Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Les Cristaux de Sigel Alpha

Doris LE MAY & Jean-Louis LE MAY

Première parution : Paris, France : Fleuve Noir, Anticipation n° 484, 4ème trimestre 1971

Illustration de Gaston de SAINTE-CROIX

FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions (Paris, France), coll. Anticipation n° 484
Dépôt légal : 4ème trimestre 1971
Première édition
Roman, 240 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 11,1 x 17,3 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Il est des merveilles visibles, semées dans le grand champ de vide de l'espace par la puissance de la création. Il en est d'autres cachées qu'il faut savoir découvrir. Toutes les civilisations, quel que soit leur niveau, ont porté le même intérêt passionné pour le mystère des astres de lumière et de leurs représentations nées de la roche ou de la terre, les gemmes.
     Nous traversons l'espace sur des routes portées par un temps différent ; nous avons vaincu le terrible handicap des biosphères différentes ; nous domestiquons les forces qui maintiennent les mondes sur les orbites éternelles et malgré cette impression de puissance absolue fournie à l'intelligence, nous demeurons muets devant la perfection des œuvres de la nature.
     Il n'est pas une planète, pas un monde, pas une civilisation qui ne porte une manière de vénération à l'un de ces étranges fruits de la pierre que sont les cristaux. Parce que leur rareté leur confère des valeurs inouïes, les échanges auxquels ils donnent lieu ont été rapidement dominés par ceux qui avaient la meilleure organisation, le meilleur réseau, la science du commerce la plus évoluée.
     Mais il n'est pas toujours aisé de maintenir une légalité stricte lorsque le produit est rare, précieux et relativement facile à transporter d'un monde à l'autre. Or, la réputation des Hauts Marchands ne peut être entachée...
Critiques
     J. et D. Le May exploitent, semble-t-il, dans leurs romans trois cadres d'action privilégiés. L'un (dont ressortissent des œuvres qui portent parfois en sous-titre la mention Contes et légendes du futur) est axé sur l'aventure d'un petit groupe (voire d'un individu isolé) perdu sur une planète sauvage très éloignée de nous dans le temps et dans l'espace ; c'est à cette occasion que J. et D. Le May se montrent le plus lyriques (Arel d'Aramante, Les landes d'Achernar). Un autre nous fait assister à la résurgence d'une intelligence et d'une vie organisées sur une Terre post-atomique où émergent et s'affrontent différents sous-groupes humains (Les montagnes mouvantes, Les trophées de la cité morte). Le troisième cadre (Irimanthe), s'appuie sur les « Dossier des Enquêtes Galactiques » gardés dans les entrailles électroniques des machines à mémoire de Marslosvk. C'est à cette dernière série qu'appartient Les cristaux de Sigel Alpha, qui met en présence un jeune prospecteur de gemmes. Somelekan Greer (accompagné de ses deux fidèles Adamalones, créatures chitineuses intelligentes), une famille de nautes assez andersoniens, les Viggen (et surtout la fille, Sheen) et la puissante Ligegal (Ligue des Gemmologues Galactiques), branche de la Fédération des Hauts Marchands, et son représentant. le fourbe Garkas Mano.
     Le terrain de la rencontre est le planétoïde Sigel Alpha, terre peu peuplée et guère hospitalière (un typhon décadaire y contraint les habitants à s'enterrer pendant quarante-huit heures tous les dix jours), qui recèle toutefois dans son sous-sol de fabuleux filons de cristaux dont la valeur est grande sur tous les mondes civilisés. L'intrigue se noue lorsque l'employeur (Ligegal) veut filouter le prospecteur (Som) et les convoyeurs (Arne Viggen et sa tribu). Il nous importe peu, dans le cadre de cette notice, de savoir comment le conflit se résoudra (au mieux de l'intérêt des « petits » — et de l'amour  ! — contre le gros vilain exploiteur). Ce qu'il faut par contre signaler, c'est que J. et D. Le May, explorant le théâtre vaste d'un avenir galactique plus ou moins harmonieux, plus ou moins apaisé, ne cherchent jamais à corser leurs ballades cosmiques par d'éclatants exploits où de bons Terriens ne heurteraient à des féroces bug-eyed monsters.
     D'abord, chez ces auteurs, il n'y a jamais de civilisations frappées du sceau de l'infamie raciale, mais seulement des formes de vie ayant leurs besoins et leurs raisons, qui peuvent ne pas concorder avec ceux des humains (Irimanthe). Ensuite et surtout, les Le May ont bien compris que l'essence de tout conflit était économique et que, dans le cadre qu'ils se sont tracé, il ne peut pas (plus) y avoir de guerres ouvertes, mais seulement des heurts larvés, secrets, dont le moteur est l'argent ou un de ses substituts. C'est dire que leur SF fait partie de ces space-operas (mais le terme lui-même, à cause du poids de ses références, est encore mai choisi) résolument modernes, matérialistes et non-romantiques, dans la lignée du Nova de Delany.
     J. et D. Le May ont un style souple, un peu nonchalant, parfois assez maniéré, qui convient bien à l'ossature simple, linéaire, patiente, de leurs œuvres. Ils n'oublient jamais que leurs héros sont avant tout des hommes (ou des êtres « autres », mais pas pour autant indignes d'intérêt ni d'attention), et toujours les contacts et les rapports sont chez eux traités avec infiniment de tact. Je n'en veux pour preuve que la longue partie centrale des Cristaux de Sigel Alpha (environ la moitié du roman), pendant laquelle rien ne se passe — Sheen et Som étant enfermés dans un abri pendant le typhon — hormis quelques jeux de mains, des regards échangés, des mots qui s'envolent, entre la fille des étoiles et le garçon du sous-sol qui se détaillent, prennent la mesure l'un de l'autre, consolident une connaissance réciproque qui se muera vite en amour partagé.
     Il est souvent bien difficile de jauger les auteurs du Fleuve Noir, simplement parce que le rythme de parution maison rend quasi impossible une lecture systématique de tout ce qui sort. J. et D. Le May ont attendu longtemps avant d'être « reconnus » — dans nos colonnes, s'entend  ! Mais mieux vaut avoir raison un peu tard que tort avant tout le monde ; et je suis d'ailleurs persuadé que les lecteurs attentifs ont depuis longtemps rangé J. et D. Le May parmi les bons et solides vaisseaux qu'entraîne le Fleuve... au milieu de ses épaves.

Denis PHILIPPE
Première parution : 1/5/1972 dans Fiction 221
Mise en ligne le : 1/5/2002

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 79728 livres, 92737 photos de couvertures, 75753 quatrièmes.
9093 critiques, 43289 intervenant·e·s, 1660 photographies, 3783 adaptations.
 
Vie privée et cookies/RGPD
A propos de l'association. Nous contacter.
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes.
Trouver une librairie !
© nooSFere, 1999-2023. Tous droits réservés.