Lorsque sa collègue Aurore l’appelle en pleine nuit pour couvrir avec elle un meurtre atroce, David, photographe de presse, se rend sur les lieux du drame. Un fossoyeur pris d’une folie hallucinatoire vient de tuer sa femme et ses enfants avec un fusil à pompe, avant de se donner la mort. Le lendemain, un adolescent, se croyant poursuivi par des ombres, menace de son arme les patients d’un hôpital et tue Kristel, la compagne de David.
Mais qui est à l’origine de cette épidémie meurtrière ? Est-ce un homme ou un démon ? Le journaliste, qui n’a plus rien à perdre, va se lancer à la poursuite de Nathaniel, l’enfant des cimetières, jusqu’aux confins de l’inimaginable...
Thriller gothique époustouflant, L'Enfant des cimetières est servi par une écriture nerveuse, terriblement évocatrice qui laisse le lecteur hypnotisé par l'horreur. Attention, si vous commencez ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher !
Musicien et écrivain, Sire Cédric est un acteur incontournable de la scène gothique française. Dès son premier livre, Déchirures (Coup de Coeur des Bibliothèques de Paris), il s'affirme comme un maître de l'étrange et de la violence poétique. Ses deux romans suivants, Angemort (Prix Merlin, 2007) et Dreamworld, ont confirmé son talent. Avec L'Enfant des cimetières, un nouveau maître ès créatures de l'ombre est né.
Critiques
Il n'arrive jamais rien à Terre-Blanque, ville calme et sans histoire. Du moins jusqu'à ce que le fossoyeur local exécute sa femme et ses deux enfants avant de retourner son arme contre lui. Et que trois adolescents déclenchent ensuite une fusillade au sein de l'hôpital local. Puis que les témoins de cette tuerie se suicident dans d'étranges circonstances...
David, un photographe, va mener une enquête parallèle à celle de la police, aidé du fantôme de Kristel, sa compagne, l'une des victimes de cette improbable épidémie...
Thriller fantastique, L'Enfant des cimetières comporte évidemment son lot de violence et de scènes plus ou moins gores. Même s'il ne vire jamais au « malsain » — car il ne joue ni sur l'ambiguïté ni sur la complaisance — , ce roman ne s'adresse donc pas aux « âmes sensibles ». Titre, couverture (avec des gouttes de sang assez superflues) et résumé sont de toute façon clairs sur ce point.
Aux amateurs du genre, ce roman apportera en revanche plus d'une satisfaction. Sur la forme, il obéit parfaitement à la première règle de tout bon thriller : une fois commencé, difficile de le lâcher. L'écriture nerveuse et la succession rapide de chapitres courts procurent à l'intrigue un rythme soutenu d'autant plus efficace que l'auteur sait maintenir le suspense et relancer l'intérêt par quelques rebondissements bien trouvés. Assurément, ça fonctionne !
Sire Cédric démontre ainsi sa maîtrise stylistique du genre, mais d'autres qualités sont au rendez-vous. Son scénario se montre intéressant et relativement original, grâce au mariage réussi de diverses branches du fantastique. Le prologue s'inspire de la démonologie : Naemah, le titre d'origine de la nouvelle autrefois parue dans un artbook, évoque une version personnelle de l'antique Naamah ou Nahemah, proche de Lilith. L'horreur criminelle — l'homme qui se suicide en entraînant ses proches dans la mort, l'adolescent qui pète un plomb et massacre des inconnus de façon incompréhensible, l'enfant séquestré des années dans une cave... — renvoie à des faits divers sordides auxquels les informations nous ont tristement habitués. L'Enfant des cimetières figure une légende urbaine qui s'apparente à la Dame blanche aperçue par certains automobilistes. Si Kristel semble descendre d'une famille de sorcières — les femmes y possèdent le Don — , son histoire se termine plutôt en une ghost story à la fois sentimentale et policière...
Serial killer, possession démoniaque, expériences de savant fou, rituels d'invocation... Sire Cédric mêle ainsi avec élégance nombre d'éléments issus du surnaturel le plus classique à un fantastique des plus contemporains, sans jamais que ce mélange ne paraisse artificiel ni décalé. Le résultat se montre au contraire naturel et crédible.
