Qu 'est ce que Garichankar, Yellow Submarine, Espace-temps, SFère ou encore Palimpseste sporadique ? De petites publications , à la périodicité incertaine et à la durée de survie éphémère, tirées à quelques dizaines, au mieux à quelques centaines d'exemplaires qu'on ne peut se procurer que par abonnement, au stand des conventions et dans quelques librairies spécialisées, et qui sont issues de petits groupes d'amateurs (quand ce n'est pas d'un individu isolé) : les « fans ». Leur nom : les « fanzines » (magazines des fans), dont la nébuleuse, en constante évolution, forme ce qu'on appelle le fandom, qui fonctionne dans la plus joyeuse pagaille qui soit tout en aspirant au régentement du genre dont il est l'émanation. Les fanzines se répartissent grossièrement en deux styles de publication : les mini-revues, qui publient des nouvelles de débutants et possèdent une importante partie critique (où se développe le plus souvent un esprit de chapelle tonique ou regrettable, selon les points vue) et les organes théoriques, consacrés à la célébration ou a la redécouverte d'un art (ciné et BD) ou d'un sous-genre (l'horreur, la littérature populaire, etc.)
Le fandom possède ses ancêtres rarissimes et prestigieux (années 1950) comme Ailleurs de Pierre Versins ou Le petit Silence Illustré de Jacques Sternberg ; ses fondateurs (années 1960) avec Nyarlathotep du lyonnais Marc Michalet, d'une grande qualité d'impression), Mercury (créé par J.-.P. Fontana à Clermont-Ferrand), Lunatique surtout, élaboré par la seule Jacqueline Osterrath, et qui vécut de 1963 à 1970 ; ses solitaires n'ayant eu qu'un à trois numéros, mais de grande classe (Iblis, One shot, tous deux avec le concours graphique de Caza, ou Fantascienza, qui sortit en 1981 un mémoire exceptionnel sur la revue Galaxie) ; ses marginaux facétieux et provocateurs issus de Mai 1968 (le petit Mickey qui n'a pas peur des gros d' Yves Frémion, Le citron hallucinogène de Bernard Blanc). Citons les fanzines québecquois Requiem — devenu Solaris et Imagine ; le belge Ides et autres de Bernard Goorden, précieux catalogue des littératures internationales ; attardons-nous sur deux réussites qui, bien que n'appartenant pas au strict domaine de la S-F, projetèrent de petits nouveaux-nés ronéotés de la fin des années 1960 au sommet de la réussite commerciale : L'écran Fantastique d' Alain Schlockoff et Les Cahiers de la Bande Dessinée — base de l'ensemble des éditions Glénat ; venons-en enfin à la production 1987 avec L'annonce-Bouquins (vente achat, échanges ! ), Passe Temps d' Eric Vial (S-F et histoire) Phénix (sur le fantastique), et surtout Mater Tenebrarum qui exhume en de nombreux numéros spéciaux des textes rares ainsi que Antarés qui depuis une demi-douzaine d'années nous fait connaître des S-F nationales peu connues, principalement des pays de l'Est. Un beau palmarès, forcément incomplet et constamment travaillé par les mutations, mais qui témoigne de la vie et de la vivacité de la science-fiction.
Lecture :
—Mater Tenebrarum c/o Gérard Coisne, Rés, les Grandes Varennes, 41 rue André-Tornade — 17000 La Rochelle
—Ides et Autres (BP 33, UCCLE 5, 1180/Bruxelles)
—L'annonce-bouquins ( Pierre Caillens, 121, av. Georges Pompidou, 33500 Libourne)
—Passe-Temps (113, av. d'Ivry, 75013 Paris)
— et l'ancêtre Ailleurs et Autres ( F. Valery, librairie Au carrefour des étoiles, 83 cours de l'Yser, 33000 Bordeaux) qui vient de fêter son 100 e anniversaire — un événement dans le petit monde des fanzines !
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