Critique des 2 volumes de la série Dérive parus sous les n° 1616 et 1618
Roy D. Ghurdal découvre le cadavre de son Original dans leur domicile commun. Comme il est un clone, identique à son modèle mais reconnaissable à ses mains noires, signe distinctif des êtres reproduits, on va l'accuser du meurtre. C'est couru d'avance. Pour contrecarrer la fatalité, il s'enfuit et, aidé de quelques amis, originaux et clones, il fonde un mouvement de défense des clones. Les Pénitents, ennemis jurés des mains noires, se mêleront de l'affaire, ainsi que la police et les membres du gouvernement de l'Ile Spatiale. Tout dégénérera dans la joie du terrorisme et, au milieu des morts, des frustrations clonesques par amour contrarié (une originale ne peut aimer un clone, quand bien même elle était l'amante de son original assassiné...), tout rentrera dans l'ordre au bout du compte, un ordre nouveau qui intègre les clones dans le giron de l'humanité.
Le décor étant planté, signalons la principale gêne de cette bilogie ; à aucun moment on ne peut prendre un personnage à son compte et souhaiter qu'il s'en sorte, ou au contraire qu'il lui arrive malheur. Peut-être parce qu'il s'agit pour la plupart de clones et que le lecteur éprouve toutes les peines du monde à s'identifier à eux !
Le clonage offre un thème intéressant. On comprend pourquoi. Narcissisme oblige. C'est l'esclavage par excellence, l'esclavage de soi-même par soi-même. Et pourtant, c'est un autre qui tombe sous sa propre domination...
Ces deux romans proposent des préoccupations importantes : la lutte des clones pour conquérir liberté et égalité. Fraternité, ce serait trop demander. Mais ils sont écrits sur un mode anodin, sans véritable force militante. Je veux dire par là que les ficelles nouées par l'écrivain sont visibles bien que le résultat obtenu soit finalement correct.
Un roman aurait peut-être suffi. Deux, c'est presque trop...
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/6/1988 dans Fiction 398
Mise en ligne le : 29/3/2003