Samuel Delany est né en 1942 à Harlem. Il écrivit son premier roman à dix-neuf ans. De cet auteur, J'ai Lu a publié Nova, un flamboyant space opéra.
Depuis des mois, la Terre et ses planètes, unies au sein de l'Alliance, subissent les attaques meurtrières d'insaisissables Envahisseurs. Et avant chaque coup de main, les réseaux radio de l'Alliance sont neutralisés par d'inintelligibles messages surnommés Babel 17.
Qu'est-ce que Babel 17 ? Un code dont on ne parvient pas à trouver la clef ? La langue d'une civilisation ignorée ? Ou encore un super-langage dépassant tous les modes de pensée connus ?
La belle Rydra Wong, une célèbre poétesse qui maîtrise une dizaine de langues — terrestres et extra-terrestres — peut seule sans doute résoudre l'énigme. Elle va partir pour un aventureux voyage dans la Galaxie, à bord de l'astronef Rimbaud...
Critique tirée de la rubrique « Diagonales » signée par Alain Dorémieux
Ce space-opera usé jusqu'à la corde, dont je parle quelques lignes plus haut, a jeté quelques-uns de ses feux les plus baroques et les plus étincelants avec l'apparition, à partir de 1961, du jeune Samuel Delany, un des virtuoses de la SF contemporaine. Delany est un auteur qui s'est attelé à la tâche bizarre de faire du neuf avec du vieux ; il a repris la vieille défroque, l'a parée de joyaux chatoyants et de kaléidoscopiques couleurs, et il a abouti à des space-opera échevelés, où l'imagination poétique prend le relais de la routine et des tics. Après La chute des tours(Opta, C.L.A.) et Nova(Laffont, « Ailleurs et Demain »), voici Babel 17,postérieur au premier ouvrage et antérieur au second, et livre qui reçut en 1966 le Nebula des S.F.W.A. en tant que meilleur roman de l'année. Babel 17est un roman au fondement original puisqu'il repose sur une introspection du langage, d'un langage, celui précisément auquel on a donné le nom de « Babel 17 », une langue utilisée par de mystérieux ennemis de la civilisation humaine galactique, mais aussi plus qu'une langue : un conditionnement qui permet de programmer les individus et de les transformer en armes secrètes. A bord de l'astronef Rimbaud, significativement nommé en souvenir du plus grand des alchimistes du verbe, une poignée de personnages pittoresques, aux caractéristiques très bande dessinée, partent dans la galaxie à la découverte des secrets de Babel 17. C'est plus drôle et plus inattendu que de poursuivre une flotte d'astronefs adverses. Delany n'a pas toujours su relier les mailles de son roman, dont le tissage laisse parfois à désirer. Mais ça n'empêche pas Babel 17 d'être un roman aussi intéressant que sympathique. Delany est vraiment un type attachant. C'est fou ce qu'il me fait penser parfois à Demuth dans sa grande époque : celle des nouvelles flamboyantes et colorées, quand il écrivait sans arrêt comme un vrai dingue. Demuth qui aurait pu — qui aurait dû — être le Delany français, s'il ne s'était pas perdu dans les marécages bourbeux de l'édition, dans la routine bureaucratique du « métier » de directeur littéraire. Mais, quand on a du talent, une renaissance est toujours possible ; il est impensable que Demuth ne se remette pas un jour à écrire.