À plus de cent mille années dans l'avenir, voici la Pyramide, l'ultime refuge de l'humanité, la dernière et la plus gigantesque construction sur terre.
Dans ses mille cités, les survivants de la civilisation humaine attendent la fin, assiégés par les entités monstrueuses qui ont pris possession du monde et installé, pour une éternité semble-t-il, une ère de cauchemar.
Aux meurtrières, les guetteurs épient le Lieu Où Tuent Les Êtres Silencieux, celui de la Brume Noire, les hommes de la Vallée des Chiens.
Qui peut oser quitter la Pyramide et franchir le Cercle Electrique qui la protège ? Qui, sinon un homme fou de passion capable de s'aventurer dans les territoires de l'Anti-vie, dans le Pays de la Nuit.
Ceci est une légende à venir, une odyssée dans la terreur et l'indicible et, surtout, une histoire d'amour.
Dans un futur extrêmement lointain, alors que le soleil agonisant plonge le monde dans une lumière crépusculaire, les derniers vestiges de l'humanité survivent dans deux pyramides de métal, bastions de douze kilomètres de haut, exploitant l'énergie tellurique et magnétique du sous-sol. A l'extérieur, des créatures dégénérées hantent les paysages désolés. Le héros est un individu du XIXe siècle qui ne s'est jamais consolé de la mort prématurée de sa femme et qui, dans des rêves aux couleurs du réel, se retrouve dans ce monde sur le déclin. Par télépathie, il reçoit des messages d'une jeune femme recluse dans la seconde pyramide assiégée par des monstres et il semble y reconnaître une réincarnation de sa belle décédée. Aussi entreprend-il le dangereux périple à travers le Pays de la Nuit pour la ramener saine et sauve.
Rendons hommage à Hodgson : c'était être novateur que de montrer, en 1905, date de rédaction du roman, un monde sur le déclin, une société avancée luttant pour sa survie (elle dispose même d'une eau en poudre qui se liquéfie au contact de l'air !). Le narrateur reste cependant un pur produit de son époque, sollicitant la soumission de sa compagne (« elle était ma jeune esclave. Non, ne riez pas (...) un homme doit tenir de tels propos à sa compagne »), n'hésitant pas à la châtier des perversités de sa féminité.
L'écriture, surtout, a terriblement vieilli (dans sa traduction tout du moins). Et, Dieu, comme ce récit semble long avec ses descriptions maintes fois réitérées ! Et les scènes aussi se répètent et se ressemblent ! Et ce style déclamatoire, d'une poésie toute romantique, qui alourdit encore l'ensemble... Même s'il ne faut pas considérer Le Pays de la nuit comme un roman, mais plutôt comme un long poème en prose, c'est tout de même pesant.
Brian Stableford, dans sa remarquable préface, et sans occulter les maniérismes et l'ennui de ce trop long opus (qui connut des versions abrégées de... 84 pages !), analyse avec justesse, aussi bien dans le symbolisme qu'à partir des connaissances scientifiques de l'époque, la portée littéraire du Pays de la nuit, salué en son temps par Clark Ashton Smith et H. P. Lovecraft. Reste que si l'œuvre fit date, elle ne séduira aujourd'hui que les esprits curieux, et tenaces !