Ian WATSON Titre original : Miracle Visitors, 1978 Première parution : Gollancz, juillet 1978 Traduction de Henry-Luc PLANCHAT
CALMANN-LÉVY
(Paris, France), coll. Dimensions SF Dépôt légal : 2ème trimestre 1981 Première édition Roman, 264 pages ISBN : 2-7021-0410-X Format : 14,0 x 21,0 cm Genre : Science-Fiction
C'est dans le cadre d'une expérience d'hypnose que le psychologue britannique John Deacon entend pour la première fois, de la bouche d'un étudiant, le récit d'une « rencontre du troisième type ». Fasciné, il se lance dans une enquête en compagnie de l'étudiant, Michael Peacocke, qui avait jusqu'alors refoulé l'épisode dans son inconscient. Ils sont bientôt rejoints par l'Américain Shriver, que le mystère des OVNIS obsède depuis des années. Leurs recherches vont déclencher une série d'« événements » insolites qui culminent avec une expédition sur la face cachée de la Lune au volant d'une Ford...
Ian Watson, qui reconnaît sa dette envers les travaux du Français Bertrand Méheust, s'attache moins ici au problème de l'« authenticité » des OVNIS qu'à la réalité de leur expérience pour les humains concernés. Les extra-terrestres sont-ils le dernier masque d'un phénomène lié en d'autres temps aux apparitions, aux révélations mystiques, à la magie ? Faut-il réviser nos concepts de raison et de perception ? Une fois encore, Watson nous parle des frontières de la conscience ; il a construit un vrai roman, complexe, stimulant et original. Chez lui, les idées sont la matière même du suspense.
lan Watson est né en 1943 à North Shields, en Angleterre.Après des études de littérature à Oxford, il a beaucoup vécu à l'étranger (Japon, Egypte). Il écrit depuis 1969. Son premierroman, L'Enchâssement, a obtenu le Prix Apollo 1975.
Critiques
Depuis le fameux Enchâssement (Livre de Poche), Ian Watson bâtit une œuvre méthodiquement agencée autour des limites métaphysiques des systèmes de pensée, en particulier les sciences contemporaines. Une sorte d'épistémologie-fiction. Les visiteurs du miracle (comme Les yeux géants de Jeury, chez Laffont) s'inspire du remarquable essai de Bertrand Méheust : Science-fiction et soucoupes volantes (Mercure de France). Le phénomène OVNI sert ici de moteur à une réflexion sur la conscience, la nature de son lien au réel. Assez curieusement, c'est le modèle informatique qui sert de support à un retour de la pensée magique. Comme chez Jeury, comme chez le Dick de Siva (Denoël), la structure du programme est extrapolée sur le plan métaphysique, réactivant (apparemment) les processus du mysticisme. Pour Baudrillard (Simulacres et simulation, Galilée), notre société de l'informatisation, de la TV, du classement, de la génétique, des hologrammes, se transforme en un univers de pure simulation, conduisant à la perte du sentiment de réel et, corrélativement, à une mort déliquescente de l'imaginaire. La SF et la sword and sorcery vivent aussi à l'heure des artefacts : Rencontre du troisième type. La guerre des étoiles, Excalibur — machineries factices, supermarchés cinématographiques, rouages à évacuer l'imaginaire. Face à cette dissipation, la pensée magique n'est-elle pas une façon de sauver le principe de réalité, de restituer de la substance à un univers d'informations sans origine et sans destination ? Chez Watson, le processus mystique n'est pas joué au premier degré comme dans l'épopée fantastique (où la pensée magique va de soi) mais sert à faire éclater le cadre de la raison, du discours rationnel. De telle sorte que, bien que moins baroque que Jeury et moins désespérée que Dick, la démarche de Watson est aussi celle d'un voyage au bout du langage, ce système des systèmes.