Selon le Quillet, la politique-fiction est « lenom générique des ouvrages d'imagination empruntant aux données socio-politiques du moment les matériaux qui serviront à dresser le tableau cohérent d'un futur plus ou moins proche ». Sous cette étiquette, on trouve :
a) Des romans à suspense dont les personnages sont les Grands qui gouvernent le monde au moment où le livre est écrit et dont l'enjeu est l'équilibre politique de notre vieille planète. Ex. : Le cinquième cavalier de Dominique Lapierre et Larry Collins (Livre de Poche, 1980) où des terroristes à la solde de Kadhafi cachent une bombe dans Manhattan et font chanter Jimmy Carter, Begin, Giscard, etc.
b) Des essais politiques mettant en scène, sous forme d'une vague fiction, un événement proche et bien précis. Ex. : Les 180 jours de Mitterand de Philippe de Commines (Belfond, 1977) écrit quelques mois avant la victoire « inévitable » de la Gauche aux élections législatives de 1978 (Maintenant c'est une uchronie !).
c) Des oeuvres littéraires aux préoccupations politiques avouées, situées dans le futur pour pouvoir brosser en toute liberté utopies ou anti-utopies et leur donner ainsi plus de force. Ex. : 1984 d'Orwell (l'auteur ayant toujours refusé l'appellation SF pour son roman).
Que penser de tout cela ? Que, à mon sens, la politique-fiction n'existe pas. La mécanique romanesque de la catégorie a) est celle du thriller (dramatisé par l'enjeu et la « profession » des « héros »). La catégorie b) relève du pamphlet. Quant au c), si pour chaque roman de SF il fallait accoler le mot fiction au sujet abordé, on aurait des sous-catégories : sociologie-fiction, guerre-fiction, sexe-fiction, etc. ; la raison d'être de cette appellation de politique-fiction pour 1984 est que, la SF, c'est bien connu, est un genre fort peu recommandable, réservé aux adolescents et autres demeurés...
Lecture
-Science-Fiction n°2 , consacré à « politique et imaginaire » (Denoël, 1984... évidemment !).
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