Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Les Culbuteurs de l'enfer

Roger ZELAZNY

Titre original : Damnation Alley, 1969
Première parution : New York, USA : G.P. Putnam's Sons, 1969
Traduction de François LASQUIN
Illustration de Jean-Claude CASTELLI

CHAMP LIBRE (Paris, France), coll. Chute libre n° (3)
Dépôt légal : 2ème trimestre 1974, Achevé d'imprimer : 3 avril 1974
Première édition
Roman, 192 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : 2-85184-017-7
Format : 12,5 x 21,5 cm
Genre : Science-Fiction


Autres éditions

Sous le titre Route 666   DENOËL, 2000
Sous le titre Les Culbuteurs de l'enfer
   Jean-Claude LATTÈS, 1979
Sous le titre Route 666
   MNÉMOS, 2018

Quatrième de couverture
Lecteur
Ton époque : une farce dont tu es le figurant
Ton rôle : produire, en baver, la boucler
Ton avenir : produire plus, en baver plus, la boucler plus
Pourtant
Tout change : les idées, les sentiments, les désirs
Tout vibre : les corps, les villes, les planètes
Tout explose : les cerveaux, les poings, les sexes
Alors
Décroche : sans toi, la plaisanterie ne peut pas durer
Agis
Jouis
Chute libre
décrit ton époque : tout ce que tu as trop longtemps refoulé va jaillir
Alors
Mets-toi en chute libre.

Les culbuteurs de l'Enfer

Qui ? Hell Tanner.
Le dernier des Anges à moto.
Quand ? Bientôt. Après la guerre atomique.
Où ? Sur la route. A travers le continent américain.
Comment ? A toute vitesse.
En luttant contre des dangers inconnus.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (2000)

     Récit apocalyptique et numéro symbolique pour ce dernier volume de la collection « Présence du futur  » (il n'est pas certain, d'ailleurs, que les numéros entre le 632 et le 666 soient comblés), voici un Zelazny débarrassé de sa thématique mythologique mais qui a gardé le culte du surhomme. La nouvelle publiée en 1967 (L'Odyssée de Lucifer dans Galaxie n° 53) devint un roman deux ans plus tard, baptisé en français Les Culbuteurs de l'enfer, présenté ici dans une nouvelle traduction.
     Mad Max avant la lettre pour le périple automobile, précurseur du Snake Plissken de New York 1997 pour la mission confiée à un repris de justice, Hell Tanner est le prototype de toute une génération de mauvais garçons violents, héros malgré eux. Lui-même eut les honneurs de l'écran puisqu'il fut adapté au cinéma (Les Survivants de la fin du monde de Jack Smight). En échange de sa liberté, Tanner doit porter un sérum contre la peste depuis la Californie jusqu'à Boston décimée par l'épidémie. Mission pratiquement impossible, même pour un Hell's Angel aussi irréductible que lui, compte tenu des dangers qui l'attendent le long de la fameuse Route 666, à cause d'une nature frappée de gigantisme suite aux radiations, et les bandes organisées guettant les voyageurs.
     Comme dans toute quête, le héros sort transformé de l'épreuve. Bien qu'estimant ne rien devoir à l'humanité, Hell finit par admettre la nécessité de mener sa mission jusqu'au bout, afin d'accomplir une bonne action, même si c'est pour de mauvaises raisons. La rédemption semble être au bout de l'enfer, mais le rebelle conservera néanmoins son identité, comme en témoigne son irrévérencieux salut au monument érigé à sa mémoire.
     Le récit, linéaire, à l'ultraviolence bien conventionnelle aujourd'hui, reste d'une efficacité sans faille.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/6/2000
dans Galaxies 17
Mise en ligne le : 1/11/2001


Edition DENOËL, Présence du futur (2009)

