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Thomas M. Disch

George W. BARLOW

Le Monde de la Science-fiction. M.A. éditions, 1987

          A première vue, il y a chez cet auteur une dichotomie entre romans et nouvelles, celles-ci volontiers expérimentales et métaphysiques, ceux-là relevant d'une S-F plus traditionnelle : invasion de la Terre par des extra-terrestres dans Génocides (J'ai Lu — The Genocides, 1965), transmission instantanée et mondes parallèles dans Au coeur de l'écho (Présence du Futur — Echo round his Bones, 1967), même s'ils font parfois la part belle à la critique politique — emprisonnement des contestataires par le gouvernement américain en guerre dans Camp de Concentration (J'ai Lu — Camp Concentration, 1967) et aux sombres prévisions sociales — vie morne et cruelle à Manhattan à la fin du siècle dans 334 (Présence du Futur — 334, 1972).
          Mais Le Prisonnier (novelisation de certains épisodes du célèbre feuilleton britannique TV de Patrick McGoohan. Presses Pocket — The Prisoner, 1969 est une parabole kafkaienne qui rejoint la thèse monnayée dans nombre des nouvelles : toute société est carcérale. Cependant, l'homme ne peut davantage faire face à la liberté — voir notamment La Cage de l'écureuil (The squirrel cage, 1966, dans le recueil Poussière de Lune, Présence du Futur — Under compulsion, 1968) — de même que compagnie et solitude lui sont également insupportables. Et, ainsi condamné au malheur, l'homme, incapable même de savoir si sa propre existence n'est pas une illusion (Au cœur de l'écho), est aussi condamne à l'absurde.
          C'est là que se place la vraie rupture : alors que ses premières œuvres illustraient cette philosophie sartrienne, Disch a depuis une dizaine d'années fait un pari pascalien pour sauter de l'absurde à la foi. Si rien n'a de réalité assurée, tout peut être réel : du coup, il s'autorise des thèmes comme l'ascension corporelle mystique dans Sur les ailes du chant (Présence du Futur — On Wings of songs, 1979) ou l'incarnation du mal dans un fœtus dans Le Businessman (Présence du Futur — The Businessman, 1983). Certes, avec ce retour au catholicisme, Disch n'est pas tombé dans le conformisme religieux béat : il attaque la tyrannie du puritanisme dans le premier de ces romans, les fausses valeurs sociales dans le second, et y défend l'homosexualité et l'usage des drogues douces ainsi que dans les nouvelles de L'homme sans idée (Présence du Futur — The Man who had no Ideas, 1982). Mais, dans la préface de ce recueil, il se déclare beaucoup plus heureux : on peut s'en réjouir pour lui tout en déplorant pour le lecteur de S-F que ses oeuvres aient perdu du même coup une partie de leur force de conviction et de leur mordant.


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          Lecture :
           Le Livre d'Or de Thomas Disch, présenté par Patrice Duvic (Presses Pocket — 1981).

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Biographies, catégorie Bios
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