La couverture donne le ton du livre. Elle propose un visage féminin, cerné et coiffé de boules roses d'où s'étirent des antennes tournées vers des visages d'hommes relativement identiques, dotés chacun d'un attribut (moustache, bonnet phrygien, etc.) qui renvoie à une époque historique précise.
Il s'agit en effet du regard que porte sur notre monde une jeune extraterrestre. Elle a posé son « naviluk » dans l'île qui s'appellera Saint-Louis et, tantôt invisible tantôt visible, elle participe, actrice ou spectatrice, à notre évolution historique. L'idée n'est pas nouvelle et le renouvellement du thème de l'observateur se limite au fait que l'héroïne, Astrée, compare sans cesse sa planète à la notre et tombe amoureuse d'un homme.
Chaque époque importante de notre évolution est présentée dans sa phase la plus significative ou presque (préhistoire, romains, normands, etc.) jusqu'à nos jours.
Ce qui sauve le livre de la tendance trop nette au catalogue, ou au récit historique à la J. Duché, c'est le rapport texte/illustration. Il n'y a pas redondance, et malgré son intégration à notre monde Astrée vit dans le futur du fait de la rapidité du mouvement temporel ; le dessin présente donc un intérêt certain.
Dans la mesure où il n'y a qu'une succession d'images, de visions du monde ou de l'histoire de France( !), le livre et Astrée ne prennent pas position, ne moralisent pas ; c'est au jeune lecteur de tirer les conclusions qui s'imposent. Le Naviluk n'est pas un grand livre, c'est simplement un bon exercice de style.
Noé GAILLARD
Première parution : 1/12/1984 dans Fiction 357
Mise en ligne le : 16/12/2008