Si vous avez lu les réponses aux questions qui précèdent, vous avez déjà compris que je n'improvise pas : quand je commence à rédiger, tout est déjà en place ! Il est rare que mes personnages m'échappent, ou que je me laisse entraîner dans le fil de l'action ailleurs que là où je m'étais promis d'aller. Si je m'y risquais, cela risquerait de perturber l'ensemble d'un édifice dont le plan me semblait cohérent et dont les pièces étaient bien assemblées.
Evidemment, cela me réserve peu de surprises... mais je juge qu'ajuster mes idées avec des mots est déjà une tâche lourde, difficile, écrasante. S'il me fallait en plus imaginer les phases de l'action au fur et à mesure !
Mais cette question est pertinente car certains de mes camarades procèdent tout autrement. Un titre, une ambiance, une situation leur suffisent parfois pour démarrer l'écriture. Ce qu'ils aiment justement, c'est improviser, se laisser porter par le fil d'une histoire qu'ils construisent au fur et à mesure. Jeanne Benameur m'a même avoué qu'il lui était arrivé de tuer un personnage important parce qu'elle en ressentait la nécessité... alors qu'elle ne l'avait jamais envisagé en commençant son histoire.
J'utilise aujourd'hui d'instinct cette technique d'écriture particulière pour deux raisons :
1/ Autrefois, il m'est arrivé à plusieurs reprises de partir trop vite, d'improviser... et de rester bloqué au bout d'une semaine, de manquer d'idées ou — pire — d'enthousiasme. Baliser soigneusement le chemin à parcourir me permet d'éviter cet écueil. Et puis je me raconte des histoires dans ma tête depuis si longtemps !
2/ Les romans que j'écris ont souvent relevé de la SF ou du policier, deux genres qui supportent mal l'improvisation, le premier parce qu'il s'agit de conjuguer toutes les conséquences d'une hypothèse de départ ( voir
« Ses choix littéraires » ), le second parce que je me vois mal me demander au bout de deux cents pages qui est le meurtrier, et quels sont les mobiles de son crime ! Il est évident qu'avant d'écrire la première ligne d'un roman comme
Arrêtez la musique, je connais le coupable, ses motivations, ses complices !