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Pontesprit

Joe HALDEMAN

Titre original : Mindbridge, 1976
Première parution : St. Martin's, 1976
Traduction de Bruno MARTIN
Illustration de Stéphane DUMONT

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur n° 240
Dépôt légal : 2ème trimestre 1977
Première édition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : néant
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Des êtres multiformes et télépathes anéantissent avec une violence inouïe les membres d'une expédition de routine chargée d'explorer une planète jugée sans danger. On ignore tout de leurs mobiles, aucune communication avec eux n'est possible. Or les voilà qui se préparent à envahir la Terre. Dernier espoir de l'humanité : établir le contact avec eux par le truchement d'un petit animal découvert récemment sur une autre planète et qui a la particularité d'établir un lien psychique entre les deux êtres qui le touchent en même temps. Un jeune pionnier, Jacques Le Favre, est chargé de cette mission.
     Mais la compréhension peut-elle naître entre deux races orgueilleuses que tout semble opposer ? Un rajeunissement radical du vieux « space-opera ».

     L'auteur. Né en 1943 dans l'Oklahoma, Joe Haldeman s'est vu attribuer le Hugo et le Nebula 1976 pour son premier roman, La Guerre éternelle. Il a déjà publié plusieurs dizaines de nouvelles, des articles, des poèmes et il compose des chansons.
Critiques
     SPACE OPERA... PAS MORT
     Pontesprit... ou comment conquérir les espaces intérieurs et cosmiques

     Joë Haldeman est un auteur de la nouvelle génération, et cela sa voit. Il en use. Il joue avec les chapitres, parties, passages : comment diable désigner un tel découpage. Le lecteur aura le loisir de décortiquer des tables, déchiffrer des graphiques, jongler avec les temps et les personnes : récits autobiographiques, commentaires, discours, conversations conçues selon des présentations en alterné ou en parallèle. La science aussi est au rendez-vous : mais ne me demandez pas d'assurer la rigueur des exposés, d'expliciter le propos.
     Bref, à part une écriture qui se veut moderne, des arguments que la nouvelle mode dirait de hard science, le récit nous replace une nouvelle fois aux temps regrettés des portes vers les étoiles, ici « Transfert Levant-Meyer ».
     Qu'est-ce que le T.LM. ? Un système pour propulser un être ou un objet (même au pluriel) à plusieurs années-lumière. Ni trop loin, à cause de la dépense d'énergie, ni trop près — le système ne fonctionne pas en deçà d'une certaine limite et interdit par exemple d'aller faire un tour sur Alpha Centauri, à moins de construire un T.L.M. du côté d'un soleil assez loin pour que... Tout ça n'est pas très clair mais je ne suis pas un spécialiste. Bref, après l'aller, il y a le retour car l'on ne peut rester indéfiniment sur le monde visé. Et comme il faut être prêt au moment prévu, installé d'une certaine façon dans le « colimateur » (ce mot est de moi), les voyages ne se font pas sans accidents et les pionniers de ce futur ne vivent pas souvent leur vieillesse.
     Qu'importe ! Jacques LeFavre aime ça. Il part en mission sur Groombridge 1618 avec quatre autres compagnons — et compagnes. Le Maîtriseur Hsi Ch'ing découvre une forme de vie particulière qui semble permettre la communication télépathique. Il meurt. La mission revient avec l'animal. Et les savants du groupe biologique de Willard qui veulent le chatouiller avec leur scalpel en sont pour un arrêt du cœur et un coup de bistouri en travers de la gorge. Résultat : voilà des petites bêtes qui n'ont pas le sens de l'humour.
     Entre-temps, Jacques LeFavre et Carol Wachal, en doux amoureux qu'ils sont, expérimentent le coït par « pont » interposé (le « pont » est le nom donné à l'animal de Groombridge 1618). Résultat : réaction en chaîne ou déchaînement en réactions. Jacques en sort épuisé. Le « pont » favorise la copulation et l'entente des sexes.
     Plusieurs événements vont alors entrer en ligne de compte : l'ensemencement qui va de pair avec la géoconformation des planètes, les missions de Jacques et de Carol, l'affaire de Sirius avec les L'vrai, race non humaine qui semble disputer à notre espèce la suprématie de l'espace.
     Premier acte : ramener un L'vrai.
     Deuxième acte : apporter un « pont ».
     Troisième acte : faire appel à Jacques LeFavre, le mieux apte à la communicabilité et afin de découvrir de quoi il retourne tant les L'vrai sont répugnants et incompréhensibles.
     Le roman bascule alors de son matérialisme et de son sentimentalisme — cela dit dans un sens absolument pas péjoratif ! — dans la philosophie et la métaphysique  : communication des espèces, devenir de la race humaine, individualisme et communion spirituelle. Il en devient dès lors ambitieux mais reste peut-être d'une froideur qui permet mieux ce propos difficile sans toutefois entraîner l'adhésion que provoquait le langage de Simak.
     Il reste alors de Pontesprit cette aventure un peu folle que vient tempérer la découverte d'autre chose d'angoissant et de supérieur. Il demeure un brillant que les connaissances et la pratique d'Haldeman ne contribuent pas peu à donner à son récit : qualités qui font prendre sans doute aussi au lecteur un recul interdisant l'acceptation sans réserve d'une histoire qui, de par sa nature même, nécessitait un rythme que lui brisent le vocabulaire et le découpage.
     Demi-réussite ou demi-déception  ! En tous cas, le talent d'Haldeman ne peut pas être mis en cause. Il est déjà de ceux qu'il faut suivre avec intérêt, peut-être, mais surtout du plaisir.