Certes restent quelques menues facilités (j'ai du mal à accepter qu'on découvre le mot de passe informatique d'un inconnu dès la deuxième tentative... d'autant plus que je suis moi-même souvent incapable de retrouver mes propres mots de passe !). Et l'approche psychologique des personnages aurait supporté un approfondissement — surtout pour David, héros transparent. Enfin, certains ingrédients auraient pu faire l'objet de plus amples développements — notamment le Don possédé par la famille de Kristel, ou encore le passé de l'imposant flic, Alexandre Vauvert...
Néanmoins, ces rares regrets ne nuisent aucunement au plaisir de lecture. Ces quelque 400 pages filent trop vite mais impressionnent durablement. Avec ce thriller efficace, qui restera une référence sur le thème des légendes urbaines, Sire Cédric passe assurément du statut de jeune auteur prometteur à celui d'écrivain confirmé. Une jolie réussite.
Tout commence comme un épisode loner d'X-Files... Une journaliste et un photographe enquêtent sur un massacre qui a eu lieu près d'un cimetière ; un père de famille, fossoyeur de métier, a flingué sa femme et ses enfants. Le lendemain, la petite amie du photographe est assassinée à l'hôpital, où elle faisait une animation. Son meurtrier n'est autre que le neveu du fossoyeur fou, un adolescent qui croyait dur comme fer que la légende urbaine de l'enfant des cimetières n'est justement pas une légende. Pour Aurore Dumas, la journaliste, et David Ormeval, le photographe, commence alors une enquête qui les mènera sur la piste de cet enfant qu'il ne faut jamais regarder dans les yeux, Nathaniel. Et sur la trace d'ombres aussi vivantes que mortelles.
Quand j'avais treize ans, et jusqu'à mes quinze ans à peu près, l'auteur dont j'attendais les parutions avec le plus d'impatience était Graham Masterton, alors publié chez Néo (corollaire : on a rarement bon goût à cet âge-là). Je me souviens avoir lu Le Djinn d'une traite, Manitou dans des conditions similaires, etc. Avec le recul, il est facile de voir ce qui me plaisait dans ces œuvres : pleines de provoc' et de déviances sexuelles, remplies jusqu'à la gueule de mutilations et autres éventrations, elles répondaient à la plupart de mes « manques » d'adolescent (au milieu des années 80, cette violence-là, cette sexualité-là n'étaient pas aussi faciles à trouver qu'aujourd'hui ; ce qui rendait Masterton irrésistible, tout comme Spectres de Dean R. Koontz ou Simetierre de Stephen King). L'Enfant des cimetières, avec ses scènes d'horreur grand-guignolesques (pour s'amuser, on pourrait compter les giclées de cervelle humaine sur les murs) et ses scènes de sexe full frontal, a interpellé l'adolescent que j'étais il y a vingt-cinq ans, et m'a procuré de ce fait un vrai plaisir de lecture, mais un plaisir au « second degré », un soupçon nostalgique.
Avec ce roman (sans doute écrit trop vite), Sire Cédric joue sur plusieurs tableaux (celui du thriller fantastique à la Dean R. Koontz/Graham Masterton, celui du conte gothique et celui du survival horror cradingue, drôle, bête et méchant). Si cette dispersion surprend agréablement dans un genre (le thriller) où les produits sont souvent très formatés (pour ne pas dire très propres), malheureusement cette même dispersion empêche L'Enfant des cimetières de convaincre totalement (une déception que renforce un style avec des hauts et des bas, qui passe volontiers du lyrique surécrit au synopsis à peine relu ; sans parler du mélange éprouvant d'analyses ADN que-moi-aussi-je-regarde-Les-Experts et de dialogues goguenards dignes de Shaun of the dead). Au final, ce roman qui ne se prend guère au sérieux fonctionne ni plus ni moins comme une de ces séries B d'épouvante que Milady réédite régulièrement.
Sans doute, sur un malentendu, attendait-on de Sire Cédric un vrai « livre fantastique », tendu, sans gras, oppressant ; mais ce n'était probablement pas ce qu'il voulait écrire, préférant creuser son propre sillon, celui de son premier roman, Angemort, livrant ainsi une nouvelle comédie romantique porno-gore (dont l'exemple le plus probant est sans doute Sailoret Lula de David Lynch, un réalisateur par ailleurs cité en ouverture et en clôture de L'Enfant des cimetières). Pour les aficionados, donc, jeunes de préférence.
Thomas DAY Première parution : 1/4/2009 dans Bifrost 54 Mise en ligne le : 10/10/2010