     Hell Tanner est né pour être sauvage, et cela tombe très bien car son époque est à la sauvagerie. Depuis que la guerre nucléaire a ravagé le monde, les Etats-Unis d'Amérique ne sont plus qu'un désert humain livré à une faune et une flore mutantes. Dans ce paysage apocalyptique ravagé par des dust devils géants, creusé de cratères irradiés et laminé par des pluies diluviennes de pierres, l'humanité — quelques communautés isolées, épargnées par le feu atomique, vivant autour de centres urbains entrés en déchéance — survit dans l'attente de jours meilleurs. Arrive alors à Los Angeles un messager moribond porteur d'une terrible nouvelle. Boston, la deuxième cité la plus importante du continent, est en proie à une épidémie de peste. L'unique espoir de ses habitants réside dans un vaccin dont les seuls stocks se trouvent à Los Angeles. Et comme Boston se situe à l'autre bout du Nouveau Monde, reste à faire parvenir le précieux sérum. En l'absence de tout autre moyen de locomotion, c'est un convoi de véhicules blindés équipés de roquettes, lance-flammes et mitrailleuses qui s'en charge. Un voyage qui s'apparente davantage à une randonnée en Enfer qu'à un périple bucolique. Une tâche qui convient parfaitement à Tanner, l'ultime Hell's Angel de la Terre. En échange de sa libération, il accepte donc de prendre la route, flanqué de deux autres véhicules, au cas où il échouerait ou trahirait son engagement. La rédemption est à ce prix car en ce qui concerne la damnation, Hell n'a plus besoin qu'on lui fasse crédit.

     Publié dans nos contrées dans sa version novella sous le titre L'Odyssée de Lucifer (Galaxie n° 53, Opta) et dans sa version roman sous les titres successifs de Les Culbuteurs de l'enfer puis de Route 666, Damnation Alley n'appartient certes pas aux œuvres majeures de Roger Zelazny. Toutefois, ce livre fait montre d'une économie d'effets et d'une efficacité finalement assez revigorante. De quoi marquer suffisamment l'esprit, au moins le temps de sa lecture. Mentionné par Walter Jon Williams comme une des sources d'inspiration de Câblé, Damnation Alley a également fait l'objet d'une adaptation cinématographique nanardesque en 1977 de la part d'un illustre inconnu : Jack Smight. Cela fait beaucoup pour un court roman somme toute assez atypique dans la bibliographie de Roger Zelazny. En effet, nulle emphase poétique dans ce récit post-apocalyptique brut de décoffrage dont l'intrigue linéaire à souhait ne ménage que peu d'instants de répit. Nul jeu non plus avec une quelconque mythologie, encore que l'on puise considérer Hell Tanner comme une incarnation de l'archétype du mauvais garçon, hors-la-loi solitaire par choix, avec un petit quelque chose de Snake Plissken. La référence vient immédiatement à l'esprit, même si celle-ci est anachronique. Un individu taillé pour rétablir une certaine idée de la justice avant de passer son chemin.

     Damnation Alley est donc à prendre pour ce qu'il est : un récit très visuel et âpre. Un roman de gare exemplaire à lire à tombeau ouvert.

Laurent LELEU
Première parution : 1/7/2009
dans Bifrost 55
Mise en ligne le : 3/11/2010


Edition Jean-Claude LATTÈS, Titres/SF (1979)

 
     LOIN D'AMBRE ET D'OBERON

     Roman dur, bien rendu par la couverture de Nicollet. Expansion de l'Odyssée de Lucifer (Galaxie 53) qu'il transforma en roman : Damnation Alley. Le roman n'a pas alourdi la linéarité, n'a pas infléchi le punch de la nouvelle comme c'est souvent le cas. On en a d'ailleurs tiré un film, mais le succès n'a pas suivi. Peut-être parce que la traduction visuelle de l'écriture lui fait perdre sa cohérence onirique ? Roman un peu schématique : prenez un héros et mettez-le dans un contexte de conquête, c'est la SF des années 30. Prenez une Terre ravagée par la folie atomique, mettez en scène un antihéros, une brute et un truand, mais avec un défi au bout : faire ce que nul autre ne pourrait tenter, et la brute se pique au jeu, devient, ironiquement, dérisoirement, le Héros (avec une statue !).
     Et la possibilité d'un dernier pied de nez. En 1967, l'héroïsme ce n'est pas le Vietnam, ni la conquête stellaire ; c'est la terre infectée avec les mutations, les restrictions et toute une mosaïque d'états plus ou moins en relation avec les territoires, la tribalité. Seules les racines sauvages résistent. Il faut survivre.
     L'ouvrage, fort bien écrit, demeure ambigu, à propos de la violence, comme nombre d'ouvrages de la période : la violence est exhibée, elle fascine, on la craint, on la refuse, on la glorifie, on en refuse les conséquences, on veut s'en servir : on ruse avec. L'Ordre social apparaissait oppressif, sa destruction libère des possibles, mais le prix n'est-il pas inabordable ? A rapprocher de Rêve de Fer (1972) pour la mise en scène d'une fascination suspecte.

