Voilà un très bon numéro de
Galaxies NS (le meilleur des cinq parus à ce jour), même si on ne peut s'empêcher d'être déçu par le dossier Catherine Dufour (qui est à peu près aussi décevant que l'était le dossier
Xavier Mauméjean)... La nouvelle (une réimpression révisée d'un texte précédemment publié dans
Géante Rouge) n'a pas grand intérêt. Dommage, il y avait sans doute davantage à tirer de ce décor russe (je crois que c'est la plus mauvaise nouvelle que j'ai lue de Catherine Dufour, du moins celle qui contient le moins de choses signifiantes...). Le portrait (réalisé par Ketty Steward avec des fragments d'interviews), bien qu'intéressant, quel travail !, ne fait qu'effleurer le cas Dufour. Et la mini-interview qui suit, trois questions, ne nous apprend pas grand-chose de plus. La bibliographie « Dufour commentée par Dufour », pourquoi pas, mais résultat personne pour rentrer dans le lard de l'auteure, la mettre face à ses contradictions (comment fidélise-t-on un public en écrivant en alternance des
fantasy humoristiques commerciales et de la SF hyperexigeante, puis en préparant un livre sur l'Histoire de France ?) Personne aussi pour rebondir sur ce qu'elle dit de ses origines, de ses projets, de ses goûts littéraires. Et puis un dossier sur un auteur sans critiquer sa nouveauté pourtant reçue en SP (cf. page 183)... Ça ne fait pas très sérieux (surtout quand est critiqué dans le même numéro, sur deux colonnes,
Les sentinelles de la nuit, paru en octobre 2006 !).
Pas moins de six autres nouvelles, en sus de celle de Catherine Dufour, se trouvent au sommaire. Celle de Laurent Queyssi, une histoire de vaisseau-génération, de « raconteurs » et de musique, déçoit malgré son ambition, ses bonnes idées ; l'écriture, dépouillée, est atone, peu convaincante. Le tout manque de rythme et de maîtrise narrative.
«
La vie synchrone » d'Alain Dartevelle, didactique, ne laisse guère de souvenir.
«
Instinct grégaire » de Jay Caselberg est rendue illisible par une traduction hideuse où se mélangent passé simple, imparfait, passé composé en une mayonnaise impossible à digérer, sans parler des phrases « monstrueuses » qui affleurent çà et là (
« Tout ce que nous voulions était de vivre en paix », page 31).
Les trois autres textes sont d'un tout autre niveau : bons, voire excellents, tout en étant très différents.
« Première ligne » de Carlos Gardini est une histoire de bataillon de soldats mutilés qui arrache, pour le moins, notamment grâce à la traduction soignée de Jacques Fuentealba.
« Improbable » de Will McIntosh est une histoire d'amour, une vraie, qui m'a sans cesse évoqué le film
The Visitor de Thomas McCarthy (attention à la traduction, j'ai cru voir passer quelques faux-amis traduits en toute amitié).
« La porte » d'Elise Fontenaille impressionne par son idée centrale tordue, son économie de moyens et l'impact que produisent ses toutes dernières lignes. Cela dit, je doute fort que ce texte relève de la science-fiction, plutôt du bon fantastique moderne.
Le mini-dossier (c'est pas moi qui le dit, c'est eux !) sur la science-fiction arabe, signé Kawthar Ayed, est vraiment très bien.
C'est ennuyeux de finir sur une note négative, mais impossible de passer sous silence le manque de coordination, de sérieux, de logique, d'intérêt, des « notes de lecture » qui partent vraiment dans tous les sens, s'encombrent de titres accessoires et oublient bien des titres essentiels.
En espérant que le n°
6, spécial
Jacques Barbéri, sera au moins du même niveau.
(Post-scriptum : la même équipe est à l'origine d'un
Galaxies 41, hors-série au sommaire a priori alléchant, Xavier Mauméjean,
Sylvie Lainé,
Philippe Heurtel,
Raymond Iss, etc. Malheureusement, même la nouvelle de Mauméjean, une version mauméjeanée de la genèse d'Iron Man peine à convaincre ; le reste est globalement affligeant.)