Mary Wollstonecraft SHELLEY Titre original : Frankenstein, or the Modern Prometheus, 1818 Première parution : Angleterre, Londres : Lackington, Hughes, Harding, Mavor & Jones, 1er janvier 1818 Traduction de Élisabeth VONARBURG
HACHETTE HEROES
(Vanves, France), coll. Le Rayon Imaginaire Date de parution : 12 janvier 2022 Dépôt légal : février 2022 Réédition Roman, 336 pages, catégorie / prix : 22 € ISBN : 978-2-01-716397-8 Format : 15,2 x 23,1 cm Genre : Science-Fiction
Conception graphique de la couverture : Pauline Ortlieb. Existe en numérique au prix de 15,99 € (ISBN : 978-2-01-628353-0).
Quelle créature monstrueuse est plus célèbre que celle imaginée par Mary Shelley ? Son roman, écrit en 1816, a ouvert toutes les portes du fantastique et de la science-fiction modernes. Pourtant, Frankenstein est un des grands malentendus de la littérature mondiale.
Car il n’est pas le monstre, mais son créateur, jeune homme désireux de percer à jour l’essence même de la vie. Pour cela, il crée un être vivant de toutes pièces. Mais le résultat né de cadavres assemblés est si effroyable que Viktor Frankenstein préfère fuir. Livrée à elle-même, la créature douée d’intelligence et assoiffée d’amour doit apprendre à survivre, à affronter l’effroi et la haine que son apparence génère. Y a-t-il d’autres réponses possibles à son indicible solitude que s’abandonner à la détestation des hommes, au meurtre et à la traque impitoyable de son créateur ? C’est alors que le roman de Mary Shelley interpelle : qui est le monstre en réalité ?
Ce récit fascinant, torturé et brutal, si souvent étouffé par ses nombreuses adaptations cinématographiques, est ici redonné à découvrir par la grâce de la nouvelle traduction d'Élisabeth Vonarburg, écrivaine majeure de Science-Fiction et de Fantasy, qui en restitue la beauté violente dans une langue débarrassée de ses préciosités. Une lecture nécessaire.
1 - Élisabeth VONARBURG, Le Miroir de Frankenstein, pages 9 à 14, préface 2 - Préface de la première édition (Preface (Frankenstein), 1818), pages 15 à 17, préface, trad. Élisabeth VONARBURG
« Encore une réédition de ce machin ». diront certains ! Ils ont tort. C'est un ouvrage qu'il FAUT rééditer, souvent, afin qu'il touche — par le biais d'un grand nombre de collections — le public le plus diversifié. Plus à cause du mythe qu'en raison de la beauté du texte qui, avouons-le, est parfois un peu ennuyeux pour des lecteurs du XXe. On connaît surtout Frankenstein par le cinéma (à ce propos tâchez de voir ou de revoir l'admirable film que Whale en tira vers les années 30). On oublie un peu rapidement que la CREATURE du Dr Frankenstein n'a pas de NOM. Or, dans le roman — et rarement dans les films — elle est peinte avec une intériorité sans quoi on tourne vite au film d'horreur, alors qu'il s'agit d'une tragédie. Cela me paraît essentiel, et il faut dire deux mots de Mary Shelley. Elle est, certes, la femme du très grand poète auteur du Prométhée Délivré (dont les liens avec Frankenstein seraient à élucider). Elle est aussi la femme du Dr Godwin l'un des grands penseurs présocialistes, l'un des premiers à avoir réfléchi à l'impact de la science sur la création d'une nouvelle conception du monde (voir la thèse de Jean de Palacio Mary Shelley dans son œuvre). En somme un texte capital, qu'Aldiss in Billion Year Spreemet à l'origine de la SF moderne, mais qu'on peut aussi bien lire dans l'optique des grands romans gothiques. Ecrit vers la même époque que le Melmoth de Maturin, il vient peu après les triomphes du Moine et des œuvres de Radcliffe. La préface de JB Baronian, strictement informative, est excellente. A posséder en sa bibliothèque, à lire ou à relire.
Intéressante initiative que celle d'Albin Michel Jeunesse : faire découvrir Frankenstein aux plus jeunes. Pourtant, cela n'a rien d'évident, le roman de Mary Shelley étant rempli d'images qui pourraient se révéler choquantes, de la récupération des bouts d'êtres humains sur les cadavres par le docteur Victor Frankenstein aux morts qui parsèment le roman. Il était donc nécessaire d'édulcorer le propos, ce dont s'acquittent Michel Piquemal (l'adaptateur) et Cailleaux (l'illustrateur) : les dessins de ce dernier, bien que secs et évocateurs, insistent très peu sur le côté repoussant de la créature, seules quelques cicatrices sont visibles. C'est d'ailleurs là la principale entorse à l'histoire de Shelley : à aucun moment il n'est fait mention de la constitution du monstre de morceaux épars. Sans doute les plus jeunes auraient été effrayés par cet aspect de l'histoire, certes, mais les adaptateurs auraient pu juste le suggérer discrètement, plutôt que de le passer sous silence. Ce petit défaut ne vous empêchera pas de proposer cet ouvrage à vos chères têtes blondes, en restant près d'elles pour les plus impressionnables d'entre elles.