Comme des milliers d'amateurs de SF j'ai été «traumatisé» (d'une certaine façon très sympathique... ) par deux films qui sont mes références : Alien et Blade Runner...
Sur Alien j'ai beaucoup de choses à raconter. Je viens de revoir pour la nième fois le début du premier épisode, qui est une pure merveille. En effet, la lenteur événementielle, et le flegme technique de l'équipage sont très réussis, très bien joués et me rappellent à chaque fois l'atmosphère des directs de régie vidéo, où en fait les dialogues et les actions ne sont pas surjoués, même en cas de tension ou de catastrophe. Mais pour moi l'intérêt d'Alien ne réside pas seulement dans cette première scène...
Images presque subliminales
Munissez-vous d'un magnétoscope et d'une copie, et on va commencer cette exploration du film avec une séquence cachée, et donc non explicite lors du visionnement en vitesse réelle. Il faut avancer au ralenti, image par image, dans la scène où l'Alien massacre le machiniste (Parker) et l'autre personnage féminin du film, dans les soutes, jusqu'au moment où ils cherchent des bonbonnes de liquide de refroidissement.
On peut voir, à l'instant du massacre de Parker, une séquence d'environ dix images où la mâchoire de l'Alien perfore une sorte de pastèque remplie de boyaux, qui, je suppose, symbolise le crâne de sa victime. Images subliminales ou effet spécial mal réalisé ? Je penche plutôt pour le subliminal, parce que le film est truffé de métaphores ou d'analogies symboliques parfaitement contrôlées. Et aussi parce que ce plan très bref, qu'on a pas le temps d'identifier clairement, suggère très efficacement le massacre de Parker par l'Alien.
La symbolique sexuelle d'Alien est évidente, à travers des symboles clairs, mais il y a également quelques métaphores cachées, moins explicites que les oeufs et le mode de reproduction des Aliens, et qui ont été introduites très volontairement par le réalisateur et le scénariste.
Dans cette même scène, juste un peu plus loin, est-ce que vous vous rappelez comment l'alien s'empare de la jeune femme.?
Il l'attrape avec sa queue, qu'il introduit entre les jambes de sa victime... mais le plus explicite est dans la bande son de la scène suivante. Ripley (Sigourney Weaver) est en train de courir dans les couloirs pour porter secours aux agressés, et on entend le massacre dans le monitoring de service: si vous écoutez bien, on distingue très nettement les halètements d'un coït animal... Qu'est ce qu'il fait, l'Alien, avec sa victime ? Certains pourraient penser que je projette mes propres obsessions de maniaque cyberpunk. Mais non: ces éléments ont été très volontairement et très consciemment introduits dans la narration par les auteurs du film.
Poursuivons en remontant vers le premier tiers du film, à la scène de l'affrontement entre Ash le Robot et Ripley.
Voici une scène habituelle au cinéma, où le méchant doit tuer l'héroïne dans un corps à corps. En général, le scénariste nous propose un truc du genre strangulation, coup de couteau, de pistolet... etc...
Maintenant essayez de vous rappeler comment Ash le Robot tente de tuer Ripley juste avant qu'il ne se fasse décapiter à coups d'extincteur.
Oui, cherchez un peu avant de lire la suite... J'ai constaté qu'en général la plupart des spectateurs qui n'ont vu le film qu'une fois ne s'en souviennent pas, et je pense qu'ils l'ont inconsciemment occulté, tellement c'est surréaliste.
Bon allez, je vous le dis, et rien que de l'écrire c'est drôle.
Songez, tout en lisant ce qui va suivre, que Ridley Scott à dirigé Sigourney Weaver et qu'ils ont joué cette scène sans mourir de rire...
Ash le Robot attrape Ripley et la jette sur une couchette (pas n'importe où, hein, sur une couchette) autour de laquelle il y a des photos pornos collées contre les murs. Il prend un magazine que je suppose aussi porno, le roule en tube, et l'enfonce dans la bouche de Ripley allongée, tétanisée et sans défense contre cette pénétration buccale et littéraire. Alors Ash se met à trembler en simulant un orgasme. D'ailleurs, on l'a vu quelques plans auparavant, de la sueur blanche spermatique suinte de ses tempes....
C'est bien comme ça que les choses se passent dans le film, je n'invente rien, vérifiez...
C'est franchement symbolique, ça, hein? Et quand on sait que Ridley Scott a gommé la violence du premier scénario, il n'est pas très difficile d'imaginer ce qui devait être écrit dans le premier script...
Et puis il y a la fameuse scène de la fin (je passe évidement sur la symbolique des oeufs et de la fécondation buccale des aliens, qui est carrément évidente pour tout le monde).
Donc la scène de la fin, celle où Ripley est en slip. Elle a marqué de nombreux spectateurs, et pourtant on ne peut pas dire qu'il y ait quoi que ce soit de particulièrement érotique, sinon que l'héroïne est en slip et en T-Shirt. En fait cette scène est forte, car les auteurs d'Alien ont volontairement rajouté des redondances sexuellement symboliques... Il ne suffit pas de voir Ripley en slip, car toutes les séries commerciales utilisent ce type de ficelles. Non, la démarche est ici plus riche.
