Né dans l'Illinois en 1952, il a conquis de nombreux diplômes littéraires à l'université de San Diego (Californie). Dès son premier roman, Le rivage oublié, publié chez J'ai lu, il a suscité l'enthousiasme de la critique et du public.
C'est une bien étrange planète que celle de Kim Stanley Robinson ...
Une planète
... où le cauchemar des Vénitiens est devenu réalité, contraignant l'un des derniers habitants de la cité à pêcher au fond des eaux les trésors qui iront orner les maisons japonaises...
... où les acteurs découvrent leur rôle en même temps que les spectateurs, parfois au risque de leur vie, comme dans cette pièce élisabéthaine retrouvée...
... où le pilote américain qui survole Hiroshima un matin de juillet 1945 ne peut se résoudre à appuyer sur le bouton, modifiant ainsi le cours de l'histoire.
1 - Venise engloutie (Venice Drowned, 1981), pages 5 à 35, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 2 - Mercuriale (Mercurial, 1985), pages 37 à 84, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 3 - Sur la ligne de crête (Ridge Running, 1984), pages 85 à 108, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 4 - Le Déguisement (The Disguise, 1977), pages 109 à 158, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 5 - Le Lucky Strike (The Lucky Strike, 1984), pages 159 à 215, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 6 - Retour à Dixieland (Coming Back to Dixieland, 1976), pages 217 à 254, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 7 - Les Oeufs de pierre (Stone Eggs, 1983), pages 255 à 267, nouvelle, trad. Michel DEMUTH 8 - L'Air noir (Black Air, 1983), pages 269 à 310, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
Critiques
Alors que le public français a découvert Kim Stanley Robinson au travers de ses romans (Les Menhirs de Glace, Le Rivage Perdu), ce volume vient à point pour nous rappeler qu'il a longtemps fait carrière de nouveliste dans les anthologies américaines Orbit et Universe, et aussi dans l'édition américaine de notre revue.
Le recueil présente une grande diversité d'époque de composition, de thème, de cadre, et de niveau : Robinson a atteint une maturité remarquable dont Retour à Dixieland ou Le déguisement, les nouvelles les plus anciennes, ne sont pas encore représentatives. Il leur manque à mon goût la complexité de Mercuriale ou l'originalité de Le « Lucky Strike ».
Un thème pourtant se dégage de la diversité : celui de la falsification. A mi-chemin de l'obsession de l'authenticité chère à Philip K. Dick et des manipulations de la mémoire de Gene Wolfe, elle joue un rôle sous une forme ou sous une autre dans les trois quarts des textes du livre. « All these bizarre distortions from the real... », faisait dire l'auteur à la statue de James Joyce dans sa très amusante introduction, hélas absente de l'édition française. Il peut donc s'agir de déguisement à l'intérieur d'un déguisement comme dans le texte du même nom, où le problème est qu'un acteur tragique joue trop bien son rôle ; de réécriture de l'histoire comme dans L'air noir (un peu) ou Le « Lucky Strike » (beaucoup, puisque Hiroshima n'y aura pas lieu) ; ou enfin de recréation plus ou moins honnête d'une forme d'art qui appartient au passé, comme dans Retour à Dixieland ou Mercuriale.
Mais le passé peut-il être propriétaire d'une forme d'art ? Robinson a déclaré ailleurs son intérêt pour le contexte historique, et puise comme nous tous dans notre héritage culturel pour établir ses canons esthétiques. Comme le plongeur de Venise engloutie retrouve les images du passé qui feront vivre son présent ; et le pire qui puisse arriver à quelqu'un est de perdre la mémoire, même s'il est heureux dans l'instant (Sur la ligne de crête).
Les influences esthétiques les plus variées se sont exercées sur les textes de ce livre (les fans des Doors penseront à Horse Latitudes en lisant L'air noir, et tous doivent reconnaître l'ombre de Sherlock Holmes dans la lumière insoutenable qui baigne Mercuriale). L'ensemble est une mine de plaisirs raffinés.