Van Vogt a constitué un électrochoc pour plusieurs générations de lecteurs. En France, les premiers touchés on été, au début des années cinquante, les lecteurs de la collection « Le Rayon Fantastique » qui découvrirent « Le Monde des non-A » traduit d'enthousiasme par Boris Vian.
Pour le conférencier, et pour beaucoup d'autres, la révélation survint au début des années soixante-dix, avec « Pour une autre Terre » chez Marabout, et évidemment les textes classiques publiés par Jacques Sadoul chez J'ai Lu (« Le Monde des non-A », « La Faune de l'espace », « Le Livre de Ptath », etc.), sous des couvertures inspirées du grand peintre et
illustrateur Tibor Csernus, en parfaite harmonie avec l'univers van vogtien, et dont cinq oeuvres étaient miraculeusement exposées au Festival.
Dès sa traduction en France, cet auteur très controversé a attiré l'attention des critiques français. On citera parmi les plus fameux Jacques Goimard et Gérard Klein, qui oeuvraient à l'époque dans la revue « Fiction ». Pour Boris Vian, la Science-Fiction, et singulièrement l'oeuvre de Van Vogt, était l'annonce de l'apparition d'une littérature radicalement nouvelle, obéissant à d'autres lois que la littérature traditionnelle. Il n'est pas certain que cet espoir se soit entièrement
concrétisé, mais le choc fut cependant fécond.
Van Vogt a-t-il eu des successeurs dignes de lui ? On doit bien sûr citer Philip K. Dick, disciple avoué du maître, mais aussi, dans un registre différent, l'Australien Greg Egan, redoutable logicien et dynamiteur de la réalité, qui suscite actuellement au sein de la critique française des débats aussi passionnés que Van Vogt en son temps. Comme Van Vogt, Greg Egan, qui s'interroge sur la nature de la réalité et de la conscience, demande une participation active du
lecteur, qu'il transforme un instant, lui aussi, en créateur. C'est peut-être là un des secrets de la fascination qu'exercent ces auteurs hors norme.
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