Lorsque Ripley se réfugie dans le compartiment où se trouve le scaphandre, la caméra décrit un mouvement très précisément réglé. Elle commence son mouvement en contre-plongée au niveau de la poitrine de Ripley, puis tout doucement, descend pour se trouver pile en contre-plongée dans l'entrebâillement des cuisses lorsqu'elle glisse sa jambe droite dans la combinaison spatiale. Et pendant une seconde, on a une vue imprenable sur son entrejambe.
Ça semble être un plan juste comme ça, presque par hasard, et certains se diront que vraiment j'exagère, que je suis un obsédé de voyeur au ras des pâquerettes... Vous commencez d'ailleurs à soupçonner ma cassette d'être usée à ce moment-là du film, mais non, j'insiste: ce n'est pas du tout un hasard du tournage, lié par exemple à ce que le cadreur n'avait pas la place de se loger dans la cabine. Dans ce genre de tournage le hasard intervient rarement. Il a fallu le régler, ce plan, et certainement assez longtemps pour que la caméra arrive pile dans la contre-plongée au moment ou Sigourney Weaver écarte les jambes. Pas de hasard, décidément. Surtout que tout de suite après, qu'est-ce qu'on voit? Notre gentil petit Alien, un peu épuisé de tous les massacres qu'il vient de commettre, plongé dans le sommeil du juste, tendrement blottit dans une alcôve, bâille .. Il bâille à s'en décrocher la mâchoire... qu'il a longue... Il a une érection de la mâchoire qui suinte elle aussi de sperme bien gluant... oh, pardon, de bave bien gluante.
A mon avis, les scénaristes et le réalisateur d'Alien sont bien habités par les fantasmes buccaux-anaux.
Comment ça? me dites-vous. Buccaux, peut-être, mais anaux, vous ne voyez pas...
Lorsque Dallas le capitaine se vautre dans les boyaux poisseux du vaisseau, qui s'ouvrent et se ferment avec des sas en forme de sphincters, ce n'est pas anal, ça? Oui, je sais, peut-être que là c'était une symbolique inconsciente de la part des auteurs, mais j'en doute...
A ce sujet, un artiste Français célèbre dont j'adore les dessins, et qui a participé au film, m'a un jour raconté une anecdote inédite...Est elle vraie ? je ne sais pas, mais en tout cas elle est belle...
Le scénariste d'Alien, (dont on peut aussi admirer le travail dans Dark Star de John Carpenter), avait participé à l'élaboration du Dune de Jodorowsky. Il serait rentré à Los Angeles tellement déprimé et haineux contre les majors américaines qui avaient fait capoter la production de ce projet, qu'il en était pratiquement devenu anorexique, dégurgitant tout ce qu'il mangeait (ça ne vous rappelle rien?). Ses amis lui auraient alors conseillé de ne pas garder cette haine en lui, et de reprendre ses activités scénaristiques. Il aurait alors décidé d'écrire le scénario le plus abominable qu'il ait jamais fait... naissance d'Alien, scénario dans lequel on retrouve à la fois les embarras gastriques du scénariste mais aussi sa haine de l'establishment commercial : dans l'histoire, la compagnie commerciale qui affrète le Nostromo, risque la vie de l'équipage pour récupérer notre merveilleux petit monstre. En fait, les vrais méchants, ce sont eux .
Une autre métaphore bien maîtrisée, mais qui elle n'est pas sexuelle, c'est celle de la mort de l'Alien. Comment Ripley se débarrasse-t-elle de lui ? En l'évacuant dans l'espace, mais juste avant, elle a fait autre chose. Dans la scène où elle enfile le scaphandre, elle arme un pistolet lance-grappin relativement phallique. Lorsqu'elle déclenche l'ouverture des sas, l'Alien se retient contre les bords de l'ouverture. Eh! c'est qu'il ne veut pas quitter le tendre cocon de sa matrice spatiale pour le froid de l'espace, on le comprend... Ripley tire, et le grappin pénètre l'Alien au niveau du nombril. L'Alien est alors évacué, mais en se refermant le sas retient le câble du grappin. Et voilà notre bébé Alien encore attaché par son cordon ombilical à sa maman-vaisseau spatial... Mais Ripley ne veut pas de cet encombrant bébé et l'évacue définitivement grâce aux réacteurs... Avortement? Pas sûr, car il n'est pas désintégré, elle a juste coupé le cordon ombilical.
J'adore Alien 1 pour ça. Ce film possède une force qui vient de cette symbolique sexuelle parfaitement maîtrisée, qui est structurelle du scénario. L'histoire n'existe que pour mettre en place la métaphore...principe des grands mythes... Un grand médiéviste l'explique bien l'histoire qu'on nous apprend à l'école est souvent pure invention des chroniqueurs de l'époque, pour que la symbolique des événements soit plus en harmonie avec les grands mythes...
Ridley Scott va récidiver dans Blade Runner, d'une façon plus subtile encore. Mais ici, la clef symbolique réside dans l'équivalence Oeil = Oeuf = Testicule. Maintenant que vous connaissez le truc pour décoder les métaphores sexuelles cachées, essayez ça sur Blade Runner... Petit indice supplémentaire: la scène où Priss essaie de séduire Sebastian dans son atelier est en fait une orgie sado-maso à trois symbolisée. Allez-y voir !
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