SCYLLA
(Paris, France), coll. IIIIII+ Dépôt légal : juin 2017, Achevé d'imprimer : mai 2017 Première édition Recueil de nouvelles, 192 pages, catégorie / prix : 10 € ISBN : 978-2-9549303-8-1 Format : 12,0 x 17,0 cm
Le livre porte le titre "Point du jour" sur la couverture, "La ballade de Gin & Bobi et autres récits de Point du jour" en pages intérieures. Existe aussi au format numérique (ISBN : 978-2-9549303-9-8).
1 - Au carrefour agenouillé, pages 7 à 17, nouvelle 2 - Une chanson pour l'homme inquiet, pages 19 à 23, nouvelle 3 - Down There By the Train, pages 25 à 37, nouvelle 4 - Dark Was The Night (Cold Was The Ground), pages 39 à 42, nouvelle 5 - La Ballade de Gin & Bobi, pages 45 à 128, nouvelle 6 - Le Bon Dieu n'est pas gentil, pages 131 à 139, nouvelle 7 - Delia Gone, pages 141 à 144, nouvelle 8 - Jersey Girl, pages 145 à 155, nouvelle 9 - All Of Me, pages 157 à 159, nouvelle 10 - Alvorada, pages 161 à 170, nouvelle
Critiques
Aube ou crépuscule ? C’est la question qu’on peut légitimement se poser en découvrant pour la première fois ce recueil de nouvelles, de Léo Henry à la plume et de Stéphane Perger au crayon. Certaines ont déjà été publiées, d’autre non. Peu importe, le livre attire et séduit l’œil et la main par son élégance – comme souvent chez cet éditeur. En apparence fin, l’objet aimerait se faire passer pour court, rapide à lire. Raté.
Car si la plume virtuose captive immédiatement le lecteur, elle s’envole très vite, hors de portée, très haut, libre, brillante et vive, et le laisse prisonnier dans une cage de mots et de lignes taillés avec soin pour frapper, pile, là où ça fera mal, là où ça fera bien. Le sens, lui, doit s’apprivoiser. Sauvage, d’abord, féroce même, il mord, se camoufle ou bondit en rugissant pour mieux jouer avec sa proie, pauvre lecteur, égaré ou retrouvé, selon l’humeur, la chanson choisie, le rayon de soleil, le nuage d’obscurité, la chronologie de la narration ou la chronologie de la collation… « DessinerPoint du jourc’est choisir un détail et s’imposer une discipline. » Le lire une première fois, se prendre une claque, détester. Retenir les mots, marqués au fer rouge dans l’esprit, leur souvenir qui tourne comme un rat affamé. Y revenir une deuxième fois, se surprendre à aimer, puis à haïr l’incontrôlable lecture, les dessins si cruels et si doux, cet univers d’une dureté apocalyptique, ces troupeaux d’humains – lombrics, rats, baleines – putréfiés dans leur monde, si lointain et pourtant si proche… En redemander, shooté au style, et à cette volonté de faire sens à tout prix. Se prendre une deuxième claque, et rester, desséché, les ailes brûlées, sur le sable cramé, mais dans le brouillard, à digérer des impressions de lecture qui vous dépassent.
L’histoire ? Il y en a plusieurs, il n’y en a qu’une, impossibles à cadrer, impressions soleil fuyant, mais auxquelles on ne peut se permettre de ne pas croire. On s’attache à des personnages, à des lieux, on les oublie pour mieux les retrouver, plus tard ou plut tôt, tout dépend de la façon de se perdre dans la symphonie.
« Pointdujourest vide de bonté. Cherchez-la !Arpentez monts et vaux ! Avancez, intranquilles ! Vous êtes des milliers, hors des tribus, à espérer qu’un jour surgira une lumière. À rêverà un monde qui ressemble à un rêve. Point du jour est chiche en grâce, arideet capricieux. L’effort infini seul y accouche parfoisde trésors ambigus . »
Abstractions, formes, le lecteur s’accroche à tout ce qui lui tombe sous les yeux, au-dessus du gouffre séduisant, et halète. Ferme les pages. Pose ce livre, là, pas loin, en ayant l’impression, de ne pas avoir tout lu, tout vu, tout entendu. Et cette tentation dévorante de refaire encore, à la sortie de la nuit, un tour à Point du jour.
Maëlle ALAN Première parution : 1/10/2017 dans Bifrost 88 Mise en ligne le : 10/3/2023