GALAXIES
, coll. Galaxies (revue) n° 39 Dépôt légal : avril 2006 Première édition Revue, 256 pages, catégorie / prix : 11,50 € ISBN : néant Format : 14,0 x 21,0 cm Genre : Science-Fiction
1 - Stéphanie NICOT, Éditorial, pages 3 à 4, éditorial 2 - Raymond ISS, Ils arrivent !, pages 5 à 13, nouvelle 3 - Alastair REYNOLDS, La Grande Muraille de Mars (Great Wall of Mars, 2000), pages 15 à 59, nouvelle, trad. Florence DOLISI 4 - Robert REED, Imparfait passé (Past Imperfect, 2001), pages 61 à 73, nouvelle, trad. Sara DOKE 5 - Kathleen Ann GOONAN, Les Ossements de Kamehameha (Kamehameha's Bones, 1993), pages 75 à 124, nouvelle, trad. Lionel DAVOUST 6 - Nathalie LE GENDRE, Un fabuleux projet, pages 125 à 128, nouvelle 7 - Norman SPINRAD, La Main tendue (The Helping Hand, 1991), pages 129 à 141, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE 8 - Tom CLEGG, Le Transcendantalisme dans le métro, pages 142 à 152, entretien avec Norman SPINRAD 9 - Tom CLEGG, Le Visionnaire du monde réel, pages 153 à 166, article 10 - (non mentionné), Bibliographie Norman Spinrad, pages 167 à 170, bibliographie 11 - Sylvie LAINÉ, Les Utopiales, sous le signe de Jules Verne, pages 171 à 176, article 12 - Jean-Claude DUNYACH, La Parole à... Jean-Claude Dunyach : « La taille a son importance... », pages 177 à 178, chronique 13 - Nathalie LABROUSSE, Pour Daniel Riche, pages 179 à 180, biographie 14 - Bernard COHN, Pour Alain Garsault, pages 181 à 182, biographie 15 - COLLECTIF, Lectures, pages 183 à 250, critique(s) 16 - (non mentionné), Courrier, pages 251 à 253, courrier 17 - (non mentionné), Infos, pages 255 à 255, article
Critiques
Il n'y a pas que Bifrost qui fêtait ses dix ans au printemps dernier, Galaxies aussi avec un numéro plus gros que d'habitude, 256 pp., et un dossier Norman Spinrad. On passera vite sur l'éditorial de Stéphanie Nicot où, fidèle à son habitude, la courageuse rédactrice en chef/directrice de publication s'en prend à une revue sans la nommer. Extraits : « Là où certains confondent revue et pamphlet haineux », « Indice des tendances actuelles à la barbarie sociale », « Salut, les nouveaux réactionnaires ! ». La dénonciation manquant d'indices, je n'ai pas compris qui était visé (Khimaira, Science-Fiction Magazine, Faeries ?), et quel dommage, parce que décrits comme ça les barbares sociaux mis à l'index avaient l'air plutôt rigolos... Mais inutile d'épiloguer, car réduire Galaxies au fiel de ses éditos ce serait un peu comme réduire Bifrost aux Razzies, l'essentiel est forcément ailleurs. Dans les textes publiés et le volet critique, me semble-t-il...
D'ailleurs parlons-en de ces textes. Tout commence... mal... avec « Ils arrivent » une nouvelle de Raymond Iss, certes écrite en français, mais ne présentant pas le moindre intérêt, un texte court de simili-SF régionale sans tension, sans images ou idées. Vient ensuite l'un des deux meilleurs textes de la sélection « La grande muraille de Mars » d'Alastair Reynolds, une novella datant de l'an 2000 qui n'est pas aussi maîtrisé que « Turquoise days » (in Diamond Dogs, Turquoise days, critiqué dans Bifrost n°42), mais m'a semblé plus percutante, plus nerveuse. C'est une histoire de guerre (sur Mars) et aussi un formidable hommage à la nouvelle de Philip K. Dick« Nouveau modèle » qui servit de base au scénario du film Planète hurlante). Suit un texte très décevant de Robert Reed, pourtant illuminé par une idée formidable (le passé comme le futur, est soumis aux principes d'incertitude de la théorie du chaos, donc plus on va loin dans le passé, plus celui-ci se modifie). Après Robert Reed, vient le tour de Kathleen Ann Goonan, avec « Les ossements de Kamehameha » qui est à mes yeux le meilleur texte traduit en français de cette autrice étasunienne. Il s'agit d'une novella mélangeant allégrement science-fiction (voyage dans le temps) et fantasy (mythes hawaïens), un texte de toute beauté (on signalera la belle traduction de Lionel Davoust gâchée par quelques davousteries savoureuses : stomach systématiquement traduit par estomac ; et puis apparaît, page 77, un parasol qui dans le contexte a toutes les chances d'être une ombrelle — vous en connaissez beaucoup vous des princesses hawaïennes du XIXe qui se promènent avec un parasol à la main). La seconde fiction francophone du volume « Un Fabuleux projet » de Nathalie Le Gendre est tellement falote, niaise et hors-propos que je me suis surpris à la relire pour voir si je n'avais pas manqué un truc, une subtilité. Hé bien non, il n'y a rien dans le tout de ce non-texte. Un « rien » phénoménal qui, ajouté à la nouvelle sans intérêt aucun de Raymond Iss, dessine un drôle de polaroïd de la SF d'expression française, une espèce de masque mortuaire figé et poussiéreux. Il est clair que ce cliché, complètement invalidé par le sommaire 100% francophone du numéro anniversaire des dix ans de Bifrost, démontre l'incapacité de Galaxies à séduire massivement les bons auteurs francophones.
Quand au dossier Spinrad, il est plutôt bon, un chouia trop court. La nouvelle est plutôt d'un bon niveau, même si Spinrad nous a, à de nombreuses reprises, habitué à mieux (on notera en passant une magnifique erreur de traduction page 130 où le grand Jean-Daniel Brèque a traduit inhabited (habité) par inhabité ; quand on parle d'une planète, ça fait une sacrée différence) 1.
Outre l'habituel et si comique courrier des lecteurs, la revue se clôt sur une partie critique plus grosse que d'habitude (courant de la page 183 à 250) qui contient plus de cinquante ( !) recensions. Les plus intéressantes sont dues à Xavier Bruce, Pascal Patoz, Eric Vial, Sam Lermite, Bruno Para et Bruno Della Chiesa (incroyablement en verve quand il s'agit d'écrire sur Philip K. Dick !) ; la plus grotesque est l'œuvre de Stéphanie Nicot qui tente de prouver que l'anthologie Moissons Futures n'était pas aussi pourrie qu'on a bien voulu l'écrire et qui, au final, ne fait qu'enfoncer davantage l'antho en question. Globalement, j'ai trouvé ce volet critique meilleur que dans les numéros précédents, en tout cas plus intéressant.
Au final ce numéro anniversaire ne se distingue pas vraiment des numéros publiés en 2005 ; il est plus gros, encore moins enclin que d'habitude à l'autodérision, on y trouve un excellent texte (Goonan) et deux bons (Spinrad, Reynolds), un volet critique impressionnant, mais aucun manifeste, aucune ligne directrice. Aucune âme.
Notes :
1. Un erratum publié p. 189 du numéro suivant (n° 40) de Galaxies précise que le traducteur avait bien écrit « planète habitée » et que l'erreur dans le texte imprimé (« planète inhabitée ») est due à l'intervention intempestive d'un correcteur. [note de nooSFere]
Thomas DAY Première parution : 1/7/2006 dans Bifrost 43 Mise en ligne le : 5/3/2009
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