Samuel R. DELANY Titre original : Babel-17, 1966 Première parution : Ace, mai 1966 Traduction de Mimi PERRIN
CALMANN-LÉVY
(Paris, France), coll. Dimensions SF Dépôt légal : 4ème trimestre 1973, Achevé d'imprimer : 31 octobre 1973 Première édition Roman, 304 pages, catégorie / prix : nd ISBN : néant Format : 14,0 x 21,0 cm Genre : Science-Fiction
C'est l'hypothèse qu'examine Samuel R. Delany dans cet étonnant roman.
Depuis plusieurs mois, la Terre et ses planètes amies au sein de l'Alliance sont en butte aux attaques répétées de lointains et mystérieux Envahisseurs. Avant chaque coup de main, d'incompréhensibles messages viennent brouiller les réseaux radio de l'Alliance. Qu'est ce que Babel 17 ? Un simple code dont on n'a pas encore trouvé la clé ? Une véritable langue, reflet d'une civilisation radicalement étrangère ? Ou bien un super-langage dépassant de très loin tous les modes de pensée connus dans l'univers ?
Rydra Wong, la poétesse, est sans doute la personne la plus apte à résoudre cette énigme. Le long voyage qu'elle entreprend à bord de l'astronef Rimbaud la conduira non seulement aux frontières de la galaxie, mais aussi à celles du langage.
Autour de ce thème très actuel, Samuel R. Delany a composé une grande fresque baroque. Ecrivains et critiques ne s'y sont pas trompés. L'année de sa sortie, Babel 17 était couronné par le Prix Nebula.
Critiques
Critique tirée de la rubrique « Diagonales » signée par Alain Dorémieux
Ce space-opera usé jusqu'à la corde, dont je parle quelques lignes plus haut, a jeté quelques-uns de ses feux les plus baroques et les plus étincelants avec l'apparition, à partir de 1961, du jeune Samuel Delany, un des virtuoses de la SF contemporaine. Delany est un auteur qui s'est attelé à la tâche bizarre de faire du neuf avec du vieux ; il a repris la vieille défroque, l'a parée de joyaux chatoyants et de kaléidoscopiques couleurs, et il a abouti à des space-opera échevelés, où l'imagination poétique prend le relais de la routine et des tics. Après La chute des tours(Opta, C.L.A.) et Nova(Laffont, « Ailleurs et Demain »), voici Babel 17,postérieur au premier ouvrage et antérieur au second, et livre qui reçut en 1966 le Nebula des S.F.W.A. en tant que meilleur roman de l'année. Babel 17est un roman au fondement original puisqu'il repose sur une introspection du langage, d'un langage, celui précisément auquel on a donné le nom de « Babel 17 », une langue utilisée par de mystérieux ennemis de la civilisation humaine galactique, mais aussi plus qu'une langue : un conditionnement qui permet de programmer les individus et de les transformer en armes secrètes. A bord de l'astronef Rimbaud, significativement nommé en souvenir du plus grand des alchimistes du verbe, une poignée de personnages pittoresques, aux caractéristiques très bande dessinée, partent dans la galaxie à la découverte des secrets de Babel 17. C'est plus drôle et plus inattendu que de poursuivre une flotte d'astronefs adverses. Delany n'a pas toujours su relier les mailles de son roman, dont le tissage laisse parfois à désirer. Mais ça n'empêche pas Babel 17 d'être un roman aussi intéressant que sympathique. Delany est vraiment un type attachant. C'est fou ce qu'il me fait penser parfois à Demuth dans sa grande époque : celle des nouvelles flamboyantes et colorées, quand il écrivait sans arrêt comme un vrai dingue. Demuth qui aurait pu — qui aurait dû — être le Delany français, s'il ne s'était pas perdu dans les marécages bourbeux de l'édition, dans la routine bureaucratique du « métier » de directeur littéraire. Mais, quand on a du talent, une renaissance est toujours possible ; il est impensable que Demuth ne se remette pas un jour à écrire.