Depuis qu'on m'a appris à écrire !

     Avant d'écrire, j'ai été gavé d'histoires... Parfois, je n'y comprenais rien.

     Il paraît que j'ai vu ma première pièce à l'âge de... neuf mois ! Evidemment, je ne m'en souviens pas. Par la suite, mes parents m'ont souvent emmené au théâtre : une deux, trois fois par semaine. Aujourd'hui, je connais certaines pièces presque par coeur.

     D'autres fois, le soir, la fille de la concierge, engagée comme baby sitter, venait me garder quand mes parents n'étaient pas là. Elle me lisait ou me racontait des histoires pour m'endormir. Grave erreur : je ne m'endormais pas, j'en réclamais toujours d'autres.

     N'oublions pas ma première institutrice, Madame Vitall, c'est elle qui m'a appris à lire et à écrire. Ce n'est pas un hasard si je lui ai demandé d'être témoin à mon mariage. Dès mon entrée au CP, mes parents m'ont acheté quelques petits livres d'or publiés chez Flammarion ( voir « Sa vie, ses goûts » )

     Désormais, je pouvais déchiffrer seul mes histoires — et les livres qu'il y avait à la maison !

     Par ailleurs, dès que j'ai su écrire, j'ai écrit ! Un récit, c'est un véhicule dont l'écrivain est le conducteur. Passager, le lecteur se laisse emporter. Mais s'il peut apprécier le paysage, il n'est jamais maître du voyage. Très vite, j'ai voulu devenir le pilote des histoires... j'ai compris qu'écrire, c'était détenir un pouvoir que je n'étais pas près d'abandonner. D'autre part, je disposais de peu de livres. Après la guerre, les collections de livres pour la jeunesse étaient rares. Mes parents m'en achetaient peu. Et les gros romans qu'ils possédaient étaient trop compliqués pour moi.

     La plus proche se trouvait à la mairie du XVIIIe arrondissement. Pour m'y rendre, il fallait prendre l'autobus. J'ai commencé à écrire des histoires pour me fabriquer des livres sur mesure puisque ceux dont je disposais ne me suffisaient pas, et parce que je les connaissais depuis longtemps par coeur !