Roger BOZZETTO
Première parution : 1/11/1979
dans Fiction 305
Mise en ligne le : 3/8/2009


Edition Jean-Claude LATTÈS, Titres/SF (1979)

 
     DESCENTE AUX ENFERS

     Zelazny : Toujours le mythe du surhomme cher à l'ensemble de son œuvre, mais cette fois dans une situation et un décor fréquents en SF à la fin des sixties : une Terre post-atomique peuplée de monstres, de pillards et de radiations ; un héros de western : Helle Tanner, le dernier des Hell's Angels, qui se retrouve à pied, avec le choix suivant : crever sur la chaise ou se rendre utile à l'humanité et sauver la patrie. Que croyez-vous que fît notre loubard ? Eh bien, en bon Superman, il sauve l'humanité de la peste en bravant mille dangers dans sa voiture blindée. Et il arrive à y prendre goût ! Finalement, sous ses dehors de méchant, c'était un bon. De ce thriller classique a été tiré un film. Les Survivants de la Fin du Monde, que je n'ai pas encore osé aller voir. M'enfin, faut bien se défouler de temps en temps.

     Spinrad : Un anti Star-Wars de ... 67 ! (juste avant Bug Jack Barron). Les héros : un politicard véreux et défait, sa nana, au corps fulgurant et à l'intuition splendide, et un bandit qui n'est heureux que dans le massacre et le pillage. La situation : s'emparer du pouvoir (thème cher à Spinrad) sur une planète au « potentiel révolutionnaire élevé », grâce à l'appui des Opprimés locaux dont la fougue révolutionnaire a été habilement réveillée. Les méchants : tout le monde, mais surtout la caste dirigeante de la planète, la Confrérie de la Souffrance, ramassis de sadiques tenant une armée de bêtes à massacre (les Tueurs) et dont l'unique raison d'être est : infliger un maximum de souffrance pour en retirer un maximum de plaisir. Régime : exclusivement anthropophage. Tout un programme. De plus une bonne défonce apportée par les héros, l'Omnidrène, arrive à point pour leur procurer plus de plaisir et moins de vigilance, tandis qu'une plus insidieuse, l'érogyne, sert à former les troupes d'élite de la Révolution : une poignée de junkies entièrement dévoués à leur fournisseur. Déroulement, sur 315 pages : massacres, tueries, étripailles, tortures, bains de sang par m3, hurlements, MEURS MEURS MEURS, stratégies, traîtrises, hyper-défonces, retours-sur-soi, amour, mort, carnages, pillages, cannibalismes, fanatisme, égocentrisme, cynisme, etc., etc. en un bouillon sanglant d'où nos héros se tirent à la fin honteux et dégoûtés, avec un soupir de soulagement poussé conjointement par le lecteur.

     Devinette : quels sont les deux points communs à ces deux chefs-d'œuvre ?
     Réponse : l'hyper-violence, en vogue à cette époque (si l'on peut dire), et aussi l'unique tentative de ces deux auteurs de profiter de la mode pour se laisser aller dans la facilité — ou l'écriture masturbatoire, comme on voudra, cher Dr Libido.
 

Jean-Marc LIGNY (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/9/1979
dans Fiction 304
Mise en ligne le : 23/10/2009

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Les Survivants de la fin du monde , 1978, Jack Smight

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 80207 livres, 94086 photos de couvertures, 76250 quatrièmes.
9267 critiques, 43523 intervenant·e·s, 1673 photographies, 3786 adaptations.
 
Vie privée et cookies/RGPD
A propos de l'association. Nous contacter.
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes.
Trouver une librairie !
© nooSFere, 1999-2023. Tous droits réservés.