En science-fiction, le principe des vases communicants s'énonce comme suit : plus un écrivain SF est connu du « grand public », moins les fans « purs et durs » l'apprécient. Comme si le succès commercial hors du ghetto SF était une tare en soi !
Certes, dans ses derniers romans, comme La Tempête (Denoël, 1982) ou Une rose au paradis (Presses de la Cité, 1981) Barjavel se contente de reprendre son thème favori, celui de la fin du monde, habillé de la même méfiance vis-à-vis de tout ce qui est scientifique. Mais faut-il pour autant faire basculer dans la trappe de l'oubli les grands romans de l'auteur ? Son premier roman, Ravage (Folio, 1943) est l'histoire de l'écroulement de notre civilisation suite à la disparition de l'électricité et du retour à la terre effectué par une petite communauté (écologie avant la lettre ou bien influence pétainiste ?). Paradoxe temporel de toute beauté pour Le voyageur imprudent (Folio, 1944) : au siège de Toulon, Pierre Saint-Menoux — voyageur temporel de son état — en voulant tuer Bonaparte, tue son ancêtre... « Donc il n'existe pas. Donc il n'a pas tué son ancêtre. Donc il existe. Donc il a tué son ancêtre. Donc il n'existe pas... ». Dans Le diable l'emporte (Présence du Futur, 1948) l'auteur sauve un couple de la Troisième et Quatrième Guerres mondiales en l'enterrant dans une arche, à 1500 mètres au-dessous du Sacré-Coeur. Ce thème du couple préservé par une civilisation qui va disparaître, Barjavel le reprendra vingt ans plus tard dans La nuit des temps (Presses Pocket, 1968), qui est surtout un grand roman d'amour.
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Lecture :
— Colomb de la Lune (Folio, 1962).
— Le grand Secret (Presses Pocket, 1973).
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