Une nouvelle maison d'édition, avec une collection de SF, ça se salue. Même si elle débute en recyclant les héros et les motos de la feue série « Zone rouge » du Fleuve. Même si on peut trouver assez peu plausible une Terre réduite en 2036 à une Europe où demeurent trois villes, du fait de convulsions telluriques et d'une guerre nucléaire. Où des adultes ne savent plus ce qu'était une choucroute (sic). Où une dictature écologiste a sévi. Où l'avènement d'un tyran bâtisseur de donjon a été préparé par les droit-commun chargés de liquider les dissidents, ceux qui refusaient les prohibitions (dont celle des moteurs à essence), ceux qui incarnent la liberté et tout et tout, bref les Motards. Ne ricanez pas : on a échappé aux chasseurs-pêcheurs. Iceux « rebelles » sont désormais aidés par les mystérieux pilotes de super-engins volants, spatiaux et sous-marins, venus apparemment d'une dimension perpendiculaire et mystique... Bien entendu, on peut se contrebattre des incohérences. D'une psychologie infra-goldorakienne. Et d'une inspiration politique peu ragoûtante. Et, au contraire, apprécier le déploiement de réelles compétences technologiques. Vénérer les gros cubes. Ou se dire que c'est un biais pour amener à la SF un public spécifique, du côté du Bol d'or ou de quelques manifs, encore que ce public risque par la suite de ne guère trouver son compte dans le reste du genre... On peut aussi passer son chemin, en attendant mieux chez ce nouvel éditeur.
Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/6/2000 dans Galaxies 17
Mise en ligne le : 26/10/2001
Avec Djet Glider, Serge Séguret (né en 1958), publie son quatrième roman et inaugure du même coup un cycle de SF et la première collection d'un nouvel éditeur : Oxalis.
Sur la Terre, en 2036, après une terrible guerre nucléaire, la société qui en est issue rejette l'utilisation de toutes les technologies, jugées responsables de la tragédie. De toutes, y compris celle du moteur à essence, ce qui proscrit les motos, et par conséquent les motards. Ceux qui persistent à chevaucher leur engin sont donc des parias bons pour l'extermination. Sur décision de qui ? D’un dictateur et de ses sbires, répliques d'Adolf et du KKK, qui eux, se sont bien gardés de se priver des avantages de la technologie guerrière.
Bon, une société en voie d’asservissement par la seule volonté d'un fou furieux, voilà qui n'est pas très original, me direz-vous. Peut-être, mais l'attrait du roman tient surtout à la capacité de Séguret à nous faire entrer dans la peau de ces résistants à moto. Et puis il y a les personnages de Djet Glider et de ses « Ailes Angels », si j'ose dire.
Enfin, nous y voilà, qui est Djet Glider ?
C'est un homme, mais aussi apparemment un peu plus que cela, qui prend fait et cause pour les pourchassés :
D'abord, il pilote un sky-jet, un engin extraordinaire qui tient à la fois de la moto spatiale et du sous-marin, et redoutablement armé de surcroît.
Ensuite, c'est un ancien motard, et on découvre peu à peu qu'il vient du monde d'Ëâu. Mystérieux monde, dont on ne sait s’il est extraterrestre, extra-temporel, ou les deux à la fois.
Ce premier volume du cycle nous présente donc les prémices de la lutte féroce entre le Dictateur et Djet Glider.
Ai-je bien fait comprendre que c'est un roman où l'action est reine, un roman très rythmé que personnellement j'ai lu avec beaucoup de plaisir ? Séguret pratiquant lui-même la moto et l'aviation, il est capable de vous emmener en virée sur son sky-jet et de vous faire virevolter au-dessus de l'ennemi pour le dégommer par la seule vertu de courtes phrases tirées en rafale.
Certains lecteurs pourront être surpris, car il est aussi question dans ce roman de techniques motoristes et aéronautiques. Mais enfin, s'est-on jamais plaint d'entendre parler de drisses dans les romans maritimes de London ?
Et puis une fois refermé ce premier volume, bien des questions réclament une réponse : qu'en est-il exactement du monde d'Ëâu ? Qui est réellement le Dictateur ? Quelle tournure va prendre la guerre entre la Terre du Dictateur et le monde d'Ëâu ?
En somme, malgré quelques réserves sur la présentation trop caricaturale du Dictateur, ce premier opus se lit à la vitesse d’un sky-jet et on enrage de devoir attendre pour en connaître la suite.
Hervé COSTILLE (lui écrire)
Première parution : 26/5/2000 nooSFere