Jean-Pierre FONTANA (site web)
Première parution : 1/11/1977 dans Fiction 285
Mise en ligne le : 15/12/2001

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition GALLIMARD, Folio SF (2004)

     53 chapitres dont 15 avoués sous ce nom, plus collages, petite annonce, minutage de pub, partition, moments de purs dialogues, parfois monologues intérieurs parallèles sur deux colonnes, et ce n'est pas de la littérature expérimentale — du moins pas pour qui y est allergique. Protocoles d'exploration, tableaux croisés d'expérimentations, graphique, et ce n'est pas de la hard science — du moins pas pour qui cela rase. Monstrueux scaphandre d'exploration, bestiole extra-terrestre, aliens changeformes dévastateurs, et pourtant ce n'est pas vraiment du space opera malgré une quatrième de couverture convoquant sans grande raison Heinlein (ou pas pour ce livre-là) et Verhoeven (ou alors juste pour son ironie). Même un dieu, mais suicidé : le mysticisme peut aller se rhabiller — quoiqu'in fine, qui sait...

     Bref, de la SF pas vraiment identifiée (sinon comme telle, à 100 %), et ultrarapide surtout quand elle semble prendre son temps et s'égarer dans le détail d'un accent suisse allemand ou des lignes recopiées par un enfant puni. Des flashs façon puzzle, formant l'histoire intime du personnage principal mais brossant aussi une histoire collective, à l'échelle du cosmos (et encore emboîtée dans une autre bien plus vaste), avec, tout de même, explorations planétaires par un moyen original et ce qu'en fait le business, plus, surtout, omniprésent, le contact avec l'autre, son coût, ses risques, ses quiproquos mortels. Cet autre peut être humain, accessible tout d'un coup grâce à la télépathie, si celle-ci ne tue pas. Ou alien, de façon radicale, dangereux comme dans un vieux pulp, destructeur façon jeu vidéo, jusqu'à ce qu'on trouve le fin mot de l'affaire, qu'on retrouve ce qu'Haldeman a à dire et dit de la guerre — sans pourtant qu'on puisse parler de compréhension.

     Beaucoup de choses en peu de pages. Un vrai gâchis d'idées pour le plus grand plaisir du lecteur, qui n'a pas toujours besoin de dodécalogies. De la grande SF classique, c'est-à-dire toujours neuve, qui ouvre des portes en retournant des poncifs, titille les neurones, pose des questions sans didactisme, circule de l'individuel au cosmique, parle de morale sans moralisme et de violence sans complaisance ni réprobation vertueuse et gratuite — parce que le réel, microcosme et macrocosme, est toujours plus complexe que prévu. Merci Folio.

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/9/2004
dans Galaxies 34
Mise en ligne le : 4/1/2009

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