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En fonction du genre du récit. Quand on connaît bien la littérature, on sait que les éditeurs ne publient pas le même type de récits. Les romans qu'on trouve chez Robert Laffont sont différents de ceux des Editions de Minuit. Et les choix éditoriaux d'Actes Sud ne sont pas ceux du Fleuve Noir. Ainsi, je ne propose jamais à Rageot un roman de science-fiction. Mais si c'est un roman policier, je sais qu'il aura sûrement sa place dans la collection Cascade. Quand j'ai écrit un récit court qui peut devenir un album, je m'adresse alors à Nathan, ou à Magnard où mon vieil ami Jack Chaboud dirige les P'tits Intrépides et les P'tits fantastiques. Il m'arrive aussi d'écrire un récit en me demandant bien à quel éditeur il pourrait convenir ! Si j'ai envoyé La Fille de 3ème B. et Le Pianiste sans visage à Rageot, c'est parce que je m'étais engagé moralement à proposer en priorité à Caroline Westberg tout ce que j'écrivais et qui ne relevait pas de la SF. Mais je me doutais qu'il n'y avait pas vraiment de collection pour accueillir ces deux récits jumeaux. Caroline, qui a lu ces deux romans en 24 heures, les a acceptés avec enthousiasme. Si elle n'en avait pas voulu, je me serais tourné vers Nathan, Le Livre de Poche... ou l'un de mes autres éditeurs.
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J'écris dans des domaines trop différents et pour des tranches d'âges trop diverses pour n'avoir qu'un seul éditeur. Lequel, sur le marché, pourrait accueillir à la fois de la SF, des polars, des romans historiques ou sociaux, de la mythologie, des nouvelles, des albums, des essais ? Par ailleurs, quand j'ai commencé à être publié, le hasard a voulu que j'aie aussitôt quatre éditeurs différents : - Rageot, qui avait accepté mon premier manuscrit tapé à la machine, Aïo Terre invisible — voir « Ses débuts ».
- Magnard, qui m'avait commandé un essai, Jeunesse et science-fiction.
- Les Presses de la Cité qui, après que j'ai obtenu le Prix ORTF avec le manuscrit de La Machination, avait offert les meilleures conditions de publication à la suite d'un appel d'offres.
- La Farandole, qui avait accepté Face au Grand Jeu après le refus de ce manuscrit par les Presses de la Cité.
Poussé, encouragé à écrire de la SF, je ne voulais pas non plus publier chez un seul éditeur ce qui aurait réduit mon lectorat.
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Bien sûr. Il m'arrive aussi d'en refuser ! Il faudrait aussi s'entendre sur le terme de « commande ». En 1970, après avoir signé mon premier contrat pour Aïo, Terre invisible, l'éditrice, Catherine Scob, m'a confié qu'elle serait très intéressée, pour sa collection Jeunesse Poche, par d'autres récits de SF pouvant convenir à de plus jeunes lecteurs. C'est ainsi qu'est né Sabotage sur la planète rouge. Ce n'était pas à proprement parler une commande ! Quand l'équipe de Je Bouquine me téléphone pour solliciter un récit, ce n'est jamais pour me demander de mettre en scène tel personnage dans tel type d'histoire. Parfois, on me précise : — Pas de SF si possible. Ou, au contraire : — Nous aimerions une histoire pour « fêter l'arrivée de l'an 2000 ». Mais quand j'ai écrit Le Visiteur de l'an 2000, je n'avais aucune autre contrainte, aucune autre consigne, sinon celles des Je Bouqine : cinq chapitres, nombres de pages limité, lectorat théorique de 10 à 15 ans... De même, quand Michel Cosem m'a demandé un roman pour sa petite collection des Editions du Laquet, il m'a simplement dit : — Ecris-moi ce que tu veux, SF, fantastique, roman historique... Je te fais confiance.
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* Août 44, Paris sur scène ! Mon vieil ami Christian Léourier m'a sollicité il y a deux ans, et m'a persuadé que je devais et pouvais écrire un roman sur la libération de Paris... Au départ, j'étais loin d'être convaincu que je ferais l'affaire ! Evidemment, quand c'est un ami qui devient directeur de collection, c'est très difficile de refuser une commande ! Si Le Multimonde est né, c'est parce que Denis Guiot a fait le forcing... Je ne me suis mis au travail que sous la contrainte, ou presque. Mais je ne l'ai pas regretté !
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