POCKET
(Paris, France), coll. Le Livre d'or de la science-fiction n° 5177 Dépôt légal : décembre 1983 Première édition Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-266-01365-3 Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Jean-Pierre Andrevon, né en 1937, est devenue dans les années soixante-dix la superstar de la science-fiction française. Il s'est illustré dans le roman (les Hommes-Machines contre Gandahar ou le Déser du monde) mais plus encore dans la nouvelle, voire dans l'histoire très courte. Homme-orchestre, il a prouvé son talent dans les arts plastiques (peinture, dessin de presse, B.D.), le film et même la chanson. Ses manifestes et ses textes critiques en ont fait le leader d'une génération. Totalement sincère, il évoque la menace de la guerre, du totalitarisme et de la pollution ; il vit dans la hantise de la mort et de la fin du monde, ne voyant d'autre espior que le retour à la terre, à la fraternité communautaire, à l'animal même. Son écriture précise, d'un réalisme rare en S.-F., donne plus de force encore au souffle visionnaire qui anime ses récits.
1 - Patrice DUVIC, La Mort, le réveil, pages 7 à 26, préface 2 - La Réserve, pages 27 à 38, nouvelle 3 - Le Château du dragon, pages 39 à 56, nouvelle 4 - Un petit saut dans le passé, pages 57 à 80, nouvelle 5 - Scant, pages 81 à 105, nouvelle 6 - La Télévision, pages 106 à 107, nouvelle 7 - Neuf déchirures dans la trame de la désespérance quotidienne, pages 106 à 117, nouvelle 8 - Le Combattant, pages 107 à 108, nouvelle 9 - Le Trou, pages 108 à 109, nouvelle 10 - Dernières classes, pages 109 à 110, nouvelle 11 - Crime de jeunesse, pages 110 à 111, nouvelle 12 - La Nuit de la tendresse, pages 111 à 112, nouvelle 13 - Le Quartier des étoiles, pages 113 à 114, nouvelle 14 - Planification, pages 114 à 116, nouvelle 15 - Le Désir, pages 116 à 117, nouvelle 16 - Salut, Wolinski !, pages 118 à 132, nouvelle 17 - Le Dernier dinosaure, pages 133 à 160, nouvelle 18 - Quelques chansons, pages 161 à 166, nouvelle 19 - Les Retombés, pages 167 à 228, nouvelle 20 - De "A" à "Z", pages 229 à 232, nouvelle 21 - Le Réseau, pages 233 à 236, nouvelle 22 - Le Monde enfin, pages 237 à 304, nouvelle 23 - (non mentionné), Bibliographie de Jean-Pierre Andrevon, pages 305 à 316, bibliographie
Critiques
La mort et la guerre, nous dit Duvic dans sa préface, telles sont les mamelles où puise la création andrevonienne. Telle est l'imprégnation majeure de sa pensée, dont à ce jour il ne dévia guère : le pessimisme foncier, enrobé peut-être de vision sarcastique comme un gâteau de glaçage au sucre. On peut difficilement contester cette approche, pour autant du moins que l'on corrige l'influence d'une jeunesse marquée par la guerre au travers des préoccupations socio-politiques qui traversèrent les vingt dernières années. Car les mouvements des années soixante et soixante-dix ont motivé Andrevon autant sinon davantage qu'Hiroshima. Jean-Pierre Andrevon ne se satisfait pas de son réel. Il traque sous les apparences toute cette effroyable logique qui sous-tend l'existence des affrontements planétaires, de la société nucléarisée, d'un monde hyper-policé... Qui fait le lit du poulailler futur, pour citer son dernier roman.
Ne serait-ce là, comme tendent à le présenter les contempteurs de la SF « politique », qu'affaire de mode ? Andrevon vieillit, de plus en plus nihiliste, de moins en moins militant. Mais jamais il ne varie sur le point essentiel : l'artiste se doit d'entrer en résistance. Retournons les fusils, nous crie Ziegler. Andrevon demeure celui qui, dans Le monde enfin, fit montre d'une conscience écologique nourrie d'une véritable connaissance de la nature et de la vie.
Bourru, taciturne, parfois rébarbatif Andrevon ? Bien sûr qu'il se protège ! Mais l'écrivain ne doit-il pas essentiellement figurer dans ses textes ? Andrevon reste à ce jour l'un de nos meilleurs nouvellistes, l'auteur également de ce très fort roman qu'est Le désert du monde. C'est un écrivain qui part dans tous les sens, frénétiquement, explorant sans cesse de nouveaux moyens d'expression. Fuite en avant, désir de figurer comme certains l'ont sous-entendu ? Ou plutôt frénésie de porter au jour les visions qui lui mangent l'esprit ? Ce n'est pas pour rien qu'Andrevon est l'un des auteurs non pas les plus visuels, mais les plus visualisants de sa génération. Tout est dans le texte, et dans les autres moyens dont il use, avec plus ou moins de bonheur.
Le choix opéré dans son œuvre par Duvic a le mérite de mettre en lumière les facettes d'Andrevon et parfois, car ce choix n'est heureusement pas trop construit, ses ambiguïtés. On pourra certes regretter l'une ou l'autre absence.,.. Dans l'ensemble le panorama demeure fidèle. On me permettra d'avouer mes préférences : Scant, Salut, Wolinski !, Le dernier dinosaure et surtout ce petit chef-d'œuvre, Le monde enfin. On me permettra également de n'être pas convaincu par l'œuvre de parolier d'Andrevon. On ne peut tout aimer.