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Biographie comparée de Jorian Murgrave

Antoine VOLODINE


Illustration de Daniel FURON

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur n° 397
Dépôt légal : mars 1985
Première édition
Roman, 224 pages, catégorie / prix : 6
ISBN : 2-207-30397-7
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Autres éditions
   in Volodine, DENOËL, 2003

Quatrième de couverture
     Originaire d'une planète détruite par la guerre, Jorian Murgrave est hanté par d'atroces souvenirs que n'adoucissent pas ses expériences terrestres : enfance concentrationnaire, amitiés ratées, révolutions défigurées, tortures et chasses. Ce n'est pas sur Terre qu'il trouvera le repos auquel il aspire : traqué, emprisonné, supplicié, il doit sans cesse échapper aux pièges qui lui sont tendus.
     Des illuminés recueillent les traces biographiques qu'il a laissées ici ou là pour brouiller les pistes. Les enquêteurs y cherchent de quoi abattre leur ennemi. En vain. Jorian Murgrave semble être invulnérable. Jusqu'au jour où ses tortionnaires s'introduisent dans ses rêves...
     On découvrira, dans cette première oeuvre d'un jeune auteur, une originalité et une force peu communes.
Critiques
     Un méchant E-T, un « Bug Eyed Monster » (il possède un oeil frontal, dix-huit paires de membres, des pinces qui vous découpent les têtes comme autant de feuilles de papier) a fui sa planète d'origine, Szeczka, où la violence est continuelle, pour se réfugier sur Terre, ou il peut prendre de nombreuses apparences ; il s'y déchaîne (clac ! les têtes...} et est traqué par une police spéciale, dont deux des brigadistes principales sont deux femmes superbes. Le chasseur devient chassé, il y laissera sa peau écailleuse...
     Ne dirait-on pas une de ces bonnes vieilles séries B des ann6es 50 ? Voire une nouvelle des années 30 issue de quelque pulp poussiéreux ? Que nenni ! D'abord, pour bien comprendre de quoi il est question dans cette Biographle comparée, il est prudent de se reporter au « dos » de I'ouvrage, et même si la prière d'insérer réservée à nous autres messieurs les critiques. Car le récit des malheurs du Murgrave, loin d'être raconté de façon linéaire, est au contraire morcelé en de multiples « récits dans le récit », tous écrits à la première personne par des intervenants énigmatiques ; et, loin de tracer un tableau cohérent d'une chasse à I'homme (pardon : au monstre), avec des repères géographiques ou temporels précis, le lecteur ne peut qu'avancer en aveugle (et en zigzag) a. travers une suite de séquences brisées, du style pirandellien de « chacun sa vérité ».
     Le chasseur chasse, à la fois monstrueux et pitoyable, est-il coupable, innocent ? Est-il le produit sans moralité ni messagers de justice ou les représentants d'un monde, le notre, pas plus clément que celui d'où il vient ? Mystère et boule de gomme — d'autant que la société terrestre décrite par Volodine semble être, a I'instar de ce nom (un pseudonyme, murmure-t-on) URSSisée a l'extrême (le seul journal dont il est fait mention est la Vsemirnaïa Pravda, et encore tout y est-il censuré), et même stalinisée jusqu'au trognon, en vertu d'une économie de guerre (atomique) ou le citoyen ordinaire en est réduit à chasser la grosse araignée mutante pour se nourrir : Aujourd'hui les légendes revivent à leur manière : aujourd'hui les hommes sont habillés de lambeaux graisseux ; ils terrassent de très, très petits dragons avec des morceaux de planches (p. 172).
     En somme, il semble bien que les forces en présence soient renvoyées dos-à-dos, et avec un ricanement de surcroît. Les terriens, vus par les E-T ? Nous avons contre nous I'horreur que soulève en nos âmes leurs cauchemars et leurs guerres : rien de grave (p. 202). Un livre dont I'éparpillement cache la densité, ou I'argument archétypal cache une réflexion kafkaïenne — mais ou surtout l'écriture, porteuse, est constamment superbe par delà des difficultés de surface de lecture. Ou est la SF française. se lamentait-on depuis quelques années ? Elle est chez Volodine, elle est chez Maurice Mourier (Parcs de mémoire) : à un endroit où on ne I'attendait pas — pas chez les jeunes Turcs issus des fanzines, mais chez des écrivains venus de la « littérature générale » . Que ce soit Elisabeth Gille qui ait percu et favorisé cette émergence est un nouveau blason a ajouter à « Présence du futur ».

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/6/1985 dans Fiction 363
Mise en ligne le : 5/1/2005

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Association Infini : Infini (3 - liste francophone) (liste parue en 1998)

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