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L'Héritage de saint Leibowitz (Amen Ier)

Terry BISSON & Walter Michael MILLER

Titre original : Saint Leibowitz and the Wild Horse Woman, 1997
Première parution : Orbit, septembre 1997
Cycle : Leibowitz (découpage annexe)

Traduction de Jean-Daniel BRÈQUE
Illustration de Sandrine GESTIN

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur n° 596
Dépôt légal : octobre 1998
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 6
ISBN : 2-207-24616-7
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Des siècles après un CONFLIT DÉVASTATEUR, quelques communautés éparses émergent de la barbarie. Parmi elles, un ORDRE RELIGIEUX fondé par Leibowitz, un savant devenu moine, pour sauvegarder les livres et le savoir qui subsistent. Telle est notamment la tâche, bien plus tard, alors que l'Église a resurgi de ses cendres, de frère Dent-Noire, un moine d'origine nomade qui songe à renoncer à ses vœux. Le monde occidental semble sur la voie d'une RENAISSANCE, mais l'élection d'un nouveau pape va remettre LE FEU AUX POUDRES à travers l'affrontement d'une Église qui cherche à étendre son influence spirituelle et politique sur les peuples nomades et d'un pouvoir séculier qui cherche à imposer sa propre loi...
     Attendue depuis plus de trente ans, cette arborescence d'Un cantique pour Leibowitz, devenu un classique de la S.-F., est un ÉVÉNEMENT !

L'auteur
     Walter M. Miller (1922-1996) est un ancien pilote de chasse qui a effectué durant la Seconde Guerre mondiale une vingtaine de missions sur l'Italie et les Balkans, notamment au-dessus du mont Cassin, où se trouve le vieux monastère désormais célèbre. C'est ce terrible combat qui lui aurait inspiré Un cantique pour Leibowitz et la présente ramification. Miller ayant mis fin à sa vie alors qu'il lui restait cinq chapitres à rédiger, c'est Terry Bisson qui a achevé (magnifiquement) L'Héritage de saint Leibowitz.
Critiques
     Aujourd'hui encore, Walter M. Miller reste un mystère. Après une première période très productive — 42 nouvelles et novellas parues entre 1951 et 1957 — l'auteur obtint en 1960 un grand succès public avec Un Cantique pour Leibowitz, succès qui n'est sans doute pas étranger au fait que ce livre fut publié hors collection spécialisée. Puis plus rien. Hormis une anthologie consacrée à la guerre nucléaire — un thème pour le moins récurrent dans son œuvre — co-éditée en 1985 avec Martin H. Greenberg, Miller demeura muet jusqu'à sa disparition, début 96. Pas étonnant donc que la parution posthume de L'Héritage de Saint Leibowitz fasse figure d'événement.
     Qu'un romancier revienne plusieurs décennies plus tard à l'œuvre qui l'a rendu célèbre n'a rien d'original. Cela n'a rien de rassurant non plus, les lecteurs de Fondation ou du Monde des A ne me contrediront pas sur ce point. Précisons tout de suite que L'Héritage de Saint Leibowitz n'est pas exactement une suite. La quatrième de couverture le présente très justement comme une arborescence, une ramification. L'histoire se déroule au XXXIIIe siècle, environ soixante-dix ans après la fin de la deuxième partie d'Un Cantique pour Leibowitz, dans laquelle un savant se rendait à l'abbaye de Leibowitz pour y retrouver les connaissances perdues de l'ancien monde. Ses recherches ont porté leurs fruits et la civilisation bénéficie désormais de « nouveaux » progrès techniques tels que le télégraphe, la dynamite ou les armes à feu. Du point de vue politique, la situation est de plus en plus tendue. D'un côté, l'Empire du Texarkana, qui a consolidé ses conquêtes du siècle précédent et s'affirme comme la puissance majeure du continent. De l'autre, la papauté, obligée de quitter la Nouvelle-Rome pour se soustraire à l'influence de l'empereur texark, et à présent en exil dans la ville de Valana. Entre les deux, les tribus de nomades que l'un et l'autre camp vont tenter de rallier à leur cause. A l'occasion de l'élection du nouveau pape, le conflit larvé va éclater au grand jour, conduisant inévitablement à la guerre. Témoin privilégié de cet affrontement entre les grands de ce monde, frère Dent-Noire Saint-Georges, simple moine à l'abbaye de Leibowitz, doutant de sa vocation, et qui verra sa vie bouleversée lorsque le cardinal Poney-Brun lui proposera de se mettre à son service et de l'accompagner à Valana.

