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Ginkoo-Bilooba

Philippe CAZA

Première parution : Toulouse, France : Arkuiris, 26 septembre 2022

Illustration de Philippe CAZA
Illustrations intérieures de Philippe CAZA

ARKUIRIS (Toulouse, France)
Date de parution : 26 septembre 2022
Dépôt légal : 2ème semestre 2022
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 18 €
ISBN : 978-2-919090-39-6
Format : 12,6 x 20,8 cm
Genre : Science-Fiction

Fix-up sous-titré "Chronique d'une utopie modeste".
Couverture à rabats. Marque page reproduisant une partie d'une des illustrations intérieures en couleurs, signé par Caza, offert (scan de droite).



Quatrième de couverture

   Ce fix-up - ou roman composé de nouvelles - est sous titré “Chronique d’une utopie modeste’’, mais il pourrait aussi s'appeler "Remède à l'écoanxiété”.
   Les personnes inquiètes de la dégradation accélérée de la planète seront en effet surprises devant cet exploit de Philippe Caza, de nous présenter une Terre d’après l’effondrement (la “Grande Bistouille") qui ne soit pas déprimante.
   La performance est d’autant plus remarquable qu’il n’y a pas de naïveté, ni d’illusions dans cette “utopie modeste”.
   Avec une inventivité verbale rare, Philippe Caza nous donne à voir la vie quotidienne dans une France devenue tropicale au XXIIe siècle.

   Philippe Caza est mondialement reconnu comme illustrateur, auteur de bandes dessinées et créateur graphique de dessins animés.
   Ses talents d'écrivain sont moins connus, mais son sens des mots, de l'humour et de la narration, associé à une grande sensibilité humaniste et écologique, en font un des auteurs contemporains les plus intéressants.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Yann QUERO, Un remède à la solastalgie, pages 9 à 11, préface
2 - Valentina, reporter à L'Éko de Ginkoo, pages 37 à 53, nouvelle
3 - Un drôle de Fénix, pages 61 à 75, nouvelle
4 - L'Ére humaine, enfin !, pages 85 à 103, nouvelle
5 - La Cité des demeurants, pages 111 à 137, nouvelle
6 - Muse, pages 145 à 180, nouvelle
7 - Un monde plus tard, pages 187 à 207, nouvelle
8 - Les Biscornus, pages 215 à 240, nouvelle
9 - La Bibliothèque des ombres, pages 247 à 279, nouvelle
10 - L'Hachélème des damnés, pages 287 à 300, nouvelle
Critiques

La catastrophe écologique tant redoutée a eu lieu. Le changement climatique a fait de l'Europe un paysage africain avec rhinocéros, hippopotame, voire même crocodiles. Une bactérie mangeuse de plastik a, entre autres, provoqué La Grande Bistouille, l'effondrement après lequel il reste un peu moins d'un milliard d'habitants sur la planète, répartis en petites communautés revenues à une vie pastorale. Le savoir s'est à ce point perdu que l'orthographe des objets industriels est phonétique et ne renvoie souvent dans l'esprit des contemporains qu'à une vague représentation de leur usage. En effet, il n'existe plus aucun outil technologique depuis la disparition de la tricité.
   Valentina, une des rares lettrées, est reporter à l'Ekoo de Ginkoo-Bilooba, ce qui représente un faible nombre d'exemplaires écrits en pattes de mouches après la mort de sa machine à écrire, sur le papier encore disponible. Pour se confectionner un bloc-notes, elle déchire les pages vierges des ouvrages de la bibliothèque où elle se nourrit de mots obsolètes, aidée dans ses lectures par Grand-Papet GB, dont l'âge vénérable permet de faire le lien avec l'ancien monde.
   La narratrice, qui sera rejointe plus tard par un autre narrateur, raconte avec bienveillance,  légèreté, et avec un humour discret assaisonné de termes déformés, la vie paisible d'une humanité dénuée de toute violence, débarrassée de la pression liée à la surpopulation et à l'absence de ressources ainsi qu'aux nécessités économiques. La monnaie n'a plus cours, la notion même de propriété a disparu, chacun ne prélevant que ce qui lui est utile. Autant dire qu'il ne se passe pas grand chose dans cette société paradisiaque. Même l'agriculture n'est pas un souci car, à défaut de récolte satisfaisante, les bananiers poussent partout. Un jour est adopté un enfant abandonné, ou bien un antique robot-enseignant dont on ignore l'usage, découvert dans des ruines, se met à débiter des cours sans intérêt une fois ses panneaux photovoltaïques exposés au soleil. C'est pourquoi il arrive à la journaliste de voyager pour ramener des témoignages et agrandir sa connaissance du monde.
   L'ouvrage est un fix-up de neuf nouvelles étalées dans le temps, entrecoupées d'interludes éclairant le contexte, les étapes et les causes de la catastrophe, sans jamais s'appesantir. Le tout est encadré d'un prélude et d'un postlude mettant en scène des personnages sans lien apparent avec ceux du roman, jusqu'à la conclusion.
   Il est bien sûr difficile de croire à une telle utopie, quand bien même elle se veut modeste car limitée à une communauté réduite. Caza a pris soin de masquer les inévitables problèmes d'un tel retour à la terre, ou a choisi de les considérer comme secondaires, affirmant que si la vie est difficile, elle n'enlève rien à l'insouciance. Le réalisme ou la plausibilité n'ont cependant rien à faire ici. L'auteur s'en écarte sciemment en arpentant toujours davantage les sentiers d'un imaginaire primesautier. Seuls importent la dimension symbolique et le plaisir du récit.
   Et c'est avec beaucoup de gourmandise que Caza déploie son récit, où l'amour des mots, outre celui des livres, transparaît à chaque page. Les références littéraires, principalement aux œuvres de science-fiction mais aussi à l'ensemble de la littérature, défile, défie les érudits qui se plairont à repérer certains détournements comme La Cité des demeurants. Le roman glisse insensiblement vers un réalisme magique à la Garcia Marquez lorsque le village est victime d'une épidémie littéraire, frappé par une pluie de lettres. Le texte même est noyé dans un déluge de citations, dont les sources sont dévoilées en fin de récit. La peinture n'est évidemment pas oubliée, et c'est autour d'une très belle rencontre avec un restaurateur d'œuvres d'art dans les ruines du Palais des papes d'Avignon que la charmante héroïne s'éveille à la beauté et la partage avec les lecteurs, déjà amoureux transis de Valentina, qui aime, comme d'autres, à se promener nue, personne n'y voyant malice dans cet Eden. C'est à une variante du peintre et son modèle qu'il nous propose d'assister, avec finesse et délicatesse. Le dernier récit semble refermer une boucle : L'Hachélème des damnés abrite des fantômes dans ses murs, dérive fantasmatique qui rappelle que l'auteur se fit remarquer à ses débuts avec Scènes de la vie de banlieue publiées dans Pilote au milieu des années 1970.
   Le roman s'achève sur un festival de poésie et de remarques judicieuses autour de l'idée de réalité, concluant sur une belle lettre d'amour transtemporelle qui redonne à tous le sourire. Ajoutons que le dessinateur ne s'est pas complètement effacé devant l'écrivain : chaque nouvelle est ornée d'une illustration en couleur.
   Voici une Apocalypse joyeuse, et surtout, un ensemble romancé d'une revigorante fraîcheur. Caza y partage son amour des livres et de la nature avec brillance et légèreté, humour et érudition : c'est plaisant et ça fait du bien.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 25/2/2023 nooSFere

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