HACHETTE Jeunesse
(Paris, France), coll. Black Moon Dépôt légal : juin 2012 Première édition Roman, 480 pages, catégorie / prix : 18 € ISBN : 978-2-01-202691-9
Photographie de couverture : (c) Scott Barbour / Getty Images.
Quatrième de couverture
Nous sommes le 1er novembre, quelqu'un va donc mourir aujourd'hui.
On fait courir les chevaux entre l'eau noire et les falaises de craie.
L'exercice est périlleux, toujours ;
mais jamais autant qu'aujourd'hui, quand des vies sont en jeu.
Chaque année au mois de novembre se déroulent les Courses du Scorpion.
Les cavaliers doivent tenir le plus longtemps possible
sur leurs dangereuses montures, des étalons de mer cannibales.
Cette année, Sean Kendrick, dix-neuf ans, tente de nouveau sa chance,
bien décidé à arriver premier. Puck Connolly, quant à elle,
n'aurait jamais imaginé participer un jour à la course.
Mais le sort en a décidé autrement.
Certains concourent pour gagner, d'autres pour survivre.
UN NUVEAU SOUFFLE POUR L'AUTEUR DE L'INOUBLIABLE SAGA FRISSON.
Critiques
Je ne suis pas, en général, un très grand lecteur de littérature fantastique proprement dite — à l’exception, bien entendu, de la littérature vampirique — mais il m’arrive, de temps en temps, de lire un roman sortant du commun. Et c’est le cas de « Sous le signe du Scorpion » de Maggie Stiefvater (Hachette / Black Moon), une histoire à la fois originale et envoûtante. L’auteur nous emmène sur la petite île désolée et sauvage, battue par les vents et la mer, de Thisby, une vieille terre gaëlique qui vit à l’écart de son époque (époque d’ailleurs non spécifiée mais qui semble être la première partie du XXe siècle). Thisby vivote toute l’année et n’attire les touristes du continent qu’à l’époque de ses courses de chevaux, fameuses entre toutes, le 1er novembre, en plein signe du Scorpion. Car c’est pendant le mois du Scorpion qu’arrivent de la mer et peuvent être capturés et montés, au risque de sa vie, les célèbres « capaill uisce », les chevaux de mer féroces et carnivores. En donnant vie à ces contes des chevaux marins maléfiques qui incitent les humains à les monter afin de mieux les entraîner sous les eaux, contes que l’on trouve aussi bien en Ecosse qu’en Irlande, Maggie Stiefvater, dans une prose superbe, nous raconte l’histoire de deux adolescents, Sean Kendrick, cavalier émérite qui comprend intimement les chevaux y compris marins et a déjà gagné plusieurs courses, et la jeune Puck Connolly qui va participer pour la première fois avec sa petite jument « normale ». Tous deux doivent, pour des raisons impératives, gagner la course ; leur histoire et leur rivalité nous sont racontées en courts chapitres, écrits à la première personne, par chacun d’eux, en alternance. Ils nous font ainsi partager leurs sentiments, leurs réactions l’un par rapport à l’autre, face aux autres — une belle galerie de personnages allant de l’homme riche et sans pitié de l’île, M. Malvern, aux soeurs Maud, commerçantes en souvenirs divers, ou à Peg, la femme du boucher et la gardienne des traditions de Thisby, sans compter George Holly, l’Américain éleveur de chevaux en Californie. Maggie Stiefvater a su parfaitement rendre l’atmosphère pesante, pour ne pas dire étouffante, de cette petite communauté d’êtres relativement frustes, renfermés sur eux-mêmes face aux étrangers, et qui essaye de s’adapter à une certaine modernité au risque de perdre son âme et chez qui subsiste toujours la sauvagerie des âges anciens sous un très mince vernis de civilisation. Elle rend aussi très bien l’excitation grandissante et la soif de violence montant à l’approche de la course et, point d’orgue, celle-ci. Par petits détails, nous en apprenons un peu plus, mais pas beaucoup, sur les « capall uisce » et la vieille religion supplantée (l’a-t-elle été vraiment ?), mais finalement à nous de remplir les blancs car ceux qui pourraient nous le dire tiennent tout cela pour acquis donc pas à raconter, sans compter que nous, lecteurs, sommes des étrangers...
Maggie Stiefvater a écrit là un roman complètement différent de ses précédents, où s’expriment la difficulté d’être et d’aimer, et de l’exprimer, de deux jeunes gens qui font l’apprentissage de la vie et de l’amour sans avoir jamais eu les outils — ou les parents car ils sont tous deux orphelins — nécessaires : voilà un roman extraordinaire dans tous les sens du terme et une très belle histoire d’amour, entre un garçon et une fille, mais aussi entre des êtres humains et des chevaux, un roman violent, intimiste, poignant et attachant, un très grand roman.
Jean-Luc RIVERA Critique déjà parue sur ce site Parution sur nooSFere : 1/8/2012 ActuSF Mise en ligne le : 27/1/2013