     Tous ceux qui ont lu Un Cantique pour Leibowitz seront sans doute d'accord pour reconnaître qu'il s'agit là d'un des livres majeurs de la science-fiction. Emblématique des peurs de son époque, il tranchait en outre sur la production S-F américaine des années cinquante par la noirceur de son propos, son pessimisme. On s'en doute, ce nouveau volume ne tient pas la comparaison face à son illustre prédécesseur. Il s'agit pourtant d'un fort bon roman. Miller décrit avec une profusion de détails et une bonne dose d'ironie cette société qui, au moment où elle retrouve la voie du progrès, renoue avec ses pires travers. Sur le fond, l'auteur a toujours aussi peu foi en l'homme, et même les institutions religieuses, qui autrefois jouaient un rôle capital dans la préservation des connaissances et au final assuraient la survie de l'humanité, ne sont cette fois pas épargnées, pas plus l'épiscopat, prêt à fouler au pied ses dogmes pour asseoir son pouvoir, que les moines de Leibowitz, imperméables aux mutations du monde qui les entoure et choisissant de s'abriter frileusement derrière leurs préceptes rigides plutôt que de se remettre en question. L'Héritage de Saint-Leibowitz raconte avant tout la quête d'un homme, Dent-Noire, qui, insatisfait des modèles de vie qu'on lui propose, n'aura de cesse de trouver sa propre voie. Là se situe la différence majeure entre les deux romans : alors que le premier dressait un réquisitoire sans concession à rencontre de la société dans son ensemble, le second s'intéresse essentiellement à l'individu et au sens qu'il peut donner à sa vie, malgré le monde. Derrière les mots, Walter M. Miller n'a jamais été aussi proche de nous.

Philippe BOULIER
Première parution : 1/2/1999 dans Bifrost 12
Mise en ligne le : 1/11/2003


     Tout le monde se souvient d'Un cantique pour Leibowitz, le chef-d'œuvre de Walter Miller, où, après l'holocauste, le savoir perdu est archivé par les moines de l'abbaye de Leibowitz, les équations de Maxwell comme les schémas électroniques étant interprétés dans une optique religieuse. Le savoir reconquis aboutit à une seconde destruction de la civilisation.

     Les événements de L'Héritage se déroulent alors que l'humanité refait surface, au XXXIIIe siècle. Le télégraphe est balbutiant, on ne parvient pas encore à fabriquer de l'électricité en quantité suffisante, les premières armes à feu réapparaissent. L'Église, omniprésente, en conflit avec l'Empire du Texark, s'est implantée à Valana, puis à la Nouvelle Jérusalem, la Nouvelle Rome se trouvant en territoire texark. Dans les plaines, trois hordes de Nomades, Lièvre, Sauterelle et Chien Sauvage, tentent de préserver leurs territoires. Les mutants, exilés dans les collines, forment un groupe à part dont les meilleurs représentants (et espions) sont les spectres, des individus qu'aucune tare visible ne stigmatise. Alors que le sacré collège se réunit pour élire un nouveau pape, le cardinal Poney-Brun manœuvre pour réunir sous la bannière de l'Eglise les hordes et les spectres afin de vaincre Filpeo Harq, empereur du Texark. Ces événements sont vus à travers les yeux de Dent-Noire, moine leibowitzien plutôt frondeur, partagé entre la révolte et l'obéissance, enrôlé comme traducteur des langues nomades au service de Poney-Brun.

     Le pessimiste Miller nous conte par le détail ce nouveau gâchis de l'humanité incapable de renoncer à la violence. Il présente pourtant des personnages capables d'ouverture et ce n'est pas sans largesse d'esprit (ni sans humour) que les croyances des hordes se trouvent parfois amalgamées à celle de l'Église, le cardinal Poney-Brun devenant même chaman chrétien des hordes. Cette vaste fresque foisonnant d'intrigues se révèle passionnante à lire même si elle n'apporte rien de neuf, sur le plan des idées, par rapport au premier volume. Le style de Miller, simple et clair, est réjouissant par son humour discret qui se manifeste dans les situations et les commentaires pince-sans-rire. La lecture demande cependant une attention soutenue en raison du très grand nombre de personnages (plus d'une centaine), qui sont souvent désignés par leur deuxième nom, leur titre ou leurs fonctions, lesquelles peuvent changer en cours de récit.

     Cette suite publiée presque quarante ans après Un cantique pour Leibowitz n'aurait pas vu le jour sans le travail admirable de Terry Bisson, qui en a achevé la rédaction en collant très étroitement au style et à l'esprit de Miller. Il permet de mettre ainsi un point final à une œuvre qui aura profondément marqué la science-fiction.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/9/1998 dans Galaxies 10
Mise en ligne le : 21/11/2008

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