. Avec son ami Von Regenhalt, lieutenant du Guet, il va enquêter sur une série de crimes obéissant à un rituel précis  : les cadavres ont les paupières cousues, tels des anges aveugles...

     L'univers mis en place par Pierre Pevel est un nouvel exemple de fusion des genres réussie. Il s'agit d'une uchronie dont la divergence est imprécise, peut-être située au cours de la Renaissance, où sont réapparus les peuples fabuleux issus des mythologies antiques et celtiques  : faunes, centaures et fées traversent fugitivement le récit qui prend par instants les couleurs de la fantasy. Dans cette Histoire alternative, qui met en scène templiers, kabbalistes et autres fauteurs de troubles religieux, la trame est cependant celle d'une véritable enquête policière où l'on suspecte autant les goules que les humains. Pour l'atmosphère, elle tient plutôt du fantastique gothique, surtout quand tout accuse un spectre revenu assouvir sa vengeance  : on songe parfois aux images de Sleepy Hollow, le film de Tim Burton.
     Beaucoup de teintes différentes, donc, mêlée avec habileté par la vigueur d'un style simple, direct et efficace, qui tient en haleine de bout en bout. La comparaison avec Dumas en quatrième de couverture n'est pas imméritée. Le contexte historique est présenté de manière attrayante, les péripéties sont nombreuses et savamment orchestrées pour faire progresser les enquêteurs vers la vérité, de mystérieux personnages – dont une Dame en Rouge – ajoutent encore du charme à ces aventures historico-fantastico-policières. Bref, de la littérature « populaire  » de qualité.

     On pourrait émettre des réserves sur l'utilité d'éléments, comme les peuples fabuleux ou l'espèce de fée Clochette. Ces êtres n'ont quasiment pas de place dans l'intrigue et sont réduits au rôle de figurants, mais comme la cohérence du récit n'en pâtit pas et que ces créatures se trouveront peut-être au centre de prochaines enquêtes, nous n'y voyons pas un réel défaut.
     Après un tel roman, le lecteur ne peut s'empêcher d'espérer une suite dans le même univers, Kantz ayant l'étoffe d'un détective récurrent qui pourrait vivre bien d'autres aventures. Longue vie à Kantz  !

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 15/9/2001 nooSFere

Prix obtenus


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