DEGLIAME
, coll. Grand format n° (9) Dépôt légal : mai 2004 Première édition Roman, 256 pages, catégorie / prix : 14,40 € ISBN : 2-914088-52-3 Genre : Fantasy
Quatrième de couverture
Alaet n'aurait jamais dû s'arrêter dans cette ville de bord de mer. Il n'aurait jamais dû non plus franchir la porte de l'auberge. Mais le mal est fait, et le voici jeté, pour un vol qu'il n'a pas commis, sur un bateau-prison. Il sait que personne ne paiera l'amende pour sa libération et s'attend à passer le reste de ses jours sur le bagne flottant... Le salut viendra de l'océan. Urwadu, la reine des sirènes, propose aux prisonniers de les aider à s'évader en échange d'un service : qu'ils la conduisent au Bord du monde où réside la déesse de son peuple. Alors commence une épopée fantastique à travers le grand Océan peuplé de monstres, de pirates et de spectres des mers. Avec, au final, une révélation sur le destin des dieux...
Laurent Genefort. Né en 1968, il fait partie des meilleurs auteurs de science-fiction français, avec une trentaine de titres parus. C'est au genre de la fantasy que s'attaque aujourd'hui ce créateur d'univers, lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire en 1995.
Critiques
Alaet possède un don certain pour se plonger dans les pires ennuis. Dans la ville balnéaire de Jinjamandou, il tombe dans un piège grossier qui le mène droit dans les cales d'un navire-prison. Au milieu de pirates et de crève-la-faim, Alaet doit survivre. Mais le destin tourne lorsque les sirènes demandent aux prisonniers de les aider dans une quête incroyable : retrouver leur déesse cachée au Bord du Monde ! Après quelques tours de magie, nos apprentis marins se retrouvent sur des eaux noyées d'embûches...
Alaet, le héros récurrent des livres jeunesse de Laurent Genefort, est de retour. Après avoir combattu le temps dans le précédent volume (Le Sablier maléfique), il trouve la grande aventure sur les océans. Genefort s'est fait plaisir en écrivant un roman maritime où se croisent légendes, superstitions, monstres et combats de pirates. On retrouve l'ambiance tendue qui devait régner sur les embarcations d'antan. Ainsi que des personnages pittoresques qui parsèment le livre de petites touches humoristiques. Dans des chapitres très courts, les péripéties se succèdent à un rythme endiablé, donnant un souffle permanent à l'action. Les héros ont rarement le temps de se reposer ; le lecteur aussi.
Cette odyssée d'Alaet est une aventure de fantasy classique de bonne facture. Agréable à lire, elle s'inscrit dans la continuité de cette série sympathique qui, après déjà six tomes parus en poche et un en grand format, attend des suites. De nouvelles contrées, de nouveaux monstres, de nouvelles mésaventures...
Dans cette nouvelle aventure, la neuvième si l'on excepte plusieurs nouvelles parues dans diverses anthologies et revues (dont l'une au sommaire du Faeries n°1), Alaet se lance à la conquête de Wethriat, l'océan encerclant l'univers médiéval/fantastique imaginé par Laurent Genefort. Car si l'auteur avoue volontiers les influences qui menèrent à la création de son jeune héros, mélange du Cugel de Jack Vance (à qui il dédicace d'ailleurs la nouvelle Huldor parue dans l'anthologie Fantasy du Fleuve Noir), du Souricier Gris de Fritz Leiber et du Sindbad le Marin des Mille et une Nuits, c'est bien à ce dernier qu'il s'apparente le plus dans cet Odyssée des Sirènes.
Emprisonné suite à la roublardise des habitants de Jinjamandou, Alaet se retrouve enfermé sur le Nereis, un navire prison qu'il ne pourra quitter qu'à la condition que de riches parents déboursent une caution exorbitante. Se sachant orphelin, notre jeune héros ne peut que maudire la négligence qui l'a poussé à se faire accuser d'un vol qu'il n'avait pas commis et prendre son mal en patience. Lui et ses compagnons d'infortune sont alors contactés par Urwadu, la reine des Sirènes, qui leur propose de les faire s'évader en échange d'un service que seule la débrouillardise des gens des terres sèches peut permettre de mener à bien. On suivra dès lors sans ennui ni répit cet odyssée du Nereis qui mènera son équipage de fortune constitué de deux clans rivaux : les gentils dirigés par Boran et Ragal et les affreux de l'infâme Requin, sur la piste de Tersikore, la déesse déchue des Sirènes, par delà l'anneau bouillant qui encercle l'océan et jusqu'à la légendaire muraille qui borde le monde.
Malgré sa simplicité et un style volontairement moins bon que celui auquel Laurent Genefort nous avait habitué avec des œuvres telles que Omales, Une Porte sur l'Ether ou bien encore Les Opéras de l'Espace, l'Odyssée des Sirènes est un livre qui se laisse lire agréablement. Les chapitres sont très courts et fourmillent d'idées, développant à chaque fois une nouvelle péripétie dans un style rappelant les aventures du John Carter de Burroughs, et chaque fin relance l'action par un questionnement ou une nouvelle découverte dans la tradition des grands feuilletonistes du 19ème siècle.
Et l'effet est sans appel : on ne peut que se laisser entraîner dans un tourbillon d'aventures qui ne nous laisse, encore une fois, sans ennui ni répit.
Le divertissement est là, et c'est bien ce qui caractérise le plus cet ouvrage destiné aux ados et pré-ados. Cependant, Bruno Bettelheim regretterait, et on ne pourrait qu'agréer en ce sens, l'absence de message ou d'implication du lecteur (au-delà de l'identification physique au héros) qui puisse permettre à l'enfant de solutionner les problèmes et questionnements qui jalonnent son initiation à la vie, comme c'est le cas et à priori le but de récits destinés à la jeunesse, tels les contes de fée ou, plus récemment, les romans de J. K. Rowling.