En fait, on écrit toujours... avec sa tête ! L'outil est certes important, il modifie d'ailleurs sans doute l'écriture — mais quel que soit l'outil dont je dispose... je peux écrire !
Enfant et adolescent, j'ai toujours écrit à la main, sur des cahiers et avec un stylo plume. J'adore les cahiers, le papier, l'encre...
Mais en 1968, ma femme m'a offert une machine à écrire que j'ai bien sûr aussitôt adoptée pour rédiger mes romans. J'écrivais d'abord plusieurs brouillons, sur des cahiers ( ils étaient toujours abondamment raturés ; j'en apporte quelques uns en classe pour les montrer à mes jeunes lecteurs quand j'assure une rencontre ). Puis je recopiais le texte une, deux, parfois trois fois — eh oui, en relisant ma “ version machine ”, je lui apportais à nouveau tant de modifications que j'étais souvent obligé de la recopier intégralement !
J'ai ainsi “ tué ” plusieurs machines à écrire portatives, électriques, à boule, etc.
Depuis 1985, j'ai découvert l'ordinateur. Plus exactement mon fils Sylvain, qui avait 17 ans, m'a convaincu que c'était là l'outil idéal pour un écrivain. Il avait raison !
J'ai eu beaucoup de mal à abandonner mes cahiers, au départ j'utilisais l'ordinateur comme une machine à écrire : pour recopier mon texte rédigé d'abord au brouillon sur des cahiers ! Peu à peu, j'ai appris à taper directement mes histoires sur le clavier, et à utiliser le traitement de texte. Aujourd'hui, j'aurais du mal à m'en passer, c'est tellement souple et pratique de pouvoir ajouter, couper, coller, effacer du texte — ou le mettre de côté sur un fichier annexe !
Je n'écris pas plus vite mais j'hésite beaucoup moins à travailler mes phrases : avec un traitement de texte, raturer, ajouter, essayer une formulation nouvelle n'occupe pas de place, plus question de gribouiller, de raturer, de recopier...
Depuis quelque temps et avec certains directeurs littéraires, je n'envoie d'ailleurs plus mon texte imprimé par la poste : je le leur adresse par mail, en “ document joint ”. Grâce au modem, deux cent pages parviennent ainsi en une minute sur le disque dur de l'ordinateur de l'éditeur, à 600 kilomètres de là. Il m'est ainsi arrivé d'avoir une réponse dans la journée à un manuscrit envoyé ainsi, aussitôt reçu il avait été lu sur écran ( ou d'abord imprimé ? ) par son destinataire.
Cependant, il m'arrive encore d'écrire à la main ! Pas mes romans, certes, mais du courrier, des notes, mon journal...
Je ne me sépare jamais de mon stylo !