Le destin de Xavier William Lennox ne manquera pas de vous surprendre. Tout commence comme une simple aventure à la Indiana Jones, alors que Lennox se fait torturer par une race extra-terrestre dont il explorait la planète afin de rentrer sur Terre écrire un autre de ses best-sellers... Sauvé par les siens à la dernière minute, l'écrivain aventurier revient sur Terre. À son retour, la République lui offre un marché qui va bouleverser sa vie : il sera transformé en extra-terrestre afin de mieux s'infiltrer chez l'ennemi et faire aboutir des accords de paix inter-raciale.
Le problème, c'est que Lennox, au fur et à mesure de ses missions, prend de plus en plus goût à ses nouvelles morphologies, et a de moins en moins envie de redevenir un homme...
L'idée de départ de Resnick n'est pas forcément originale. La nouvelle de Pierre Bordage publiée dans l'anthologie présentée par Ayerdhal commence quasiment de la même façon. Dérangeante métamorphose d'un être humain en une bestiole extraterrestre peu ragoûtante... On ressent un certain malaise qui n'est pas sans rappeler celui du court roman de Kafka, La Métamorphose.
L'intérêt du roman repose plutôt dans la volonté de Lennox de pousser toujours plus loin la communion entre l'Homme et les autres races de la galaxie, et Resnick, tel Silverberg dans Le Fils de 1 'homme, semble vouloir exprimer sa frustration quant aux limites que notre pauvre corps nous impose en matière de communication. Lennox n'arrive plus à se passer des acuités sensorielles auxquelles il goûte à chaque métamorphose et finit par être dégoûté du corps humain et de sa condition.
L'Homme ne ressort pas indemne du roman : imparfait, intolérant et prétentieux, à toujours vouloir faire avancer le savoir scientifique, il a oublié le savoir humain, religieux. . .
Projet Miracle, s'il souffre d'un léger défaut de construction, saura sans doute mettre en question quelques-unes de nos plus intimes convictions. Mais le véritable dilemme du roman se pose quand l'un des extraterrestres explique à Lennox que malgré tous les efforts que celui-ci a fait pour leur ressembler, aussi bien physiquement que mentalement, jamais il ne saisira la signification profonde de leurs rituels religieux. Ainsi, son désir de comprendre parfaitement l'Autre ne sera jamais assouvi. Une fois encore, on retrouve l'empreinte de Silverberg dans le pessimisme de Resnick, qui ne trouve d'autre solution pour son héros que le refus de l'humanité.
Henri LŒVENBRUCK (site web)
Première parution : 1/9/1996 dans Galaxies 2
Mise en ligne le : 1/12/2001