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Rafales versus ovnis

Café, SF, et assimilés (même de très loin…) 11. Aujourd’hui (24/01/2013)

Joseph ALTAIRAC

Facebook.com, janvier 2013

          Je n’ai pas toujours bu du café le matin. Il fut un temps, lointain, où le Banania avait ma préférence.

 

          Les boîtes en carton Banania ! On y trouvait dessiné dessus des avions de chasse à découper. Quelle nostalgie ! Je me souviens du bon vieux Sabre (North American F-86) comme si c’était hier (c’est dommage, je n’en retrouve pas l’ équivalent, sur Google Image). Autre souvenir marqué au sceau de l’aviation, la lecture fébrile de l’album « SOS, soucoupes volantes ! », une aventure de Buck Danny, que je m’étais fait acheter par mon père. Ah ! J’avais été déçu, à la fin de l’album, de voir que les soucoupes volantes en question étaient purement imaginaires... Tout le monde a sans doute l’histoire en tête, mais sait-on jamais, je la rappelle. Un pilote teste sur un porte-avions US un prototype à décollage vertical. Alors qu’il essaie sa bizarre machine en forme de fléchette géante, il aperçoit une soucoupe volante, et il disparaît ! Enlevé par des extraterrestres ? Mais non ! Des méchants ont kidnappé son fils et, par chantage, ont obligé le malheureux à leur livrer le prototype. Le coup de la soucoupe volante, c’est juste pour donner le change... Heureusement, Buck Danny n’est pas dupe ! Et tout se terminera bien dans le deuxième volume, « Un prototype a disparu » : les « rascals » seront bien punis ! (J’adore cette insulte, « rascal », typiquement buckdannienne !)

 

          J‘avais été déçu, mais un peu seulement. Finalement, les aventures de Buck Danny étaient bien chouettes, même sans soucoupes, les scénarios de Charlier toujours astucieux, logiques (raisonnablement logiques, disons), et pleins de suspense. Il y avait de bien beaux avions, surtout... J’ai toujours adoré le dessin raide de Victor Hubinon, que beaucoup d’amateur de bande dessinée, pourtant, n’apprécient guère. Il est resté pour moi celui qui dessinait les avions de manière idéale, c’est comme ça.

 

          La BD d’aviation, ça faisait bien longtemps que je n’avais plus mis le nez dedans. Et coup sur coup, deux rechutes, coup sur coup... D’abord, l’album « Wunderwaffen, Le pilote du diable » de Nolane et Maza , une uchronie qui m’a séduit, avec son pittoresque Lippisch P 13 en vedette (un peut trop agile, le Lippisch, mais bon). J’en ai déjà dit tout le bien que j’en pensais. Et ensuite, sur le conseil de l’ami Gilles Durand, grand chasseur d’ovnis (réels et de papier !) devant Yog-Sothoth, voilà que je me lance dans la lecture d’un album d’une série dont j’ignorais tout, « Mission Kimono ». Pas terrible, comme titre... L’album recommandé (merci, Gilles, pour cette chouette découverte !), est le treizième de la série : « Rafale sur l’Arctique ».

 

          C’est l’anti-exotisme : au lieu d’un porte-avions américain dans le Pacifique, voilà que l’on se retrouve sur le porte-avions Charles de Gaulle, en Mer du Nord ! Je n’aurais jamais ouvert cet album s’il ne m’avait pas été chaudement recommandé, mais je ne le regrette pas, sans doute à cause, en grande partie, de ces réminiscences délicieuses, de ces comparaisons stimulantes qui me sont immédiatement venues à l’esprit, avec Buck Danny, bien sûr, mais aussi Tanguy et Laverdure — dessinés par Uderzo (si, si) au début, puis par Jijé — , et l’invraisemblable mais bien sympathique Dan Cooper, le fantaisiste pilote canadien... « Rafale sur l’Arctique » ferait d’ailleurs plutôt penser au « Mystère des soucoupes volantes », aventure un peu farfelue (comme souvent) de Dan Cooper, qu’à « SOS, soucoupes volantes ! » : en effet, les ovnis rencontrés par les pilotes français embarqués sur le Charles de Gaulle ont l’air parfaitement authentiques1 ! Et c’est un festival : sphères orange, sorte de soupières transparentes volantes, cigare géant muni de hublots (ou ce qui y ressemble), gigantesque formation triangulaire d’étoiles lumineuses... c’est un festival, c’est la totale ! Il paraît d’ailleurs, dixit Gilles, que certains lecteurs de la série sont furieux : jusqu’ici, les aventure des « pilotes de la 11e flottille » se caractérisaient par leur sérieux, et là, patatra, ce sont les délires ufologiques qui débarquent en force ! C’est très drôle !

 

          L’album (publié par JYB, Rennes) se termine alors que le mystère reste entier, et ce n’est rien de le dire : l’intrépide porte-avions français s’approche d’un île, au delà du cercle arctique, qui pourrait bien être à l’origine des phénomènes qui ont failli faire passer ses pilotes d’élite pour des cinglés...

 

          C’est assez bizarre : j’aime cet album tel quel, même sans en connaître le dénouement. Toute l’histoire est racontée avec simplicité, avec clarté, avec un incontestable réalisme, quoi qu’en en dise les râleurs : le scénariste (Jean-Yves Brouard) a vraiment l’air de s’y connaître en matière technique, c’est un plaisir, on apprend plein de choses. Le dessinateur (Francis Nicole) est tout à fait convaincant dans les scènes d’aviation, et si ses personnages ne sont pas hyper travaillés, ils n’ont rien de grotesque. Les couleurs sont sobres comme il convient, à mon sens, à ce type de BD classique, à la... Buck Danny. Et les ovnis sont jolis, élégants, même, on sent que, là aussi, la documentation est sérieuse (et oui ! ). Le scénariste va avoir du mal à ne pas décevoir, dans son prochain opus à paraître. On verra bien ! Mais j’ai refait là un jolie voyage en avion de papier et en enfance, ça ne se refuse pas.

 

          Rien à voir, mais il y a une jolie (double) co(qu)uille (ou pire ?) dans le par ailleurs excellent essai « La raison du fou » de Vincent Noce consacré à Salvador Dali. On y lit en effet :

           « Ainsi, si une étoile se dirige vers la Terre à 2 millions de kilomètres par seconde, la lumière qu’elle aimait se propagerait toujours à la même célérité, soit près de trois millions de kilomètres par seconde. »

 

          Ce serait l’occasion, inespérée, de réhabiliter les hectomètres, qui me semblent bien négligés de nos jours. N’empêche, ce la ferait une étoile bien véloce, mais on dira que c’est une image. On parle d’Art...
 
          Oncle Joe

Notes :

1. 1Authentique.

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