Christian Grenier, auteur jeunesse
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Son enfance
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     Mais je ne voulais pas devenir écrivain ! Quand mes parents m'ont demandé quel métier je voulais exercer plus tard, ma réponse a été spontanée :
     — Pardi : comédien ! J'aimerais travailler dans le théâtre, comme vous.
     — Tu es fou ! a répliqué mon père. As-tu vu la vie que nous menons ? Quand je rentre la nuit, tu dors depuis longtemps. Je ne me couche jamais avant une heure !
     Moi, je trouvais ça très bien.
     — As-tu remarqué que je me lève à dix heures du matin ?
     Ma foi, je trouvais ça très bien aussi.
     — Et puis, a ajouté ma mère, les acteurs vivent rarement chez eux. Ils sont tout le temps en voyage, ils partent en tournée, en France — et parfois même à l'étranger !
     J'aurais été ravi de mener une telle vie. La scène, les projecteurs, les costumes... c'était là un univers à la fois fascinant et familier.


     Erreur. Mes parents étaient de petits acteurs, ils gagnaient très mal leur vie et menaient une vie de saltimbanques. Pour survivre, ils acceptaient de jouer n'importe quel rôle, même celui de figurant. Un jour, le responsable d'une troupe de Nancy a contacté mon père.
     — L'un de nos acteurs nous fait faux bond pour la représentation de demain. Il s'agit d'une adaptation des Mystères de Paris et du rôle du Chourineur. Vous le connaissez ?
     — Par coeur ! a juré mon père qui n'en connaissait pas le premier mot.
     Il est parti pour Nancy et a appris son texte dans le train.
     Mes parents ne voulaient pas que je connaisse les mêmes galères qu'eux, ils économisaient sou par sou.


     Sur cent professionnels, un seul est vraiment connu du public, dix vivent mal de leur métier et le reste doit exercer une autre profession !
     Ma tante, ma cousine germaine et son mari, eux, travaillaient dans le music hall. Ce n'était pas à une heure qu'ils rentraient chez eux mais à cinq ou six heures du matin ! Mes parents et eux avaient exercé tous les métiers du théâtre : comédien bien sûr, mais aussi costumier, souffleur, directeur de troupe...
     Quand mon père est devenu régisseur à la Comédie Française, quel soulagement : un salaire régulier allait entrer à la maison. Du coup, ma mère a abandonné sa carrière. Pourtant, elle avait un petit nom dans le spectacle.
     — Il n'est pas question que tu fasses du théâtre, ont décrété mes parents. Tu seras facteur, instituteur, gendarme... Tu auras un salaire qui tombe à la fin de chaque mois.


     On ne m'a pas laissé le choix. Comme j'étais bon en Français ( euh... plus exactement je n'étais bon qu'en Français ) je me suis orienté vers la profession d'enseignant... Après tout, être prof me paraissait être une activité proche de celle du théâtre : on apprend son rôle ; le public — et le salaire ! — sont assurés. Bien sûr, c'est un one man show un peu répétitif. Les applaudissements sont rares. Et le public pas toujours enthousiaste. Mais c'était pour moi le seul moyen de baigner en permanence dans la littérature.
     Le problème était de passer le bac. Car ma moyenne en math était proche de zéro. Quant à être instituteur, il n'en était pas question, je ne me sentais pas capable d'enseigner autre chose que... le Français !
     Le parcours a été difficile mais j'y suis parvenu. ( voir « sa vie, ses goûts » )
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Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
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